DJUGU ACTUALITÉ✅
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June 13, 2025 at 07:53 PM
*AUX ORIGINES DU CONFLIT JEAN-PIERRE BEMBA ET JOSEPH KABILA* La dernière sortie médiatique de Jean-Pierre Bemba a permis aux congolais de se rendre compte à quel point il déteste l'ancien président de la République Joseph Kabila Kabange. Nous pensons que les événements politiques et sécuritaires de 2006-2007 peuvent expliquer, en partie, cette animosité presque maladive de Jean-Pierre Bemba. Je ne partage pas du tout la thèse, soutenue par certains compatriotes, selon laquelle les 10 ans d'emprisonnement de Jean-Pierre Bemba à la CPI ont affecté son équilibre mental. Manifestement, c'est l'analyse de la CENCO; puisque dans sa dernière communication, la CENCO demande aux fidèles catholiques de prier pour Jean-Pierre Bemba. Je crois plutôt que *son comportement actuel est le résultat d'une stratégie de positionnement politique auprès et pour l’après président Félix Tshisekedi.* Auprès de celui-ci, il veut lui démontrer qu'il est le plus radical. Il prête le serment de loyauté sur la surenchère dans le microcosme politique de la majorité contre tous les partenaires politiques du président Félix Tshisekedi au sein de l’Union sacrée. Il croit ainsi emporter l’empathie du chef de l’Etat pour un éventuel dauphinat. En attendant, il lorgne sur la Primature. Mais Jean-Pierre Bemba oublie une chose. *Félix Tshisekedi a évolué politiquement auprès d'Etienne Tshisekedi. Combien de fois le fils du Sphinx n'a-t-il pas vu que, aux moments de tempêtes politiques, c'est souvent ceux qui criaient leur loyauté et leur fidélité, urbi et orbi, à Etienne Tshisekedi qui le quittaient en premier.* Mais revenons à notre page d'histoire du jour. (N.B.: Cet article a déjà été publié). *Page d’histoire : LES AFFRONTEMENTS DE MARS 2007 ENTRE LES MILITAIRES FARDC ET LA GARDE DE JEAN-PIERRE BEMBA.* *L'élection présidentielle de 2006* Le 30 juillet 2006 se déroule en RDC le premier tour de l’élection présidentielle qui doit départager 33 candidats en lice. C’est la première fois, dans l’histoire politique de ce pays, que les congolais sont appelés à élire leur président de la République au suffrage universel direct et de manière démocratique. Pour rappel, le président Kasa-Vubu avait été élu par les députés et sénateurs ; c'est-à-dire au suffrage indirect. Et sous la deuxième République (1965–1997), le président Mobutu a toujours été candidat unique aux élections présidentielles qu’il a organisé en 1970, 1977, 1984. Puisqu’au premier tour de l’élection présidentielle de 2006, aucun des 33 candidats n’a obtenu la majorité absolue des voix exprimées, les deux candidats ayant obtenu le plus de voix sont retenus par la CEI (Commission Electorale Indépendante), présidée par l’Abbé Apollinaire Malu-Malu, pour participer au second tour. Il s’agit de Joseph Kabila, le président sortant, qui a obtenu 44,81% des voix et Jean-Pierre Bemba, l’un de quatre vice-présidents sortant qui a fait un score respectable de 20,03%. Score respectable à deux égards. D’abord, comparativement aux 25 autres candidats président de la république qui ont obtenu moins de 1% de voix. Par exemple : Joseph Olengankoy (0,60%), Pierre-Anatole Matusila (0,51%), Eugène Diomi Ndongala (0,51%), Christophe Mboso N’kodia (0,47%), Cathérine Nzuzi wa Mbombo (0,38%), Jonas Mukamba Kadiata Nzemba (0,24%). Ensuite, ce score est en soi une victoire en imposant un second tour là où Joseph KABILA, confiant dans sa suprématie à l’Est, profitant de l’abstention au centre et d’un engouement moyen à Kin, pensait l’emporter dès le premier tour. *Le second tour : Joseph Kabila contre Jean-Pierre Bemba* Le second tour est alors organisé le 29 octobre 2006. La CEI proclame, le 15 novembre 2006, Joseph Kabila vainqueur avec 58,05% ; son challenger Jean-Pierre Bemba ayant obtenu 41,95% des voix. Ce dernier et sa plate-forme politique, l’Union pour la Nation (MLC et alliés), contestent ces résultats de la CEI et introduisent un recours devant la Cour Suprême de Justice. Le 27 novembre 2006, la haute juridiction rejette le recours de Jean-Pierre Bemba et proclame Joseph Kabila, président élu de