ÉDITORIAL VWA-ZILE 11 millions pour une compagnie aérienne, des millions pour des mercenaires : Haïti bradée aux plus offrants ? L'actualité récente soulève une fois de plus des interrogations fondamentales sur la gestion des deniers publics en Haïti. Alors que le pays traverse une crise sécuritaire sans précédent et que la population souffre d'une précarité économique croissante, certaines décisions budgétaires interpellent par leur opacité et leur timing. Le déblocage annoncé de 11 millions de dollars américains en faveur d'une compagnie aérienne privée pour "relancer les vols locaux" illustre parfaitement cette problématique. Pourquoi cette priorité, pourquoi ce montant, pourquoi maintenant ? Dans un contexte où les hôpitaux manquent de médicaments et où l'éducation publique s'effrite, cette allocation budgétaire questionne sur les véritables priorités gouvernementales. Cette interrogation prend une résonance particulière quand on la met en parallèle avec le retour récent de contracteurs de sécurité américains sur le territoire haïtien. Ces déploiements, dont les coûts et les mandats précis restent largement confidentiels, s'ajoutent à une longue liste d'investissements sécuritaires aux résultats contestables. L'État haïtien a en effet consacré des dizaines de millions de dollars à diverses initiatives de stabilisation ces dernières années. Forces internationales, équipements spécialisés, formation de personnels - les factures s'accumulent sans que l'insécurité ne régresse véritablement. Au contraire, certaines zones du territoire connaissent une dégradation continue. Pourquoi les instances de contrôle semblent-elles si facilement contournées quand il s'agit d'engagements financiers majeurs ? Pourquoi l'urgence justifie-t-elle systématiquement l'opacité des processus décisionnels ? Face à ces dépenses récurrentes aux résultats mitigés, il devient impératif d'exiger un bilan transparent. Comment justifier de nouveaux engagements - qu'ils concernent l'aviation civile ou la sécurité - sans une évaluation rigoureuse des investissements précédents ? Le peuple haïtien mérite mieux que cette gestion par à-coups, où les décisions semblent prises dans l'urgence et l'improvisation. Il mérite des institutions fortes, des processus transparents et des résultats mesurables. L'heure n'est plus aux promesses, mais aux comptes à rendre. Éditorial VWA-ZILE https://www.facebook.com/share/p/19FWzGGD4Q/