Bénin Intelligent •Médias
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May 25, 2025 at 08:51 AM
Cinq ans après la mort de George Floyd : une Amérique changée mais toujours divisée Washington, 25 mai 2025 — Cinq ans après la mort tragique de George Floyd, tué sous le genou d’un policier blanc à Minneapolis, les États-Unis demeurent profondément marqués par cet événement qui a déclenché l’un des plus vastes mouvements sociaux de leur histoire récente. À travers un nouvel épisode de son podcast « The Story Behind the AP Story », l’agence Associated Press revient sur ce moment charnière et les transformations, mais aussi les résistances, qu’il a engendrées. Le 25 mai 2020, le monde retient son souffle George Floyd, un homme noir originaire de Houston, avait quitté le Texas pour Minneapolis dans l’espoir de bâtir une vie meilleure. Ce jour-là, un employé de magasin l’accuse d’avoir tenté d’utiliser un faux billet de 20 dollars. La situation dégénère rapidement. Plaqué au sol et menotté, Floyd est maintenu sous le genou de l’officier Derek Chauvin pendant plus de neuf minutes. Les images, filmées par une adolescente présente sur les lieux, montrent un Floyd suppliant à plusieurs reprises : « Je ne peux pas respirer ». Cette scène insoutenable deviendra un symbole. « Avant qu’il ne rende son dernier souffle, une foule s’était formée, demandant en vain sa libération. C’est cette vidéo qui a choqué la planète », raconte Aaron Morrison, responsable de la rubrique « race et ethnicité » à l’AP. Un choc national, un cri mondial Au cœur de la pandémie, alors que le monde était figé, la vidéo du meurtre de Floyd devient virale. Des millions d’Américains, contraints à l’isolement, ont assisté en direct à un drame racial devenu catalyseur. Noreen Nasir, journaliste vidéo présente sur le terrain à Minneapolis, se souvient : « Il y avait bien sûr de la colère, mais aussi une profonde tristesse, un deuil collectif palpable. Le mémorial à l’endroit de sa mort a grandi chaque jour, et avec lui, une prise de conscience accrue autour des injustices raciales ». Les manifestations qui ont suivi ont été massives et parfois marquées par des violences et des pillages. À travers les quartiers touchés, de nombreux commerçants – souvent eux-mêmes issus de minorités – ont exprimé une douleur double : celle de perdre leurs biens, mais aussi celle de voir leur communauté souffrir. « Nous sommes noirs dans ce pays, mais aussi des entrepreneurs, et ce que nous voyons nous brise le cœur », confiait un commerçant somalien de Minneapolis. Un procès historique et une condamnation attendue Le procès de Derek Chauvin en 2021 a cristallisé l’attention nationale. La vidéo de la mort de George Floyd, utilisée dès le début des plaidoiries, a été l’élément clé de l’accusation. La procureure a invité les jurés à « croire ce qu’ils voyaient ». La défense, elle, a tenté de minimiser la responsabilité de Chauvin, invoquant des causes médicales et une interprétation subjective des faits. Mais pour beaucoup, les images parlaient d’elles-mêmes. La jeune fille qui avait filmé la scène a déclaré au procès qu’elle n’avait cessé de s’excuser mentalement à Floyd de ne pas avoir pu faire plus. Le procureur Jerry Blackwell a marqué les esprits en déclarant que Floyd « n’est pas mort parce qu’il avait un cœur trop gros, mais parce que Derek Chauvin avait un cœur trop petit ». Le jury, composé de six Blancs et de six personnes noires ou métissées, a reconnu Chauvin coupable de trois chefs d’accusation, dont celui de meurtre involontaire au deuxième degré. Il a ensuite plaidé coupable dans une affaire fédérale pour violation des droits civiques. Une transformation profonde, mais incomplète La mort de George Floyd a ravivé et amplifié le mouvement Black Lives Matter, né des années plus tôt, notamment après la mort de Trayvon Martin. En 2020, il a pris une ampleur sans précédent, non seulement aux États-Unis, mais aussi à l’étranger, où d’autres sociétés ont examiné leurs propres problèmes de racisme systémique et de brutalité policière. Des réformes ont été promises dans de nombreuses juridictions américaines : interdictions des techniques d’étranglement, réduction du financement de certains services de police, mise en place de commissions citoyennes de surveillance. Mais cinq ans plus tard, les résultats sont contrastés. Aaron Morrison souligne que « ceux qui n’ont jamais adhéré à cette prise de conscience parlent aujourd’hui de “wokeness” de manière péjorative, cherchent à effacer ou minimiser ce qui s’est passé en 2020, et certains vont jusqu’à réclamer la grâce présidentielle pour Derek Chauvin ». Un traumatisme collectif toujours présent La journaliste Amy Forliti rappelle que la grâce fédérale, même si elle devait être accordée par Donald Trump – réclamée par certains de ses partisans – ne permettrait pas à Chauvin d’échapper à sa peine pour meurtre prononcée au niveau de l’État du Minnesota. « Il devra purger sa peine. Une grâce n’effacera pas le verdict », affirme-t-elle. Noreen Nasir conclut : « Cet été-là, tout le monde regardait. Il n’y avait rien pour détourner l’attention. Pour beaucoup, ce fut une première confrontation avec le racisme systémique. Pour d’autres, c’était la confirmation d’une réalité quotidienne. Mais une chose est sûre : quelque chose a changé à jamais. » Cinq ans plus tard, les États-Unis vivent encore avec les répercussions de cette journée. Le visage de la lutte pour la justice raciale a changé. La mémoire de George Floyd, elle, reste omniprésente. ©Hlive TV
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