FNE et MENFP : quatre écoles inaugurées, un spectacle politique qui masque la faillite du système éducatif Ce mardi, le Fonds National de l’Éducation (FNE) et le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) ont organisé en grande pompe l’inauguration de quatre écoles dans le département des Nippes (Lièvre, Changeux, Moinsard et Fond Tortue). Présentée comme un accomplissement majeur, cette cérémonie illustre davantage l’obsession du pouvoir pour les mises en scène que sa volonté réelle de transformation du système éducatif haïtien. Sterline Civil, actuelle directrice générale du FNE, a profité de l’événement pour marquer ses « 100 jours à la tête de l’institution ». Un cap qu’elle qualifie de « 100 jours d’écoute, d’action, de défis, de nuits blanches ». Mais de quelles actions s’agit-il ? Quelles réformes structurelles ont été entamées ? Quels obstacles systémiques ont été surmontés ? Aucun élément tangible n’a été apporté pour justifier ce ton autosatisfait, si ce n’est la promesse, encore floue, d’un « bilan détaillé » à soumettre au Conseil d’administration du FNE. De son côté, le Ministre de l’Éducation a salué l’initiative comme une preuve que le FNE est en passe de devenir « le véritable pilier pour une éducation de qualité ». Une déclaration creuse, qui témoigne d’une profonde déconnexion entre les élites dirigeantes et la réalité du terrain. Dans un pays où des centaines d’écoles fonctionnent encore sous des tentes ou dans des bâtiments délabrés, où les enseignants ne sont ni formés ni rémunérés correctement, où des milliers d’enfants sont exclus du système faute d’accès, que représentent réellement quatre écoles inaugurées dans une zone reculée ? Ces infrastructures, bien que nécessaires, ne suffisent pas à masquer la faillite globale de la politique éducative de l’État haïtien. Elles sont financées par un FNE dont la gestion, depuis sa création, est entachée d’opacité, de clientélisme et de projets inachevés. Aucun audit public rigoureux n’a été présenté sur l’utilisation des fonds collectés via les taxes téléphoniques imposées à la population. Pire encore, le FNE semble aujourd’hui fonctionner comme un instrument de propagande, attribuant à ses dirigeants un capital politique sur le dos d’une éducation en ruine. Pendant que des responsables politiques se félicitent devant les caméras, des millions d’enfants haïtiens évoluent dans un système éducatif à deux vitesses : un pour les privilégiés, un autre pour les oubliés. Aucune école inaugurée, aussi moderne soit-elle, ne résoudra le déficit de vision, l’absence de politique publique cohérente, ni l’effondrement de la gouvernance éducative nationale. Ce que l’on inaugure aujourd’hui, c’est moins une école qu’un énième épisode de communication politique. Et dans cette mise en scène, les véritables acteurs de l’éducation – les élèves, les enseignants, les communautés – restent encore et toujours dans l’ombre. https://www.facebook.com/100063698364412/posts/pfbid0QYUerEf3vUAivQCaixcKnD8N41tQWEi4mb6iGZo8VBSiJfThRHasHA8rYdtYNdgtl/