la République. Par un communiqué, Jean-Pierre Bemba prend acte de la décision de la Cour Suprême de Justice et s’engage, lui et son parti politique, le MLC, à faire de l’opposition républicaine. Le 19 janvier 2007, Jean-Pierre Bemba est élu sénateur sur le quota de la ville de Kinshasa. *L'ultimatum du général Kisempia, chef EMG des FARDC* A la suite des accrochages qu’il y a eu lors de la période électorale entre les éléments de la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba, qu'on appelait les DPP (Département de Protection Présidentielle) et la Garde Républicaine (GR) et d’autres éléments des FARDC, le général Philémon Kisempia Sungilanga, chef d’Etat-major général de l’armée congolaise, lance, le 6 mars 2007, un ultimatum aux DPP de Jean-Pierre Bemba et aux autres gardes des anciens vice-présidents de la République (Azarias Ruberwa, Arthur Zahidi Ngoma, Abdoulaye Yerodia Ndombasi) pour qu’ils soient intégrés dans les unités ordinaires des FARDC. A l’expiration du délai imparti par le chef EMG Kisempia, le 15 mars 2007, les DPP de Jean-Pierre Bemba refusent toujours d’être incorporés dans les autres unités. Le leader du MLC considère que les 12 policiers mis à sa disposition par le président Kabila ne peuvent pas assurer sa sécurité. La tension monte dans la ville de Kinshasa, en particulier dans la commune de la Gombe. *L'appel du professeur Samba Kaputo, le conseiller spécial* Pour faire baisser la tension et calmer les esprits qui s’échauffent dans les deux camps, la MONUC lance un processus de discussions. Jean-Pierre Bemba me désigne comme son délégué dans ces pourparlers. Je me retrouve ainsi seul face à plusieurs officiers des FARDC au cours des réunions qui se déroulent au siège de la MONUC, à la Gombe. Mais un soir, je reçois un appel du Conseiller Spécial en matière de sécurité du président Kabila, le professeur Guillaume Samba Kaputo. Il me dit ceci : « Thomas, mon jeune frère, je sais que tu es un républicain convaincu et un homme qui veut sincèrement trouver une solution pour éviter des affrontements militaires dans la ville. Mais sache que nous venons d’avoir une preuve supplémentaire que ton chef Bemba tient à faire la guerre dans la ville. Nous n’allons pas le laisser faire ». Je lui pose alors la question de savoir quelle est cette preuve. Il me dit qu’un des ambassadeurs de l’Union Européenne l’a appelé pour l’informer que Jean-Pierre Bemba vient de lui demander de mettre sa famille (femme et enfants) à l’abri à l’ambassade. Pour le professeur Samba Kaputo c’est la preuve indubitable que Jean-Pierre Bemba veut lancer l’attaque. *La version de Jean-Pierre Bemba* Tout de suite après la communication, j’appelle le chairman (JP Bemba) pour l’informer de la conversation que je venais d’avoir avec le conseiller spécial et je lui pose la question de savoir s’il avait eu réellement un échange avec un ambassadeur européen. Il m’avouera qu’il a échangé avec deux ambassadeurs : celui de France et celui d’Italie. Il leur a effectivement demandé s’il pouvait mettre sa famille à l’abri chez eux. Il m’explique alors que ce n’était pas parce qu’il voulait attaquer Kabila (moi je savais déjà qu’il n’avait pas cette intention) mais il prenait des dispositions comme un père de famille responsable. Au cas où il était attaqué. Par la suite, on apprendra que c’est l’ambassadeur de France, qui détestait Jean-Pierre Bemba, qui a donné l’information aux proches collaborateurs du Président Kabila. *Jean-Pierre Bemba voulait-il réellement attaquer la GR ?* Mais pourquoi j’étais convaincu que JP Bemba n’avait aucune intention d’attaquer la GR ? Essentiellement pour deux raisons. Primo, JP Bemba était conscient du rapport des forces en présence. La GR et les autres unités opérationnelles des FARDC pouvaient facilement mobiliser plus de 5.000 militaires dans la région de Kinshasa. Tandis que Jean-Pierre Bemba, de son côté, ne disposait que de 300 éléments de sa garde rapprochée. Secundo, l’armement mais surtout la réserve en munitions de la garde de Jean-Pierre Bemba étaient très limités. A ce sujet, je peux raconter une anecdote pour illustrer mes propos. Un jour à la résidence de Jean-Pierre