
F.L.A Front De La Libération De L'azawad
June 19, 2025 at 03:27 PM
Urgent - Niger
Banibangou est tombé : ils savaient, ils n’ont rien fait .
Banibangou n’est pas simplement un village perdu à la frontière malienne, c’est un verrou stratégique à l’ouest du Niger, un point névralgique entre Ouallam, Tillabéri et la capitale Niamey. Sa chute ce jeudi 19 juin 2025 n’est ni une surprise, ni une fatalité. C’est le résultat d’un aveuglement volontaire, d’un commandement défaillant, et d’un régime incapable d’assumer ses responsabilités fondamentales : protéger le territoire et ceux qui l’habitent.
Depuis plusieurs jours, les alertes se sont multipliées. Des messages des populations, des informations des réseaux locaux, des signaux de mouvements suspects observés autour de Banibangou, Abala et Sanam. Même sur les réseaux sociaux, des voix se sont élevées pour signaler la menace imminente. Rien n’a été fait. Le haut-commandement a ignoré, minimisé, laissé faire. Aucune mesure concrète, aucun déploiement préventif, aucune anticipation.
Et comme prévu, l’attaque est survenue. Les groupes armés de l’EIGS sont arrivés en nombre. Ils ont investi Banibangou, ont pris d’assaut les camps militaires, se sont emparés des installations de la Garde nationale, ont incendié la préfecture, pillé les bâtiments administratifs, et ont quitté les lieux en toute impunité.
Le lieutenant des FAN, commandant en chef de la position militaire de Banibangou, a été tué lors de l’attaque, alors qu’il défendait ses hommes et sa position avec un courage exemplaire. Pendant ce temps, le général Tiani, chef de la junte, restait retranché dans sa caserne de la garde présidentielle, loin du front.
Nous rendons hommage à ce lieutenant tombé au combat, symbole d’un héroïsme silencieux dans un système militaire devenu sourd.
Pendant que les tirs faisaient rage, les premiers fuyards, issus des FDS, atteignaient déjà Ouallam, en tête le commissaire de police de Banibangou, qui a préféré la retraite à la résistance.
L’attaque a duré de 8h50 à 10h30. En moins de deux heures, les positions stratégiques ont été balayées, puis les assaillants se sont repliés tranquillement vers Anderamboukane au Mali, sans être poursuivis.
Les détails du bilan, qui semble être lourd, suivront sans doute, mais il ne faut pas s’attendre à une transparence de la part du pouvoir.
Comme toujours, les terroristes ont récupéré tout le matériel militaire : armes, munitions, radios, motos, équipements tactiques… Ce qui n’a pas été emporté a été détruit . Le village a servi, comme d’autres avant lui, de réserve logistique gratuite pour les jihadistes.
Et ce n’est qu’une question d’heures avant que les groupes terroristes ne publient leurs vidéos de propagande. Comme toujours : des images de camps conquis, des véhicules militaires capturés, des slogans scandés devant des bâtiments en ruine. Chaque attaque devient un spectacle de puissance mis en scène, une humiliation méthodique de l’armée nigérienne, une démonstration de force qui circule ensuite à grande vitesse sur les téléphones des populations rurales, renforçant le sentiment d’abandon et de peur.
Un effondrement en chaîne
Banibangou n’est pas une défaite isolée. C’est une nouvelle étape dans l’effondrement progressif de l’État et de son appareil sécuritaire. La junte au pouvoir, qui prétendait restaurer la souveraineté, s’avère incapable de maintenir une ligne de front, de coordonner une réaction rapide, ou même d’assurer une simple présence symbolique dans les zones en danger.
Chaque village qui tombe affaiblit davantage les axes routiers vitaux qui relient l’intérieur du pays à la capitale. Avec la perte de Banibangou, c’est la route vers Ouallam puis Niamey qui est désormais exposée. Le corridor stratégique de l’ouest est en train de se fissurer. La menace avance.
Les renforts militaires qui auraient dû partir de Ouallam sont annoncés… mais toujours attendus. Comme toujours. À chaque offensive jihadiste, la réponse de l’État arrive trop tard – ou n’arrive pas du tout.
Une armée à genoux, un État en décomposition
L’armée nigérienne est à bout. Son moral est brisé. Ses hommes sont mal équipés, mal commandés, mal payés. Le commandement centralisé, politisé et méfiant, préfère protéger son image que ses soldats. La junte, obsédée par le contrôle du pouvoir, a oublié qu’un pouvoir qui ne protège pas son peuple perd toute légitimité.
Les cellules de renseignement sont asphyxiées. La logistique est chaotique. Les drones ne volent plus. Les convois sont piégés. Les unités d’élite sont dispersées. Les communautés locales, elles, regardent ailleurs ou collaborent avec les plus forts : ceux qui sont sur le terrain, pas ceux qui regardent depuis Niamey.
Le pays est en train de pourrir de l’intérieur. Le cancer de l’insécurité métastase à chaque nouvelle attaque : de Tchombangou à Darey-Daye, de Fombita à Adab-Dab, de Tillia à Banibangou, la décomposition est méthodique. Et chaque silence de l’État devient une autorisation implicite donnée aux groupes armés de continuer.
Ce que révèle Banibangou
• Un pouvoir militaire incapable de remplir les fonctions régaliennes de base.
• Une armée abandonnée, sans stratégie, sans soutien, sans issue.
• Une population livrée à elle-même, dont les alertes ne déclenchent plus aucune réaction.
• Un territoire en recul, où chaque village perdu est une avancée ennemie.
• Et un mensonge d’État permanent, où l’on cache les pertes, étouffe les bilans, et dissimule les défaites derrière des discours martiaux.
Banibangou n’est pas qu’un échec opérationnel. C’est une condamnation politique, une faillite stratégique, une trahison silencieuse. Et tant que le pouvoir militaire nigérien continuera de vivre dans le déni, tant qu’il s’obstinera à gouverner par slogans et à réprimer au lieu de protéger, le pays continuera de s’effondrer, brique après brique, ville après ville, jusqu’à ce que le cœur même du Niger soit atteint.
Samir Moussa