
LES AMIS DE L'HONORABLE SIMBA DOUDOU FISTON
February 25, 2025 at 08:22 PM
#rdc: Renier Nijskens, ancien ambassadeur de Belgique en RDCongo : « Les observateurs insistent pour une solution politique »
Après la prise de Goma et de Bukavu, dans l’Est du Congo, les rebelles poursuivent leur avancée vers Uvira, plus au Sud. Alors qu’elle évolue de jour en jour sur le terrain, Renier Nijskens, ancien ambassadeur de Belgique en RD Congo, nous livre son analyse de la situation.
Comment la rébellion du M23 en est-elle arrivée à menacer le pouvoir congolais ?
Depuis le 23 mars 2009, des militaires et des citoyens congolais Tutsis ont formé un groupe de pression armée, le M23 ("Mouvement du 23-mars", Ndlr) pour exposer les discriminations multiples dont ils étaient l'objet dans le pays, et pour dénoncer la collusion entre les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo, Ndlr) et les milices génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, Ndlr) cherchant à déstabiliser le Rwanda. Depuis lors, une série d'engagements ont été pris par le pouvoir congolais, au niveau interne d'abord, puis bilatéralement avec le Rwanda, et enfin sous médiation régionale africaine. Hélas, ces engagements successifs se sont heurtés à une non application répétée, et à une pérennisation des problèmes.
A son arrivée au pouvoir en 2019, le président Tshisekedi a fait des déclarations fracassantes, promettant de ramener la paix à l'Est. Hélas, pris par d'autres priorités, ses promesses se sont révélées en-deçà des impératifs de succès: armée FARDC sous équipée et mal payée, maintien en fonction de généraux notoirement corrompus et sanctionnés par la Communauté internationale, refus d'appliquer le désarmement des FDLR, campagnes de haine tribale et externalisation des responsabilités sur le seul Rwanda.
Quelles sont les intentions du M23 après la prise de Goma, et Bukavu dans l’Est, et sans doute prochainement d’Uvira? Vont-ils poursuivre leur avancée jusqu’à Kinshasa pour renverser le régime de Félix Tshisekedi ?
Dans ce contexte évoqué, les signes de restauration de l'autorité de l'Etat tardent à se manifester et jusqu'à présent le président Tshisekedi refuse tout dialogue direct avec le M23, malgré la pression unanime de tous les pays amis de la région (EAC, SADC, médiation angolaise) et plus récemment de l'UE et de l'ONU. La chance pour l'unité de la RDC réside dans le fait que le M23 n'avance pas d'agenda séparatiste, mais oriente ses revendications politiques sur la gouvernance défaillante à Kinshasa, l'absence de sécurité et sur la reconnaissance égale de tous les citoyens.
Selon les dires du leadership politique du M23, ceux-ci visent donc en effet le pouvoir de Kinshasa. On constate d'ailleurs que partout ailleurs au Congo, les critiques contre la corruption, l'absence de progrès partagé, l'insécurité croissante, et le tribalisme trouvent un large écho.
Que cherche en particulier le Rwanda en soutenant la rébellion ?
Le Rwanda vise la mise à l'écart des forces génocidaires FDLR, dont l'objectif est le renversement du régime de Kigali, et qui continuent à opérer en RD Congo en concertation avec les FARDC. Le Rwanda réclame également un traitement non discriminatoire de la minorité tutsie (Banyamulenge) congolaise en RDC.
La CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) et l’ECC (Eglise du Christ au Congo, protestante) tentent une médiation entre le gouvernement et la rébellion. Que peut-on en espérer?
L'initiative de la CENCO et de l'ECC est remarquable et certainement fort bien reçue par la population congolaise. Elle se situe en continuité de l'action déjà menée par la CENCO lorsque le Congo se trouvait dans une impasse dangereuse.
https://x.com/wembi_steve/status/1894435824990650663?t=k7TaETIw7Q7cvG-WaiLO3A&s=19