EuroScope : la chaîne sur l’Europe
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
February 18, 2025 at 01:53 PM
**RENFORCER L’ÉCOSYSTÈME DEEPTECH EUROPÉEN : ENJEUX, PRIORITÉS ET STRATÉGIES POUR UNE CROISSANCE INCLUSIVE** Le secteur du **DeepTech** en Europe, qui regroupe des start-up à fort contenu technologique (IA, robotique, blockchain, biotech, informatique quantique, etc.), revêt un rôle stratégique pour la compétitivité et la souveraineté numérique de l’Union. Malgré la diversité des initiatives lancées dans plusieurs États membres, on constate encore un **maillage inégal** du territoire, marqué par des disparités régionales, un accès hétérogène aux ressources et une collaboration transfrontalière insuffisante. Les conclusions du projet **AccelerAction EU** illustrent que les **incubateurs et les accélérateurs** occupent une place centrale dans le soutien des jeunes pousses, à condition qu’ils s’alignent sur les priorités de l’UE (développement durable, égalité des genres, cohésion territoriale, etc.). Cette analyse met en lumière les freins et les leviers d’action pour structurer un véritable écosystème DeepTech européen, plus inclusif, plus compétitif et plus apte à répondre aux grands défis sociétaux. ———————————————————————————————————— **1. Nouveaux enjeux pour le DeepTech dans l’Union : un potentiel sous-exploité** Le DeepTech est au cœur de l’innovation dans des domaines critiques tels que la **transition écologique*, la **santé de pointe** ou encore la **sécurité numérique*. Les succès de start-up européennes dans l’IA ou les biotechnologies prouvent que l’UE dispose de ressources scientifiques et entrepreneuriales de premier ordre. Cependant, un constat persiste : les jeunes entreprises se heurtent souvent à un **manque de lisibilité** et de coopération à l’échelle de l’Europe, freinant l’émergence de champions industriels. Les travaux de **AccelerAction** montrent que, dans plusieurs pays jugés « forts innovateurs » (France, Suède, Estonie, Portugal, Irlande…), des politiques publiques **proactives** ont favorisé la mise en place de **visas spéciaux*, de **coupes fiscales*, ou encore de **programmes nationaux d’incubation*. Les régions plus modestes en innovation ont, quant à elles, parfois du mal à accéder à ces dispositifs ou à se connecter à des réseaux internationaux. Or, pour le DeepTech en particulier, la mutualisation des infrastructures et l’accès facilité à des acteurs clés (laboratoires, grands groupes, investisseurs) peuvent faire la différence entre un simple projet et une start-up en hyper-croissance. La dynamique enclenchée par la **Nouvelle Agenda Européen de l’Innovation** vise à combler ces écarts en mettant l’accent sur la montée en compétences, la transversalité et le soutien aux PME classiques pour qu’elles adoptent plus rapidement des solutions DeepTech. En outre, la **notion de souveraineté technologique** devient déterminante. Les solutions développées en Europe ne doivent pas dépendre exclusivement de plateformes ou de technologies extra-européennes. Face à la compétition mondiale dans l’IA ou la blockchain, l’UE se doit de promouvoir un écosystème interne vigoureux, capable de fournir du hardware, des logiciels et des services alignés avec ses valeurs et son cadre réglementaire. Cela implique un **investissement massif** dans la recherche fondamentale et appliquée, une **synergie** entre universités, centres de recherche et entreprises, mais aussi une **gouvernance** renforcée pour assurer la cohérence des stratégies nationales. ———————————————————————————————————— **2. Incubateurs, accélérateurs et politiques publiques : lessons learned d’AccelerAction** Les incubateurs et accélérateurs, structures de soutien dédiées à l’accompagnement et au financement de start-up en phase initiale ou de croissance, sont souvent considérés comme un **chaînon essentiel** pour stimuler l’innovation. Le projet **AccelerAction EU**, financé par Horizon 2021-2027, a permis d’identifier de bonnes pratiques et de formuler des recommandations opérationnelles pour renforcer le rôle de ces organismes. D’abord, **la durée et la sélectivité du financement public** se révèlent décisives. Les financements éphémères (sur un an) contraignent ces structures à se focaliser davantage sur la recherche de ressources que sur l’accompagnement des entreprises. Une enveloppe pluriannuelle (trois ans et plus) facilite la consolidation des compétences, l’établissement de partenariats fiables et la constitution de réseaux solides. D’autre part, **une répartition ciblée** des fonds encourage la priorité donnée à des incubateurs et accélérateurs reconnus pour leur expertise ou leur impact sectoriel (par exemple, IA appliquée à la santé, robotique verte, etc.), tout en soutenant l’amélioration des structures moins expérimentées via du mentorat et de la mise en réseau. Les stratégies privilégiant la **collaboration plutôt que la compétition** se sont montrées particulièrement efficaces. L’AccelerAction online ecosystem « DeepTech ACT » en est l’illustration : il rassemble des acteurs venus de régions très innovantes et d’autres plus modestes, permettant un **échange transfrontalier** sur des sujets tels que l’accès aux investisseurs, la gestion de la propriété intellectuelle ou les procédés de production avancés. Les start-up des pays faiblement connectés peuvent ainsi s’ouvrir à des horizons plus vastes. Les fondateurs établis, eux, y trouvent de nouvelles sources de talents, de sous-traitance ou de marchés de niche. Cette transnationalité engendre une répartition plus équitable des opportunités, essentielle à la cohésion intra-européenne. L’implication de **partenaires publics et privés** (grandes entreprises, universités, pouvoirs locaux) renforce la pérennité de tels dispositifs : l’union des ressources et des expertises fiabilise les programmes d’incubation, donne accès à des infrastructures de pointe et ouvre la voie à d’éventuelles commandes publiques innovantes (les fameuses « innovation procurements »). Cette articulation entre soutien