📃 Il ne s'agit plus d'un simple oubli administratif, ni d’une bévue de gestion. Non, ce à quoi nous assistons est la cristallisation d’une incompétence élevée au rang de méthode , d’une défaillance devenue institutionnalisée. Le dernier Tour cycliste ayant vu Douala se transformer en parcours d’obstacles grotesque n’a fait que mettre en pleine lumière un désastre que les populations, elles, vivent au quotidien sur quatre roues bringuebalantes, dans des taxis disloqués ou à pied, l’angoisse dans les tripes et la honte au fond du regard. Dans un pays où l’on préfère sanctifier l’apparence d’autorité plutôt que d’en assumer la substance, les bourbiers routiers ne sont plus de simples nids de poule, mais des fosses symboliques dans lesquelles s’effondrent, un à un, les derniers restes de crédibilité publique. À 50 mètres de la chefferie Nkondengui Est , trône une scène qui en dit long : SONEL engloutie dans la poussière, chaussée en lambeaux, silence des autorités. La honte, visiblement, a déserté. Pendant que les routes s’effritent, les discours s’enjolivent. Les cantiques s’élèvent, pas vers le peuple, mais comme des incantations serviles pour étouffer la vérité : beaucoup ont trahi la confiance du chef de l’État, préférant les ors de la flagornerie à la sueur de la responsabilité. Les communes, plutôt que d’être les courroies de transmission d’un progrès local, se transforment en vitrine d’un clientélisme boursouflé, où chaque ornière devient témoin d’un budget détourné, d’un chantier jamais livré, d’une conscience anesthésiée. Le comble ? Ce n’est plus la solidité des routes qui détermine le confort des usagers, mais la capacité à acheter un 4x4 de luxe pour "slalomer dans l’humiliation nationale". Voilà où nous en sommes : le prix du silence se mesure désormais en chevaux fiscaux. À quand la fin de cette tolérance administrative, de cette zombification collective ? Le Tribunal Criminel Spécial a-t-il un jour pensé à interroger le béton qui s’effrite, à traduire en justice la pelleteuse qui ne vient jamais, à sommer les génies de "l’imprévoyance planifiée" de répondre devant le peuple ? Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas simplement une voirie oubliée. C’est la morale publique, l’éthique de la reddition de comptes, la colonne vertébrale de l’État social. Et à voir l’état de nos routes, il semble bien que cette colonne soit désormais brisée. *CDL INFO.* ☎️+237 697704558.