DJOMA MAGANA MEDIA
February 13, 2025 at 11:59 AM
▪️Étymologie du mot "Malinké"
Le mot Malinké est issu de deux éléments : Mali et n’ké, ce qui donne Malinké.
▪️ Origine du terme "Malinké"
Depuis toujours, les Maraka, qui cohabitent avec les Mandingues, notamment à l'est (Banamba), au nord (Mouroudjan) et à l'ouest (Kayes), appellent le Manden (Malen ou Male). Les navigateurs et chroniqueurs arabes, en retranscrivant ce nom, ont écrit Mali, car la lettre "l" suivie du son "e" ne pouvait pas être transcrite exactement en arabe.
Ainsi, lorsque les Maraka désignaient les habitants du Manden, ils les appelaient Male-nké, car le suffixe "nké" en langue maraka signifie "ka" en langue manden, une forme de désignation ethnique. C'est pour cette raison que les Maraka appellent ces différents peuples :
Soninka → Soninké
Khassonka → Khassonké
Thoronka → Thoronké
Foutaka → Foutanké
Djakhanka → Djakhanké, etc.
De la même manière, Malenké est devenu Malinké.
▪️ Comment les Français ont adopté et propagé le nom "Malinké" ?
Lorsque les Français sont arrivés au Manden par l'ouest, ils ont d'abord rencontré les Maraka dans la région de Kayes. Ayant entendu le nom Mali (tel qu’écrit dans les documents arabes) et le terme Malenké ou Malinké utilisé par les Maraka pour désigner les habitants du Manden, ils ont adopté ce dernier.
Le terme Malinké, ainsi transmis par les Français, s’est ensuite propagé en Europe et dans les écrits coloniaux. Aujourd’hui, de nombreuses personnes, notamment celles qui ont étudié l’histoire du Manden à travers les sources occidentales, associent Manden exclusivement à Mali, alors que le terme Manden désigne un espace culturel et historique plus vaste.
Après l’indépendance, le Soudan français (actuel Mali) a choisi le nom Mali en référence à cet héritage historique.
▪️ Identité et diversité au sein du Manden
Aujourd’hui, en Guinée par exemple, un membre du groupe Konia, bien qu’étant un sous-groupe mandingue, peut ne pas s’identifier comme Malinké, mais il reconnaîtra son appartenance au Manden. De même, d’autres groupes tels que les Kouranko, Lélé, Bambara, et bien d’autres, partagent des racines communes avec les Mandingues tout en ayant des identités distinctes.
Le terme Malinké s’est imposé historiquement à travers les écrits arabes et européens, mais il est aujourd’hui souvent utilisé pour désigner uniquement un sous-groupe mandingue, notamment en Haute-Guinée et dans certaines régions du Mali. Pourtant, historiquement, Malinké et Mandenka désignent le même peuple, mais jamais une ethnie au sens strict.
▪️ Le N'ko, une langue d'unification du Manden
En raison de la diversité des dialectes mandingues, le N’ko est devenu une langue commune utilisée par les maîtres de la parole (djeliw) et les intellectuels pour éviter la multiplicité des variantes dialectales. Déjà lors du Kurukan Fuga, l’assemblée historique tenue à Kangaba (Kaaba) sous Soundiata Keïta, le terme Manden était utilisé comme unificateur. Cela montre que l’usage du N’ko comme langue commune au Manden ne date pas d’aujourd’hui.
Conclusion
En résumé, Malinké et Mandenka désignent le même peuple, mais le terme Malinké s’est imposé historiquement à travers les écrits arabes et français. Cependant, il ne doit pas être confondu avec une ethnie spécifique, car le Manden est une civilisation, un espace culturel et historique plus vaste, englobant plusieurs groupes apparentés.