Bemba, je vois ses militaires très remontés et qui veulent en découdre avec la GR. Je prends alors à part, vers la piscine, leur commandant, le major Genganze (surnommé Golf), un ancien de la célèbre DSP (Division Spéciale Présidentielle) du Maréchal Mobutu et un excellent combattant (il a fait ses preuves lors de la guerre du MLC à l’Equateur). Je lui demande combien de jours pense-t-il pouvoir tenir avec son stock de munition. Il m’avouera qu’il ne pouvait tenir que pendant trois jours. Je lui fis remarquer que c’était trop peu. Il l’a reconnu. *L'affaire des munitions du camp Kokolo* Mais il va m’informer qu’il a pris des contacts avec quelques officiers du camp Kokolo qui sont disposés à le ravitailler en munition moyennant la somme de cinq milles dollars américains. Il me dit qu’il en a parlé au chairman, mais que jusque-là ce dernier n’a pas réagi. Je vais alors trouver Jean-Pierre Bemba dans son salon et échanger avec lui sur ce sujet. Il va simplement me demander de laisser tomber ce dossier. Pour moi, c’était une preuve supplémentaire que JP Bemba ne voulait pas d’affrontements. Malgré certaines de ses postures qui pouvaient parfois laisser penser le contraire. *Les affrontements commencent en milieu de journée* Donc, après ma conversation avec JP Bemba sur le dossier « appel ambassadeur », je vais rappeler le professeur Samba Kaputo pour lui donner la version du chairman. Mais manifestement, son camp avait déjà levé l’option de neutraliser militairement la garde personnelle de Bemba. Puisque, quelques jours après, le 22 mars 2007, vers 12h, les affrontements entre, d’une part, la GR avec d’autres éléments des FARDC et, d’autre part, les DPP du sénateur Bemba commencent, d’abord, au niveau du rond-point Mandela sur le boulevard du 30 juin, puis vers le Collège Boboto et à la place des évolués. La bataille de Kinshasa vient de commencer. *Le chairman se réfugie à la résidence de l’ambassadeur d’Afrique du Sud* Moins d’une heure de temps après le début des hostilités, Jean-Pierre Bemba quitte sa résidence, sur l’avenue Kalemie à la Gombe, et se réfugie à la résidence de l’ambassadeur d’Afrique du sud qui est située sur la même avenue. Les éléments de sa garde, qui ont pris l’avantage sur le terrain, sont désorientés. L’un des commandants m’appelle au téléphone pour me dire que « Dix dollars » (nom de code de JP Bemba) ne répond plus au téléphone. Il m’explique qu’il est avec son unité vers le rond-point Socimat et qu’ils ont besoin d’instructions. Je lui réponds que malheureusement, n’étant pas impliqué personnellement dans ces opérations, je n’avais pas d’instructions à leur donner. *Un char de combat devant ma résidence* Une heure environ après cet échange, j’entends le bruit d’un véhicule lourd devant le portail de ma résidence. A l’époque, j’habitais sur l’avenue Mondjiba en diagonal de l’école « Les loupiots » vers Magasins–Kitambo. Un de mes gardes vient m’informer que c’est un char de combat de la Garde Républicaine qui vient d’arriver chez nous. Le responsable de l’équipe est un major. J’appelle directement le général Dieudonné Banze, le commandant de la GR, pour l’informer de la présence d’un major de son unité avec des éléments armés et un char de combat devant ma porte. Le général me promet de régler le problème. Dix minutes après, le major s’est retiré de chez moi, avec ses éléments et son char. Après cet incident, j’ai commencé alors à m’enquérir de la situation de quelques hauts cadres du MLC. *La situation du sénateur Jeannot Bemba Saolona* En premier lieu, je téléphone au sénateur Jeannot Bemba, le père de Jean-Pierre Bemba. Le Vieux décroche son téléphone et me répond avec une petite voix inhabituelle. Il m’explique que les éléments de la GR sont déjà dans sa parcelle et tirent des coups de feu. En effet, j’entends quelques détonations au téléphone. Je lui dis : « Papa, restez à l’intérieur de la maison et ne sortez pas ; je vous rappelle ». J’appelle alors le conseiller spécial Samba Kaputo, qui habitait sur la même avenue Pumbu que Papa Jeannot Bemba dans la commune de la Gombe. Je lui dis : « Spécial, j’ai besoin d’être fixé. La guerre que vous avez déclenchée, est-ce