*DIALOGUE OUVERT #014.* Un jour, après une réunion spéciale dans l’établissement du siège social de *D.E.V.O.I.R.* à Dufort, Léogâne, Ouest, Haïti, le calme était revenu dans la grande salle de conférence. Les membres s’étaient dispersés, emportant avec eux le poids des décisions, les espoirs des projets, et la fatigue des longues heures de débat. Mais deux personnes étaient restées. Leader Mr. Figaro, assis au bord d’une table, observait le coucher du soleil à travers les persiennes entrouvertes. À côté, Leader Mme. Jean Louis R. faisait tourner distraitement une cuillère dans une tasse de café tiède. Ils n’avaient pas besoin de parler tout de suite. Leur silence avait une densité pleine d’entente. Puis, doucement, Figaro rompit le silence. — Tu sais, Jean Louis, aujourd’hui encore, j’ai entendu : _"C’était un amour faux."_ Et je me demande… qu’est-ce que cela veut dire au fond ? Un "amour vrai" ? Un "amour faux" ? Est-ce que ce sont des catégories réelles, ou juste des constructions sociales pour expliquer nos déceptions [...] ? Mme. Jean Louis le regarda, les yeux attentifs, presque doux. — C’est une question que je me pose souvent aussi Leader Figaro, murmura-t-elle. On parle d’amour vrai quand il dure, quand il répond à nos attentes [...] Et on parle d’amour faux quand il s’écroule, quand il fait mal. Mais l’amour, dans sa nature profonde, est-il si simple à juger ? Existe-t-il un amour "faux", comme on parlerait d’un bijou de pacotille ? Ou est-ce qu’il n’y a que des manières humaines, imparfaites, multiples, de vivre un sentiment qui nous dépasse ? Figaro hocha lentement la tête, son regard plongé dans les lueurs dorées du ciel. — Voilà ce que je pense, dit-il. Il n’y a pas d’amour faux ou d’amour vrai au départ. Il y a l’amour, point. Un feu qui naît, un élan, un attachement et ensuite, ce sont nos attentes, nos règles, notre langage, notre culture… la société elle-même, qui vient y apposer des étiquettes. Si la personne agit comme ci, alors c’est de l’amour vrai. Si elle fait cela, alors c’est un amour toxique, ou faux. Mais dans la réalité, l’amour est vécu, pas classé. C’est nous qui le déformons pour le faire entrer dans nos définitions, nos explications [...] Mme. Jean Louis posa sa tasse et dit : — C’est peut-être là notre plus grande erreur : vouloir juger l’amour après coup, à travers la douleur ou le regret. Quand ça finit, on dit : ce n’était pas de l’amour (#vrai). Quand ça continue, on le sanctifie. Mais en vérité, l’amour a existé, même s’il n’a pas duré. Il a été là, avec ses maladresses, ses limites, ses intensités. Ce n’est pas sa durée ni sa perfection qui le rendent vrai. C’est sa présence, à un moment donné, le fait qu'on aime sans comparaison et attente médiocre, faux. — Exactement, répondit Figaro. L’amour n’est pas une catégorie fixe. C’est un mouvement, une expérience, une émotion qui devient réelle quand on choisit de la vivre. Mais c’est nous, les humains qui par besoin de contrôle inventons des phrases comme : "Si quelqu’un t’aime, il ne fera jamais cela", ou "L’amour véritable ne fait pas souffrir." Ce sont de belles phrases sociales, mais souvent vides de réalisme et d’idéal (#philosophique). Elles nous enferment plus qu’elles ne nous libèrent. Mme. Jean Louis sourit doucement. — Peut-être qu’il est temps de cesser de chercher à définir l’amour avec une formule parfaite. Peut-être que le vrai défi, c’est de l’accueillir avec ses contradictions. D’accepter qu’on puisse aimer maladroitement, mal exprimer, se tromper… mais que cela ne signifie pas forcément que l’amour est ou était faux. Il est ou était humain. Un silence s’installa, mais ce silence-là n’était pas un vide. Il était plein de vérités indicibles. Puis, Figaro reprit, — On devrait enseigner cela aux jeunes. Que l’amour n’est pas une performance morale à valider ou invalider. Qu’il ne ressemble pas toujours aux films, aux proverbes [...] Mais qu’il mérite d’être vécu, avec des principes, même s’il fait mal. Parce que chaque forme d’amour vécue avec sincérité est une école de l’âme. Mme. Jean Louis regarda longuement son collègue ❤‍🔥, puis dit avec tendresse : — Alors parlons-en. Encore. Pour ne pas laisser la société basique dicter les règles d’un sentiment aussi vaste que le ciel. Merci à tout à l'heure pour la suite. *Réagir et partager au max.*