Les délires de Tiani Le mois de mai a été particulièrement macabre pour notre pays et surtout pour les Forces de défense et sécurité (FDS). 294 morts au moins. Cela a obligé le général Tiani à prendre la parole depuis son lieu de confinement pour, espère-t-il, masquer la réalité, se déresponsabiliser et faire oublier au peuple ses morts, ses malheurs. A-t-il réussi ? Non ! De bout en bout de son entretien, d’une langue parlée (Français) à une autre (Zarma) via une langue qu’il a décrétée nationale (Hausa), le Général Tiani était complètement à côté de la plaque malgré le recours abusif au téléprompteur. En effet Tiani lisait ; les réponses aux questions qui lui sont posées défilaient sur un téléprompteur. En dépit de tous ces arrangements, le prétendu ‘’grand entretien’’ fut plutôt un moment de délires purement paranoïaques, d’embarrassants amalgames et d’excessives redondances le tout ponctué d’ennuyeuses digressions. Pourrait-il être autrement quand on sait que l’invité du jour n’est pas à la hauteur de l’exercice auquel il s’est soumis? Une fois encore non ! Il aura beau essayer, il n’y arrivera pas. Il n’a ni l’ouverture d’esprit, ni le tempérament, ni les capacités d’analyse. Imaginez le désastre si on lui tend un tant soit peu le micro en directe et sans téléprompteur. N’est pas Mohamed Bazoum qui veut ! Répondant à une question aussi simple que : «Quel est, de façon générale, l’état actuel de la situation sécuritaire au Niger?», le général Tiani, par vanité ou par désir de pédanterie ridicule a ouvert une parenthèse qui l’amena à faire le tour du monde, avec point de départ la prise d’otages de novembre 1979 à la Mecque; une affaire qui est strictement interne à l’Arabie Saoudite et qui n’a pas eu d’incidences sur la naissance et/ou le développement du terrorisme au Sahel et moins encore au Niger. Ce qui compte pour Tiani, c’est de bavarder et désigner des boucs émissaires. C’est donc faute de réponses adéquates et de perspectives pertinentes qu’il repend les refrains qu’il nous a servis antérieurement : la France, le Nigeria, le Bénin, le Royaume Uni, les USA, la Chine, l’Union européenne, la CEDEAO... Le monde entier conspire contre Tiani pour lui empêcher de faire de miracles et d’inverser de manière magique la direction de l’immigration. Car, selon les éléments de langages qu’il a ramassés sur les les réseaux sociaux, si Ibrahim Traoré, Assimi Goita et lui-même réussissent leur ‘’révolution’’, ce seront les jeunes européens notamment Français qui vont venir chercher du travail en Afrique. Ainsi, pensant trouver un argument irréfutable dans sa quête de légitimation de sa dystopie, Tiani se concentre, fixe l’objectif de la caméra et débite des fantaisies et des absurdités ignorant que l’immigration ne changera pas de direction si tant et que l’on peut arracher le pouvoir à un président démocratiquement élu et se proclamer président, se promouvoir général d’armée et ensuite assurer la promotion des membres du Centre névralgique de spoliation de la nation. Tant que les coup d’Etat font florès en Afrique, les jeunes africains, notamment ceux du Sahel, seront toujours contraints d’affronter les affres du Sahara et de la Méditerranée à la quête de leur pitance afin d’échapper à la plus hideuse des humiliations: mourir de faim. La refondation de Tiani et consorts restera pour le Niger ce que le moyen-âge est à l’humanité ; un épisode ténébreux. Quoique les putschistes fassent la démocratie triomphera. Compte sera rendu au peuple. Cela est implacable. Tahirou Garka