
LLV LE MAG
June 17, 2025 at 06:32 PM
🖲️🖲️🖲️ *Le Vol DXB 742 ✈️*
Je voyage souvent. Trop, diront certains. Mais ce vol-là, je ne l’oublierai jamais.
C’était un vol régulier en direction de Dubaï. Après avoir passé la sécurité et profité d’un café amer dans le hall d’embarquement, je me suis dirigée vers la porte d’embarquement. Une fois à bord, j’ai repéré mon siège hublot et me suis installée. Peu après, une dame âgée, élégamment vêtue d’un tailleur beige et portant un foulard rose, s’est arrêtée à côté de moi.
— "Ma chérie, pourriez-vous m’aider à mettre mon bagage en haut ?"
Avant même que je ne puisse me lever, un homme derrière nous, au regard calme et au sourire discret, s’est interposé :
— "Je vais m’en charger, Madame."
Il a placé son bagage dans le compartiment et s’est installé quelques rangées plus loin.
La vieille dame s’est assise, ses gestes empreints d’une fragilité qui inspiraient presque le respect. Très vite, elle a engagé la conversation : d’abord sur la météo, puis sur sa famille, les voyages, la jeunesse. Je n’étais pas d’humeur bavarde, mais sa douceur m’a touchée. Le vol a duré plus de six heures, et pourtant, le temps a semblé filer.
Au moment où le commandant a annoncé notre descente vers l’aéroport international de Dubaï, son visage a changé. Elle s’est mise à grimacer de douleur et à respirer difficilement.
— "Ma fille… j’ai si mal… j’ai peur de ne pas arriver…"
Paniquée, j’ai alerté une hôtesse de l’air. Celle-ci lui a apporté de l’eau et quelques analgésiques, tout en lui parlant avec douceur. La vieille dame n’a pas lâché ma main. Et devant les autres passagers, ce simple contact a suffi pour faire croire que nous étions proches.
À l’atterrissage, elle a refusé de se lever sans moi, m’appelant toujours "ma fille", d’une voix affaiblie. Le même passager qui l’avait aidée à l’embarquement s’est penché vers moi au moment du débarquement :
— "Ne portez surtout pas son sac. Et dites bien à l’équipage que vous ne voyagez pas avec elle."
Sur le moment, je n’ai pas compris. Mais son regard insistant m’a poussée à l’écouter.
Une hôtesse m’a demandé :
— "Vous êtes ensemble ?"
— "Non, on s’est rencontrées dans l’avion."
La dame s’est mise à pleurnicher :
— "Tu ne vas pas m’abandonner, ma fille ?"
Je suis sortie sans son sac, la laissant dans un fauteuil roulant demandé plus tôt. Mais alors que je rejoignais la douane, un cri a retenti :
— "MA FILLE !! REVIENS !"
Je me suis retournée juste à temps pour la voir… courir. Oui, courir, droite comme un I, vers la sortie, abandonnant sa valise sur place.
Des agents de sécurité sont immédiatement intervenus. L’un d’eux l’a plaquée au sol. Je suis restée figée. On m’a rattrapée, interrogée, fouillée. Ma valise, mes poches, même mes ongles. Une heure interminable. Puis, enfin, l’un des agents m’a dit :
— "Vous avez eu de la chance. Elle transportait de la drogue. Elle a tenté de vous faire passer pour sa complice."
Je me suis effondrée dans la salle d’interrogatoire, les nerfs à vif.
Avant de me laisser partir, un inspecteur m’a regardée droit dans les yeux :
— "Retenez bien ceci : ne touchez jamais le bagage de quelqu’un d’autre, peu importe leur âge ou leur apparence. Et si quelqu’un vous appelle "ma fille" trop vite, méfiez-vous. L’amour ne se forge pas entre deux sièges d’avion."
Depuis ce jour, je ne tends plus la main qu’à ceux que je connais vraiment. Et dans les aéroports, chacun gère ses affaires.
#llv
