
🍒•𝐀𝐏𝐏𝐑𝐄𝐍𝐃𝐑𝐄•🍒💝📖
June 9, 2025 at 01:13 AM
MON_AMOUR_MA_VENGEANCE
~ MIGUEL ~
Je n'arrivais pas à dormir.
J'ai pris mes clés. Je suis monté dans la voiture, toujours sans bruit, sans réfléchir.
Je déteste ce sentiment... celui d'être à l'écart, d'apprendre les choses trop tard, de ne rien pouvoir faire. C'est exactement ce qui est en train de se passer. Et si quelque chose s'était produit ? Si tout s'écroulait, pendant que moi je restais là, les bras croisés comme un lâche ?
Non. Pas cette fois.
Je devais savoir. Je devais être là.
Pas pour Heyna.
Pas pour Dave.
Pour elle.
Alors j'ai démarré en quittant le manoir, direction l'hôpital.
Sans un mot. Juste ce cœur qui cognait. Fort. Trop fort.
Une vingtaine de minutes s'écoulèrent alors que je garai ma voiture sur le parking.
L'hôpital paraissait presque désert à cette heure. L'air sentait le désinfectant et la fatigue. J'ai avancé vers l'accueil, sous ce couloir froid et mon souffle chaud, les mains dans les poches, le regard fixe...
Dans le couloir...
- Bonsoir, m'adressai-je à une infirmière.
Elle s'arrêta et me prêta attention.
Je suis là pour... pour Heyna Collins. On m'a dit qu'elle avait eu un accident. Je suis Miguel Brown.
L'infirmière haussa légèrement les sourcils, puis tapota quelque chose sur son écran/tablette.
- Je vais appeler le médecin de garde. Attendez ici.
J'ai attendu. Les secondes semblaient suspendues. Le couloir était silencieux, à l'exception du bourdonnement des néons au-dessus de moi. Puis, une silhouette apparut et s'avança jusqu'à nous. Le médecin.
- Vous êtes Miguel Brown ? s'adressa-t-il à moi d'une voix calme.
- Oui. C'est bien moi.
Il s'approcha. Une blouse blanche. Une voix fatiguée.
- Je suis le docteur Martin. C'est moi qui étais là cette nuit... quand elle est arrivée.
- Comment va-t-elle ? dis-je sans vraiment respirer.
Il me regarda un long moment. Ce genre de regard qui cherche les bons mots, les mots qui ne font pas trop mal, mais qui tuent quand même.
- Je suis désolé. Heyna est décédée cette nuit... il y a à peine une heure.
Je crus que le sol se dérobait sous moi.
- Quoi ? Non... Attendez, comment ça ? Elle... elle allait bien, elle était juste blessée. Ils avaient dit qu'elle était stable.
Le médecin acquiesça doucement, mais son regard se durcit.
- Oui. Elle allait bien. Mais quelqu'un... a débranché son appareil respiratoire. On a retrouvé son corps... peu après. Une enquête est en cours. Il y avait une femme dans la chambre au moment où nous sommes arrivés.
Je n'ai pas tout de suite compris.
- Une femme ? Qui ? Vous... vous parlez de qui ?
Il me fixa.
- Une certaine Sylvia.
Mon cœur s'est serré brutalement. Je suis resté figé.
Sylvia...?
- Où est-elle maintenant ?
- Aux mains des autorités. Elle nie les faits, mais... je suis désolé. Je devais vous le dire.
Je reculai d'un pas, abasourdi. Le monde venait encore de tourner sans prévenir.
Je restai figé. Les mots s'étaient plantés en moi comme des éclats de verre.
"Une certaine Sylvia."
"Quelqu'un a débranché l'appareil."
"Une enquête est en cours."
Ma gorge était nouée. Je n'arrivais pas à y croire. Et pourtant, tout dans le visage du médecin m'indiquait que ce n'était pas une blague, ni un malentendu de couloir. Il y croyait. Ou, du moins, il avait vu juste assez pour douter d'elle.
- Sylvia... vous êtes sûr de ce que vous dites ? Il y a une erreur. Ça peut pas être elle. Ça n'est pas elle.
Le docteur Martin pinça les lèvres, puis baissa légèrement les yeux avant de reprendre.
- Je ne suis pas ici pour porter un jugement, monsieur Brown. J'étais dans mon bureau avec M. Dave Collins et deux agents de police... quand l'alerte a été donnée. Nous sommes montés ensemble. Il y avait une femme dans la chambre. C'est Dave lui-même qui l'a reconnue. Il a... cru au pire. Disons qu'il a réagi... avec émotion. Les agents ont fait ce qu'ils estimaient nécessaire.