contre Jean-Pierre Bemba ou contre le MLC ? » Il me répond : « Thomas, tu sais bien que c’est contre Jean-Pierre ! Et non le MLC ! ». Je l’informe alors qu’il y a présentement des militaires de la GR qui ont pénétré dans la résidence du sénateur Jeannot Bemba, élu du MLC. Dans l’entretemps, Jean-Pierre Bemba a contacté, paniqué, Delly Sesanga, alors ministre du plan et son ancien Dircab, pour intervenir sur la situation de son père auprès du même Samba Kaputo, qu’il refusait pourtant de recevoir deux jours auparavant pour prévenir l’escalade du conflit. Sesanga va également appeler le spécial Samba pour solliciter son intervention. Surpris par cette initiative des GR, Samba Kaputo va sur le champ prendre des dispositions pour faire évacuer ces éléments indisciplinés de la résidence de Bemba Saolona. Le Vieux va me rappeler pour me remercier. *La situation de notre SG François Muamba* Ensuite, j’appelle François Muamba, notre secrétaire général du parti et ancien ministre du Budget pendant la Transition, pour m’enquérir de sa situation. Il m’explique qu’il a quitté sa résidence et qu’il est à l’abri dans un appartement sur le boulevard du 30 juin. Mais, il est très préoccupé parce que son beau-frère, Eddy, le jeune frère de son épouse Françoise, est resté seul à la résidence ; et il parait que la GR a pénétré aussi dans la parcelle. Et il craint pour la vie du jeune homme. Je dis alors à François Muamba : « Je vais voir ce que je peux faire». Cette fois-ci, j’appelle le général Didier Etumba, qui est à l’époque (2006), le chef du renseignement militaire (DEMIAP). J’avais connu ce brillant officier congolais (l’un des meilleurs élèves de l’Ecole Royale Militaire de Belgique ; il est resté dans les annales de cette prestigieuse académie militaire) lors des négociations de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka en Zambie. Il était proche de Vital Kamerhe, l’un des négociateurs de Kinshasa. Avec le général Didier Etumba, nous nous étions rapprochés à Sun City et à Pretoria lors des négociations militaires pour la formation d’une nouvelle armée congolaise (actuelle FARDC). Avec le général Kisempia, il défendait le point de vue des FAC (Forces Armées Congolaises), l’armée du gouvernement de Kinshasa ; moi, j’étais le chef de la délégation de l’ALC (Armée de Libération du Congo), la branche armée du MLC. *L'intervention du général Didier Etumba* Donc, j’ai eu le général Etumba au téléphone et je lui ai fait part de ma préoccupation : les éléments de la GR sont entrés dans la résidence de François Muamba sur l’avenue Kalemie, à la Gombe et je crains pour la vie de son beau-frère qui est resté seul à la maison. Le général Etumba me répond que ça tombe bien puisque lui-même et son cortège sont sur le boulevard du 30 juin ; donc pas très loin de la maison de François Muamba ; il s’y rend sur-le-champ. Arrivé sur le lieu, le général me rappelle et me dit qu’il a trouvé le portail ouvert et une des baies vitrées du salon cassée. Mais, manifestement, il n’y a personne sur place et il n’y a pas eu de pillage. J’appelle à mon tour François Muamba pour lui faire rapport. Il me dit qu’Eddy est sur place ; il se cache, en fait, dans le plafond. Il suffit de crier son prénom trois fois (c’est le code) et il sortira de sa cachette. Je transmets le message au général. Et pendant qu’il m’avait au téléphone, j’entendis clairement le général Etumba crier : Eddy ! Eddy ! Eddy ! Et Eddy apparut, hors du plafond. Le général, consciencieux, me posera alors la question de savoir ce qu’il doit faire d’Eddy. Car il doit poursuivre les opérations en cours et il ne peut s’encombrer d’un civil. Je lui demande alors de le déposer chez le vieux José Endundo, qui habitait juste au bout de la rue Kalemie, en diagonal de Marsavco. Ce qui sera fait. Quinze ans plus tard (2022), sous le règne du président Félix Tshisekedi, *le jeune Eddy deviendra le 1er Vice-président du sénat congolais*, aux côtés de l’honorable Modeste Bahati Lukuebo, président. *Le contrôle du Beach Ngobila par les militaires de Bemba* Mais revenons aux affrontements du 22 mars 2007. N’ayant plus de commandant en chef (on rappelle que JP Bemba s’est