*SOCIÉTÉ |* Déguerpissements à Libreville : quelle dignité pour les Gabonais sans-abri ? Au lendemain de la transition, les nouvelles autorités gabonaises ont formulé une promesse forte : restaurer la dignité du peuple gabonais, longtemps bafouée par des décennies de gouvernance jugée injuste et déconnectée des réalités sociales. Cette promesse, répétée dans les discours officiels et les actes symboliques de la Transition, avait suscité l’espoir chez de nombreux citoyens. Mais peut-on réellement parler de restauration de dignité lorsque cette dernière semble se heurter à la brutalité des déguerpissements forcés, comme ceux observés ces derniers jours derrière l’Assemblée nationale et l’Ambassade de Chine à Libreville ? *Casser pour réorganiser : oui, mais à quel prix humain ?* Le plan d’aménagement urbain évoqué pour justifier ces casses vise à redonner à la capitale un certain ordre et une meilleure image. Mais sur le terrain, les images parlent d’elles-mêmes : des familles délogées sans ménagement, des commerces détruits sans préavis clair, des vies précaires encore davantage fragilisées. Or, la dignité d’un peuple ne se mesure pas à la beauté d’une avenue, mais à la manière dont on traite les plus vulnérables. *Une incohérence entre discours et pratiques* Le paradoxe est flagrant : comment restaurer la dignité des Gabonais en les privant soudainement de leur logement ou de leur source de revenus ? Certes, l’occupation illégale de certains terrains peut justifier une réorganisation, mais la méthode employée — bulldozers à l’aube, forces de l’ordre armées, absence de solution de relogement — évoque davantage une démonstration d’autorité qu’un projet de société centré sur l’humain. *Une dignité sélective ?* Il est légitime de se demander si la *_« dignité »*_ que les autorités entendent restaurer concerne réellement tous les Gabonais, ou uniquement ceux qui peuvent se permettre d’occuper les beaux quartiers. Les populations modestes, souvent contraintes par la vie chère à s’installer dans des zones dites *_“informelles”_*, se retrouvent encore une fois à payer le prix fort des choix politiques. Si le gouvernement de la Ve République veut rester fidèle à sa promesse de restauration de la dignité, il doit impérativement repenser ses méthodes. La dignité ne se restaure pas à coups de pelleteuses, mais par un dialogue sincère, des alternatives concrètes et un profond respect de la souffrance des citoyens. Faute de quoi, cette promesse pourrait n’être perçue que comme un slogan de plus dans une longue série de désillusions. ————————— 🔔 Rejoignez notre chaîne WhatsApp pour recevoir des informations exclusives en temps réel : https://bit.ly/funnygabon-cw