Il marqua une pause, puis ajouta, plus doucement :
- Je ne peux pas confirmer que c'est elle qui a débranché l'appareil. Nous attendons les résultats des caméras de surveillance. Mais pour l'instant, les soupçons sont contre elle. La scène était... troublante. Et elle était seule avec la patiente. C'est tout ce que je sais.
Je fermai les yeux un instant. Mon cœur cognait si fort que j'avais l'impression qu'il allait me fendre la poitrine. Je me revoyais la dernière fois que j'avais vu Sylvia. Sa voix. Son regard. Sa façon de douter, de se replier quand elle avait peur... et là, on me disait qu'elle...
- Où est-elle maintenant ? soufflai-je, presque à contrecœur.
Le docteur redressa la tête.
- Elle a été conduite au commissariat de Northvale, c'est à quinze minutes d'ici. Les agents ont préféré éviter qu'elle reste à l'hôpital vu l'état émotionnel de Dave. L'interrogatoire doit commencer dans peu de temps. Ils attendent un avocat.
Northvale... Je connaissais cet endroit. Petit, froid, un peu à l'écart de la ville. Pas le genre d'endroit où on laisse quelqu'un de fragile attendre seul.
Je hochai lentement la tête.
- Merci, docteur.
- Miguel... Faites attention. Vous aussi, vous êtes impliqué, d'une manière ou d'une autre. Et si elle est innocente, alors elle aura besoin de vous. Mais si elle ne l'est pas... ce sera encore plus compliqué.
Je ne répondis pas.
Je n'avais pas besoin de cette mise en garde.
Je tournai les talons et quittai le couloir d'un pas plus lourd qu'à mon arrivée, je sortis puis, je pris ma voiture, je démarrai le regard braqué sur la route.
~ SALLE D'INTERROGATOIRE ~
* Commissariat de police *
~ SYLVIA ~
La pièce est glaciale. Le néon au plafond bourdonne.
Je suis assise là depuis ce qui me semble être des heures.
Mes doigts tremblent. J'ai l'impression de ne plus savoir respirer normalement.
Puis la porte s'ouvre. Il entre.
Le policier.
Pas celui qui crie. Pas celui qui tape du poing.
Non. Lui, il est pire. Il parle doucement. Il regarde dans les yeux. Il écoute. Et quand il parle, chaque mot tombe comme une enclume.
Il ferme la porte derrière lui. Il s'approche.
Pose un dossier, tranquillement. S'assoit en face de moi, mains croisées. Il me détaille de son regard gris et calme. Le genre de regard qui a vu des dizaines de gens comme moi.
Et il dit. Simplement :
- On a vérifié. Il n'y avait pas d'infirmière dans le couloir à ce moment-là.
Je le fixe, cligne des yeux.
- Pardon... ? Si. Elle était là. Une femme... brune... accent espagnol. Elle portait un uniforme rouge et blanc... je vous jure que...
- Aucun uniforme rouge ne fait partie de l'hôpital de Clearfield. Tous les membres de l'équipe de nuit ont été identifiés et interrogés. Aucun ne correspond à votre description.
Il me regarde sans sourciller.
- Les caméras n'ont enregistré personne d'autre que vous sur ce palier. Personne. Pas un pas. Pas une ombre. Juste vous.
Je sens la panique monter. Je commence à trembler.
- C'est pas possible... Vous devez vous tromper... Vérifiez encore. Je l'ai vue ! Elle m'a parlé ! Elle m'a dit que je pouvais entrer...
Il m'interrompt. Toujours aussi calme.
- Cette femme n'existe pas.
Un frisson me traverse tout le dos.
Il ouvre le dossier.
- Vous êtes entrée dans une chambre protégée. Sans autorisation. À une heure critique. La patiente, Heyna Collins, était stabilisée sous assistance respiratoire. Quinze minutes après votre passage, elle était morte. Le respirateur avait été débranché manuellement.
Je secoue la tête, les larmes me montent aux yeux.
- Je... non ! Je ne l'ai pas touchée ! Je suis juste entrée, je voulais lui parler, c'est tout ! Elle était déjà... elle ne bougeait plus...
- Et vous vous êtes dit quoi, à ce moment-là ? Qu'il fallait vérifier si elle respirait ? Qu'il fallait appuyer sur un bouton, tirer un câble ?
- Mais non ! Je n'ai rien fait ! Je vous le jure, je voulais juste lui dire deux mots, c'est tout ! Deux mots, et partir...
Il ferme brutalement le dossier.
