
Hamid N'gadé
March 1, 2025 at 09:00 PM
Niger
La junte aboie, le pays trépasse
Le niger offre un tableau très contrasté au monde, trés loin de l'idylle, clamée par les plus hautes autorités: d'un côté, l'image d'épinal que la junte cultive pour entretenir de faux espoirs, de l'autre, l'agonie de tout le pays. Le populisme et la démagogie battent leur plein tandis que la réalité sur le terrain suscite frayeurs et craintes avec des lendemains de plus en plus incertains. La situation est hors de contrôle. Au sommet de l'Etat, règne l'amateurisme , l'improvisation est à son comble. Il serait pas exagéré de dire que le Niger est devenu ingouvernable, livré à l'insécurité qui ébranle les fondements de l'Etat et menace la survie de la nation. Les groupes armés terroristes multiplient les attaques meurtrières. Les populations, abandonnées à elles-mêmes, sont decimées. Les soldats tombent sans cesse, leur vie mise en danger , par une junte qui les déploie sur le front sans le moindre soutien, ni plan de bataille claire, encore moins une stratégie clairvoyante.
Ces derniers jours, le pays a subi une série d'attaques sanglantes qui, confirment, s'il en était encore besoin, que le Niger sombre dans la spirale de la violence et des derives autoritaires militaires.
19 février 2025 : nouvelle attaque à Sakoira , dans la région, de Tilaberi.
L'Etat islamique dans le grand Sahel ( EIGS), a tué 6 soldats nigeriens, en a capturé un autre. Le prisonnier a été exhibé dans le bulletin d'informations hebdomadaire du groupe terroriste.
27 février 2025 : des éléments affiliés au JNIM ont pris d'assaut un poste de police à Tanya- Gaya, region de Dosso . Les assaillants, ont incendié le bâtiment ainsi que les véhicules et les motos qui s'y trouvaient. Les forces de défense et de sécurité, présentes, n'ont pas cherché à repoussé l'attaque. Au contraire, ce fut le sauve qui peut. Après les premiers coups de feu, toutes les positions ont été abandonnées, et ainsi les visiteurs indésirables ont pu accomplir sans la moindre résistance leur forfait.
28 février 2025 : à l'aube, une position des FDS à Ekadey, près de inabangharet , région d’Agadez près de la frontière algérienne à été prise pour cible par des combattants du JNIM, lourdement armés, venus à bord de 8 véhicules. L'assaut a fait 15 morts parmi les FDS. 5 soldats ont été aussi fait prisonniers. Les terroristes ont emporté 3 véhicules militaires et procédé à la saisie d'une importante quantité d'armements et de
munitions. L'attaque a été revendiqué par le JNIM qui, pour frapper les esprits et convaincre de la véracité des faits, a fait des publications sur les réseaux sociaux.
Face à la recrudescence des attaques et l'escalade de la violence, la junte ferme les yeux et fait la sourde oreille. Elle a choisi de ne pas évoquer le sujet et se refuse à tout commentaire pour ne pas se disqualifier. Aucun message de soutien et de sympathie non plus pour les familles des victimes. Pour les militaires au pouvoir, la vie des Nigeriens compte moins que leur réputation publique, surtout, ne préoccupe pas autant que la survie de leur régime, l'obsession commune.
Si l'insécurité galopante est le talon d'Achille de la junte, l'effondrement économique, consacre son échec patent qui pourrait sceller son sort. Après avoir appauvri le pays, le régime militaire ne trouve rien d'autre à faire de mieux que de rançonner les usagers de la route pour leur soutirer leurs maigres et ultimes ressources, leurs dernières économies.
Désormais, des agents du Ministère de l'intérieur sont postés à l'entrée des grandes villes où ils extorquent de l'argent aux passagers dans les transports en commun notamment les bus. Hier, un bus de la STM, à la sortie de Niamey, a été immobilisé : un agent est monté à bord, pour tendre la main aux voyageurs forcés de débourser de l'argent pour alimenter une quête dans le cadre d'une opération, prétendument, de solidarité nationale. Il a été sollicité de chacun une pièce de 100 ou 200 fcfa, pour constituer une cagnotte devant servir à soutenir " l'œuvre de refondation " du pays, criée sur tous les toits. Une démarche cavalière de mendicité d'Etat qui n'honore pas ses auteurs et jette l'opprobre sur le pays. L'agent commis à la tâche, était visiblement, mal à l'aise de detrousser les citoyens. Il était en mission d'une junte, décidément, engagée à spolier le Niger et à ruiner ses populations.
Un vieil homme, en descendant du bus, a laissé éclater sa colère et son indignation en des termes, peu amènes : " ikon Allah ! Refondation kin wa ? Refondation kin Banza !"
Cette scène ubuesque et surréaliste à elle seule suffit à témoigner du désarroi des putschistes. Ceux-ci, ploient sous le poids écrasant d'une insécurité incontrôlable, se comportent en hors la loi, et semblent plus que jamais coupés de la réalité et très éloignés des aspirations populaires.
L' attaque d'Ekadey révèle la menace grandissante du JNIM dans le nord niger, une région jusque-là plus ou moins épargnée par les incursions djihadistes, plus prègnantes, ailleurs dans le pays. Depuis que le Général Tiani s'est emparé du pouvoir, les chiffres des pertes subies, aussi bien humaines que matérielles sont dissimulés ou minorés, afin que personne ne mesure l'ampleur et l'étendue réelles de la dégradation de la situation sécuritaire. Les soldats qui, au péril de leur vie, se battent pour l'honneur de leur uniforme et le salut de leur patrie, ne méritent pas que leurs sacrifices soient ignorés ou oubliés par leur hiérarchie retranchée à Niamey dans le confort et les privilèges d'un pouvoir indû et usurpé. L'exemple doit venir d'en haut ! Hélas, les maîtres du pays s'épuisent et s'époumonnent dans une propagande qui a montré ses limites et ne fait le bonheur de personne ni la prospérité du pays.
Samir Moussa
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