institutionnel et dynamisme entrepreneurial fait la force de certains écosystèmes comme ceux de Stockholm, Paris ou Lisbonne. ———————————————————————————————————— **3. Promouvoir l’égalité et la diversité dans le DeepTech** Parmi les leviers d’amélioration ressort la **question du genre** et, plus largement, de la diversité dans l’entrepreneuriat. Les études du projet AccelerAction EU corroborent les chiffres antérieurs : moins de 15 % des start-up DeepTech sont fondées ou cofondées par des femmes. Cette sous-représentation s’explique par l’orientation genrée dans les filières STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques), un accès plus restreint aux capitaux-risque et, souvent, un manque de modèles féminins visibles dans le secteur. Pourtant, les analyses démontrent qu’une plus grande **inclusion des femmes** se traduit par davantage d’**innovation*, de **performance** et de **création d’emplois**. Dans cette optique, les incubateurs et accélérateurs auraient intérêt à instaurer des programmes ciblés : formations en leadership, mentors spécialisés pour les fondatrices, modules de sensibilisation aux biais dans le recrutement ou l’investissement. Les pouvoirs publics, de leur côté, devraient faciliter des mesures comme la mise à disposition de garde d’enfants abordable, le financement de programmes de littératie financière ou encore l’intégration de formations à l’entrepreneuriat technologique dans les cursus scolaires et universitaires. Miser sur la participation féminine dans le DeepTech accroît le **potentiel créatif** de l’Union et contribue, plus largement, à la **justice sociale**. ———————————————————————————————————— **4. Vers un cadre harmonisé et une gouvernance renforcée** Sur la base de l’expérience d’**AccelerAction** et des politiques menées dans certains pays pionniers (France, Portugal, Suède, etc.), plusieurs orientations politiques se dégagent pour consolider l’écosystème DeepTech à l’échelle de l’UE : Il est recommandé de **mettre en place un organisme de coordination paneuropéen*, chargé de standardiser les bonnes pratiques, d’aligner les objectifs et de simplifier la mise en relation de toutes les parties prenantes. Cet organisme, soutenu par la Commission et les États membres, pourrait labelliser ou certifier des incubateurs et accélérateurs respectant des critères de qualité (accompagnement sectoriel, mentors qualifiés, etc.) et encourager une standardisation de la **mesure de la performance**. La collecte de données homogènes contribuerait à évaluer l’efficacité des dispositifs et à guider l’élaboration d’une feuille de route cohérente. Ensuite, **l’interdisciplinarité** doit être encouragée afin de stimuler l’hybridation des technologies : soutenir les projets croisant IA et biologie, robotique et blockchain, ou encore créativité artistique et sciences de l’ingénieur renforce la valeur ajoutée des start-up européennes. Dans cette perspective, des **bourses transdisciplinaires** et des **défis collaboratifs** pourraient être mis en place au niveau de l’UE, incitant les incubateurs à monter des partenariats inédits. Les programmes d’accompagnement devraient également se rattacher à des **objectifs sociétaux** plus larges (neutralité carbone, résilience énergétique, etc.), afin de s’inscrire dans une trajectoire de croissance responsable. Le cas suédois, qui couple incitations fiscales à la création d’entreprises durables et mise en réseau des acteurs locaux, prouve qu’une telle orientation peut générer des retombées économiques significatives, tout en apportant une cohérence avec les **politiques régionales** de l’Union. La question de la **visibilité internationale** n’est pas en reste. Pour attirer talents et investisseurs du monde entier, il convient de renforcer les programmes européens existants (ex. StartUp Europe, EIC Accelerator) en ouvrant davantage de **visa** et de **facilités d’implantation** pour des profils hautement qualifiés. Accorder une attention particulière aux DeepTech en phase d’expansion hors de l’UE facilite la projection des entreprises locales, soutenant le concept de « digital sovereignty » tout en multipliant les partenariats transcontinentaux. ———————————————————————————————————— **Conclusion** Le DeepTech européen recèle un potentiel immense pour stimuler la **croissance** et l’**indépendance** technologique de l’Union. Toutefois, comme le démontre le projet **AccelerAction EU*, la prospérité de ce secteur repose sur un **écosystème fort*, aligné sur des priorités partagées et disposant d’**incubateurs et accélérateurs** capables de transcender les frontières nationales. La mise en place d’un **organisme de coordination paneuropéen*, la promotion de **normes de qualité** et la **standardisation des indicateurs de performance** constituent des leviers majeurs pour améliorer l’efficacité des politiques publiques. L’enjeu de l’**égalité des genres** demeure crucial, tout comme la **cohésion régionale** et la nécessité de **former** suffisamment de professionnels compétents dans les technologies émergentes. En dernier ressort, les décideurs européens doivent veiller à ce que le DeepTech serve non seulement la compétitivité et la souveraineté numériques, mais aussi les engagements de l’UE en matière de durabilité et d’inclusion sociale. Un soutien public et privé **proactif*, soutenu par une vision claire et des incitations cohérentes, permettra de libérer la puissance créative des start-up partout sur le continent. En misant sur l’excellence, la diversité et la coopération, l’Europe pourra renforcer sa position de leader mondial du DeepTech et produire des **retombées économiques et sociétales** décisives. **Lien vers le cadre stratégique :** [Nouvelle Agenda Européen de l’Innovation](https://research-and-innovation.ec.europa.eu/strategy/support-policy-making/shaping-eu-research-and-innovation-policy/new-european-innovation-agenda_en) **#deeptech #acceleraction #innovation #compétitivité #inclusivité #souveraineténumérique #incubation**

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