- Deux mots ? Vous avez une idée du genre de personne qui entre dans une chambre à cette heure-là ? Je vous le dis : des gens qui veulent que l'autre se taise à jamais. Des gens qui ont des comptes à régler.
Je me lève d'un coup, au bord du vertige.
- J'ai pas fait ça ! Pourquoi vous m'accusez ?! J'ai rien fait ! C'est pas moi !
Il ne bouge pas. Il me regarde hurler, comme s'il en avait vu cent comme moi. Mille.
- Vous savez ce qui est troublant ? reprend-il en posant ses coudes sur la table.
C'est votre panique. Elle est réelle. Mais c'est souvent comme ça. Les plus dangereux... ce sont ceux qui croient vraiment qu'ils n'ont rien fait.
Je me rassois, la gorge sèche. Les larmes coulent sans que je puisse les arrêter.
- Je vous en supplie... je ne suis pas ce genre de personne... Je ne veux pas aller en prison...
Il baisse les yeux un instant. Puis me fixe à nouveau.
- Ce que vous voulez... ce n'est plus très important maintenant. Ce qui compte, c'est ce qu'on peut prouver. Et à cette heure-ci... tout vous désigne.
Un silence.
Je me sens comme si le plafond allait m'écraser.
Comme si le monde devenait flou autour de moi. Il soupire, l'air un peu plus calme. Ses yeux toujours braqués sur moi, avant de se détourner vers son dossier.
Il prend son stylo et note simplement dans un silence si pesant.
Seule ma respiration chaude et tremblante vibre dans ce tourbillon de bouleversements.
- C'est quoi votre nom ? demanda-t-il calmement.
Je mis quelques secondes à répondre. Comme si j'avais peur que ça me condamne plus que tout le reste.
- Sylvia...
- Sylvia quoi ?
Je déglutis. Fort. Puis je soufflai, à peine audible :
- Sylvia Watson.
Un silence.
Il pencha la tête.
- Watson... C'est pas votre nom de naissance, si je devine bien.
Je levai mes yeux rougis vers lui. Mon visage était défait, mes épaules tremblaient.
- Non. C'est pas... c'est pas mon vrai nom.
Il ne disait rien. Alors j'ai continué. Doucement. Les mots sortaient tout seuls. Trop tard pour les retenir.
- Je m'appelais Rodriguez. Sylvia Rodriguez... mais mes parents ont été assassinés quand je n'étais qu'une petite fille. Le même soir, mes deux parents assassinés sous mes propres yeux...
Je sanglotai, la gorge nouée.
- L'amie de ma mère m'a recueillie. Sonya. Elle m'a élevée. Elle m'a protégée. Alors j'ai pris son nom. J'ai laissé tomber l'ancien... parce que ça me faisait trop mal, j'ai peut-être l'air forte de l'extérieur mais j'ai peur monsieur. J'ai peur que tout ne bascule encore comme ce qui est arrivé.
Il resta silencieux. Pour la première fois, il baissa les yeux sur son dossier, puis les releva vers moi.
Quelque chose avait changé dans son regard. Pas de la pitié. Mais une curiosité froide, renforcée.
- Vous dites qu'ils ont été assassinés le même jour ? C'est bien ça ?
J'hochai légèrement la tête.
Il s'arrêta un instant, comme si quelque chose lui était revenu, il me fixa profondément. Et murmura...
- André... ? André, est-ce bien comme ça que s'appelait votre père ?
Je fronçai les sourcils, comment connaissait-il papa ?
- (d'une voix calme) : Votre père était l'homme le plus honnête que je connaissais, il avait été mis à la tête d'une énorme affaire de drogue, d'argent et des remboursements, s'exprimait-il légèrement avec une intensité fine dans sa voix...
Williams Johnson, un type riche et célèbre dans le trafic de drogue, c'était l'homme qu'il devait mettre derrière les barreaux, car il avait été accusé d'assassinat, il avait tué un père de famille, Robert Brown. Robert lui devait de l'argent mais à cause de ses problèmes financiers, il était incapable de le faire, alors Williams l'a tué.
Je sens mes jambes ramollir sous la chaise. L'air semble plus lourd d'un coup, comme si la pièce s'était refermée sur moi, je me sens perdue et confuse, dans cette histoire.
Il continue, sa voix grave s'alourdit à chaque mot, comme s'il creusait dans des souvenirs qu'il aurait préféré oublier.
- André... c'était un pilier. Il a été placé à la tête d'un dossier lourd, très lourd. Du trafic à grande échelle. De la drogue, du blanchiment, des assassinats camouflés.
Il me fixe, et dans ses yeux, quelque chose vacille. Du respect. De la douleur. Peut-être même un peu de honte.
