🟥📰Par Dr Seyni Ganda : "L'ancien Président de la République Issoufou Mahamadou soutient les valeurs, pas les contre-valeurs". En lisant cette phrase de Monsieur Abdoulmoumoune Ghousmane, je me suis senti en devoir de réagir et de faire quelques remarques à son auteur. Monsieur Ghousmane, j'ai connu Issoufou Mahamadou leader du PNDS Tarayya comme un homme résolument engagé pour les libertés, le droit et la démocratie. De tous les leaders des partis politiques, il avait manifesté l'engagement le plus ferme dans le combat pour la restauration de la démocratie lorsqu'elle avait été mise à mal par le général Baré puis par le président Tandja lors de l'épisode du Tazarce. Le même personnage est aujourd'hui un soutien totalement décomplexé du général Tiani qui, en plus d'avoir perpétré un coup d'État contre le régime du PNDS, a dissous les partis politiques, proscrit la démocratie et les libertés civiles et instauré un pouvoir militaire à vie. Monsieur Ghousmane, pouvez-vous me dire où se situent les "valeurs" que défend Issoufou Mahamadou en vertu desquelles il pouvait combattre Baré ou Tandja pour leur tentative de remise en cause de la démocratie mais qui applaudit Tiani quand celui-ci bannit la démocratie qu’il qualifie de régime honni imposé par la France ? Pour ma part, ce comportement fondé sur un principe de deux poids deux mesures est révélateur du rapport du personnage à la démocratie. Tant qu'il se battait pour accéder au pouvoir, la démocratie était une cause qui valait tous les combats. Mais aujourd'hui, ce qui importe le plus à Issoufou Mahamadou, c'est sa sécurité personnelle et la sécurité de ses biens. Quand il avait conçu le coup d'Etat du 26 juillet 2023, c'était pour qu'il revienne au pouvoir à l'issue d'une "transition réussie" de courte durée. Tiani ne l'ayant plus entendu de cette oreille, il a décidé à son tour de faire bon cœur contre mauvaise fortune et de se concentrer sur l'essentiel : la sécurité de ses biens. Monsieur Ghousmane, savez-vous pourquoi Issoufou Mahamadou peut soutenir sans sourciller un régime de dictature militaire après avoir joué les parangons de la démocratie et même été lauréat du prix Mo Ibrahim après dix années de présidence de la République ? C’est parce que ses convictions démocratiques n'ont jamais été trempées dans l'acier. Issoufou Mahamadou n'aura en vérité été qu'un entrepreneur politique dont l'engagement politique est sous-tendu par des motivations personnelles essentiellement vénales. Ce n'est pas un hasard si de tous les hommes qui ont dirigé le Niger depuis son indépendance, il est le seul qui se soit personnellement enrichi. En effet, le Président Diori Hamani a dirigé le pays pendant 14 ans sans que jamais n'ait pesé sur lui le moindre soupçon d'enrichissement personnel. Le Président Seyni Kountché a régné pendant plus de 13 ans sans léguer, à sa mort, à ses enfants, une maison digne de ce nom. Le président Mamadou Tandja a, tout récemment, gouverné pendant 10 ans laissant derrière lui la réputation d'un homme intègre que nul n'oserait un tant soit peu contester. Le Président Ali Chaibou a été à la tête de l'Etat pendant 6 ans. Sobre, humble, il s’est distingué par une probité rare qui n'a d'équivalent que son amour pour sa patrie. Le Niger doit à son patriotisme la démocratie que 33 années plus tard des officiers sans honneur soutenus par Issoufou Mahamadou ont remis en cause exposant notre pays aux incertitudes les plus périlleuses. Pour Ali Chaibou, l'argent n'avait aucune valeur. Quant aux autres anciens chefs d'Etat, à savoir Mahamane Ousmane, Ibrahim Baré, Daouda Wanké, Salou Djibo et Mohamed Bazoum, ils ne sont pas restés suffisamment longtemps à la tête de l'Etat pour qu'on puisse disposer de moyens sûrs d'une évaluation objective de leur intégrité. Toutefois une chose est certaine, aucun d’entre eux n’a laissé derrière lui le moindre soupçon susceptible d’entacher son honneur. Le seul qui se soit personnellement enrichi ainsi que sa famille dans l'exercice de ses fonctions de chef d'État, c'est Issoufou Mahamadou. Ses épouses, ses enfants et lui-même sont aujourd’hui propriétaires d’un impressionnant parc immobilier constitué d’immeubles et de villas de grand standing dans les quartiers les plus huppés de Niamey. Il possède un véritable château, à aucune autre maison comparable au Niger, dans un domaine de plusieurs hectares sur la route de Tondibia. A Tahoua comme à Illéla, ses résidences secondaires ont des allures de palais. Au-delà de nos frontières, il détient des appartements dans des villes d’Europe et d’Amérique et sa femme, son fils comme lui possèdent des comptes bancaires bien garnis, répartis entre l’Europe, l’Asie et le continent américain. Tout cela interroge : d’où vient une telle fortune, et comment un chef d’Etat du pays le plus pauvre du monde peut-il afficher un tel train de vie à la sortie du pouvoir ? Monsieur Ghousmane, Lorsque le comportement d'un homme est totalement en décalage avec ce qu'il prétend être, la réalité finit toujours par le rattraper. En effet Issoufou Mahamadou, après avoir quitté les affaires en 2021, aurait pu rendre grâce à Dieu et couler des jours heureux loin du pouvoir qu'il a pris la précaution de mettre entre les mains des hommes en qui il plaçait le plus sa confiance. Mais lui demander cela serait lui demander d'agir contre sa propre nature. L'idée démesurée qu'il a de sa personne et son attachement compulsif à l'argent l'ont dévoyé, le menant à l'impasse déshonorante où il se retrouve aujourd'hui. Si Issoufou Mahamadou ne s'était pas compromis par la richesse scandaleuse qu'il a accumulée, il n'aurait pas eu le comportement si peu glorieux qui est le sien en ce moment. Mais le temps , grand ennemi de la duplicité, a fait son œuvre et lui a imposé ses limites. Game over. Issoufou Mahamadou l'a bien compris. Chateaubriand disait : "Il ne m'a manqué, pour réussir dans le monde, qu'une passion et un vice : l'ambition et l'hypocrisie". Issoufou Mahamadou est politiquement mort d'une overdose d'ambition et d'hypocrisie. Aujourd'hui il n'est plus que l'ombre de lui-même, ployant sous la honte, traumatisé par une faute dont rien ne peut le soulager. Par la force des choses, il est institutionnellement réduit à une fonction ornementale qui lui impose de participer à toutes les cérémonies officielles présidées par Tiani. Et ce qui lui est demandé se résume à se lever quand Tiani arrive et à l’applaudir très fortement à chaque ineptie qu'il débite. Alors Monsieur Ghousmane, êtes-vous vraiment sûr que votre champion ne soutient que les valeurs ? Dr Seyni Ganda