📄Objet : *Lettre ouverte Azawad* A Mme Tomoko Akane   Présidente de la Cour pénale internationale Office Box 19519    2500 CM La Haye, Pays-Bas Madame la Présidente, En décembre 2021, le gouvernement Malien de transition, issu d’un coup d’État militaire, a fait appel aux services de la milice russe Wagner. Officiellement, ce contingent de 2.000 hommes était chargé d’appuyer les forces armées maliennes dans leur lutte contre les groupes terroristes sévissant sur le territoire. Malheureusement, il est vite apparu que cet appui militaire dissimulait un objectif bien plus sombre : celui d’opérer un nettoyage ethnique contre certaines populations, un projet hélas longtemps nourri et encouragé par certaines autorités maliennes. Le 25 janvier 2024, le gouvernement a unilatéralement mis fin aux accords d’Alger signés en Mai 2015 sous l’égide de la communauté internationale, déclenchant ainsi une nouvelle phase d’hostilités contre les mouvements indépendantistes de l’Azawad. Ce fut un prétexte pour que s’en suivent dix-huit mois de violences systématiques : tortures, exactions, exécutions sommaires, viols et pillages. Des civils innocents ont été pris pour cibles par l’armée malienne et ses supplétifs russes. Des drones fournis par la Turquie ont été utilisés pour bombarder sans distinction campements, villages, écoles, marchés, véhicules de transport en commun points d’eau – des actes qui traduisent sans ambiguïté une volonté d’anéantissement. Les conséquences humaines et humanitaires sont dramatiques : des milliers de morts, de blessés, des familles décimées, des communautés privées de leurs moyens de subsistance et plusieurs milliers de familles forcées à l’exile. Ce projet abject soigneusement préparé par la junte au pouvoir au Mali se déroule dans l’absence de tout témoignage de la communauté internationale préalablement éjectée du pays à cet effet. Face à cette tragédie, une association indépendante a procédé à un recensement méticuleux et exhaustif des victimes, village par village, campement par campement, tribu par tribu. Ce travail de terrain a permis de constituer un dossier de plainte bien documenté, aujourd’hui déposé auprès de votre institution. Le 14 juin 2025, un collectif d’associations, de militants des droits humains et de défenseurs de la démocratie a organisé une manifestation pacifique devant les locaux de la Cour pénale internationale afin d’alerter l’opinion publique mondiale sur ces crimes d’une extrême gravité. Madame la Présidente, Le retrait de la milice Wagner du territoire malien annoncé le 6 juin dernier ne saurait clore ce sombre chapitre de l’actualité. Il est impératif que les auteurs, les co-auteurs, les commanditaires et les complices de ces crimes soient identifiés, interpellés et jugés conformément au Statut de Rome. En effet, nous avons encore en mémoire les évènements de 1963 où, le Gouvernement de Modibo Keita soutenu par l’URSS avait tenté une première épuration ethnique en procédant à des massacres collectifs et des exécutions sommaires et publiques de civils innocents et sans défense dans la partie septentrionale du pays.   Les auteurs, co-auteurs et commanditaires de ces actes ignobles n’ont jamais été inquiétés ni interpellés, ce qui constitue une tache noire peu glorieuse dans l’histoire récente de notre humanité. L’impunité ne saurait être une option face à de telles atteintes à la dignité humaine au risque que cela ne devienne une pratique banalisée. Nous nous ne voulons pas que l’histoire se répète à nouveau au Mali. En ce sens, nous vous adressons cette lettre ouverte, en toute humilité mais avec une détermination inébranlable, pour vous demander de faire usage de toute l’autorité morale et juridique de votre institution afin que justice soit rendue aux victimes. Veuillez recevoir, Madame la Présidente, l’expression de ma très haute considération. Fait Paris, le 16 Juin 2025 *Issouf Ag MAHA* Ecrivain Touareg Ancien Elu, Chevalier dans l’ordre de mérite