- Et l'homme qu'il devait faire tomber... c'était Williams Johnson. Un type intouchable. Riche. Trop riche. Protégé par des gens encore plus puissants que lui. Il avait une couverture parfaite. Mais en réalité, c'était un poison. Un criminel sans scrupules. Il avait des dettes à rembourser... et ceux qui échouaient à payer... disparaissaient.
Je sens ma gorge se nouer. Ce nom, Williams Johnson, ne me dit rien. Mais l'histoire me serre la poitrine.
- Un jour, un père de famille du nom de Robert Brown a été retrouvé mort. Officiellement, c'était une agression... mais nous, on savait. Il devait de l'argent à Johnson. Il n'a pas pu rembourser. Alors Johnson l'a tué de ses propres mains. Froidement. Devant son fils, un certain Miguel Brown.
Je frissonne, alors que le nom de Miguel sort de sa bouche.
Il inspire longuement, puis me regarde droit dans les yeux, comme s'il s'apprêtait à me dire quelque chose de trop grand pour moi.
- Votre père, André, voulait le faire tomber. Il avait assez de preuves pour faire exploser l'affaire. Et puis un jour... tout a disparu, des rumeurs circulaient disant que votre père avait été corrompu par Johnson pour étouffer l'affaire du meurtre de Robert. Les documents, les témoignages. L'enquête a été classée. Et votre père... a été tué quelques années plus tard.
Il hésite.
Je sens mes lèvres bouger avant même de réfléchir.
- Qui... qui a tué mon père ?
Ma voix est à peine audible. Un souffle, brisé.
Il ferme les yeux une seconde, puis pose ses mains à plat sur la table. Sa mâchoire se serre légèrement.
- Ce soir-là, quelqu'un est entré chez vos parents. À visage couvert. Il a tiré deux balles. Une pour votre mère. Une pour André. Puis il a pris la fuite dans une voiture noire, sans plaque visible.
Mon cœur s'emballe. Tout ça... je m'en souviens. Mais les souvenirs sont flous, emmêlés. La montre... les cris... le sang.
- Alors vous ne savez pas ? Vous ne savez pas qui c'était ?
Il relève lentement les yeux vers moi. Son regard est pesant. Méfiant. Presque triste.
- Officiellement, on a fini par accuser un homme. Jordan Brown, apparemment c'est le frère de Miguel, l'arme du crime a été retrouvée chez lui après plusieurs pistes. Mais nous ignorons la vraie raison pour laquelle il aurait pu faire ça. La seule hypothèse est qu'il se serait vengé de la mort de son père en voyant que nous, la police, n'avions rien pu faire face à cette injustice, c'est pour ça qu'il a tué. Parce que c'est André, votre père, qui était chargé d'arrêter Johnson.
Je fronce les sourcils.
- Jordan ? Mais pourquoi n'ai-je jamais entendu parler de lui ?
- Normal. Votre tutrice, Sonya, a fait le nécessaire pour que vous soyez tenue à l'écart de tout ça. À l'époque, elle nous a dit que vous étiez trop fragile. Et peut-être qu'elle avait raison. Peut-être qu'elle a juste voulu vous protéger d'une vérité trop sale.
Je détourne les yeux. Mon cœur bat trop fort. J'ai l'impression de tomber dans un puits, sans fond. Jordan. Un nom que je n'ai jamais entendu. Un coupable tout trouvé. Et Miguel, ce nom qui maintenant résonne différemment. Il a vu son père se faire tuer. Comme moi.
Je reste figée. Incapable de bouger, ça fait trop d'informations à encaisser...
Je me sens prise au piège. J'ai la tête qui tourne. Un flot de pensées s'écrase dans mon crâne, comme des vagues enragées. Jordan. Miguel. Mon père. Tout est emmêlé. Rien n'a de sens. Ou alors... trop.
Et si ce Jordan n'avait rien fait ?
Et si c'était Miguel ?
Et si on m'avait menti depuis le début ?
Et si... si mon père avait réellement été corrompu ?
L'inspecteur : Essayez de rester calme, ne vous emballez pas trop vite. Je tâcherai de mener personnellement une enquête sur ça après que vous serez libérée de cet endroit.
Moi : (d'une voix basse) : Ça... veut dire que vous... vous allez m'aider ?
Il hoche la tête.
- Mais pour le moment, reprend-il, vous allez rester ici, vous serez placée en détention provisoire en attendant.
Il se lève d'un geste lent, et marche.
Il sort.
Me laissant là. Avec ma peur. Mon incompréhension. Et ce sentiment, insupportable, d'avoir été piégée par une main invisible.
À suivre....réagir plus ❤️🍒

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