réfugié à la résidence de l’ambassadeur d’Afrique du sud), sa garde rapprochée va se scinder en trois groupes. Le premier groupe va se diriger vers le Beach Ngobila dans l’espoir d’accueillir des renforts qui viendraient de Brazzaville. Je ne sais pas qui leur a mis dans la tête cette idée incongrue. Ne voyant aucun renfort arriver et ayant épuisé leur stock de munitions, ces éléments vont se décider à prendre un bateau, traverser le fleuve et se réfugier à Brazzaville. *Le contrôle de l’aéroport de Ndolo* Le deuxième groupe va vers l’aéroport de Ndolo. Pourquoi ce choix ? Quelqu’un leur a fait croire qu’il y avait un stock important d’armes et des munitions que l’EUFOR avait laissé à Ndolo, qui était son quartier général. L’EUFOR était un contingent de 1500 militaires de l’Union Européenne envoyé à Kinshasa pour sécuriser les élections de 2006. Après les élections, le contingent va être rapatrié en Europe. Arrivés à Ndolo et après avoir pris le contrôle de l’aéroport, nos anciens militaires de l’ALC sont surpris de trouver les entrepôts vides. A la fin des hostilités, ce groupe ira se réfugier auprès de la MONUC à Kingabwa. *Les affrontements du rond-point RTNC* Quant au 3e groupe, ils vont se diriger, en prenant l’avenue du 24 novembre, vers le camp Kokolo. L’objectif était de rejoindre et de prendre le contrôle de ce camp. Les éléments de ce groupe avaient des informations selon lesquelles les militaires de ce camp étaient prêts à se mutiner et à rejoindre le camp de Jean-Pierre Bemba. Ce groupe va se buter à une défense solide et un feu de barrage nourri au niveau du Rond-Point RTNC. Par la suite, certains de ses éléments me diront que c’étaient des éléments de l’armée angolaise, venus en renfort aux FARDC, qui les ont repoussés. Jusqu’à ce jour, je ne puis ni confirmer ni infirmer cette information de la présence de militaires angolais à Kinshasa pendant ces affrontements. *Jean-Pierre Bemba appelle ses militaires au cessez-le-feu* Le soir de ce 22 mars 2007, Jean-Pierre Bemba, de l’ambassade sud-africaine où il se trouvait, va lancer un appel au cessez–le–feu et demander à ses éléments de déposer les armes. Malgré cela, les affrontements vont se poursuivre encore de manière sporadique le 23 et le 24 mars. Le procureur de la République va alors lancer un mandat d’arrêt contre Jean-Pierre Bemba. Hormis les militaires qui ont traversé à Brazzaville, le reste des gardes de Bemba vont se réfugier dans les installations de la MONUC, à Kingabwa. Le bilan de ces affrontements, établi par une équipe d'experts onusiens, fait état de 300 morts environ dont plusieurs civils. Parmi ces derniers, on compte le célèbre homme d’affaires kinois Hugo Tanzambi, tué d’une balle perdue au niveau du boulevard du 30 juin devant la banque BIAC. Ainsi se terminent les affrontements de mars 2007 entre la garde de Bemba et les FARDC. *Le règlement du cas Jean-Pierre Bemba* Il restait alors à régler le cas de Jean-Pierre Bemba. Le gouvernement devait–il demander aux sud-africains de livrer Jean-Pierre Bemba pour rébellion et tentative de coup d’Etat ? Ou bien faire baisser la tension politique en permettant au leader du MLC de quitter le pays en allant en exil ? Joseph Kabila va opter pour la seconde solution. Le 11 avril 2007, escorté par la MONUC, Jean-Pierre Bemba est conduit à l’aéroport de Ndjili. Il se rend au Portugal. Officiellement pour des soins médicaux (il avait une foulure au pied qui était plâtré). En réalité, on le sait tous, c’est un départ négocié pour l’exil. Le 24 mars 2008, soit 13 mois plus tard, Jean-Pierre Bemba est arrêté dans sa résidence à Bruxelles par la police belge. Pour une plainte des autorités centrafricaines ; plainte liée à l’intervention des militaires de l’ALC à Bangui en 2002 pour sauver le régime du président Ange-Félix Patassé qui faisait face à une rébellion soutenue par le Tchad. Il sera transféré à la Haye (Pays–Bas) ; au siège de la Cour Pénale Internationale. Mais ça, c’est une autre histoire. Thomas LUHAKA LOSENDJOLA Ancien Président de l'Assemblée nationale Ancien Vice-premier ministre Avocat au Barreau de Kinshasa-Gombe
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