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EuroScope : la chaîne sur l’Europe

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EuroScope : la chaîne sur l’Europe
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5/21/2025, 1:31:22 PM

*UNION DE L’ÉPARGNE ET DE L’INVESTISSEMENT : UNE DISSECTION EN PROFONDEUR DU PROJET EUROPÉEN AU REGARD DES RAPPORTS DRAGHI, LETTA ET NOYER* Lorsque, le 19 mars 2025, la Commission européenne présenta sa communication consacrée à l’Union de l’Épargne et de l’Investissement, beaucoup crurent entendre résonner un écho familier : celui des exhortations successives de Mario Draghi, Enrico Letta et Christian Noyer. Les trois sages, mobilisés tour à tour par le Conseil et par la Commission, avaient façonné, chacun dans son style, un même horizon : ressouder des marchés financiers trop émiettés afin de convertir l’épargne dormante du continent en un moteur de prospérité, d’autonomie stratégique et d’innovation. Mais entre l’annonce politique et la réalisation technique, entre le chant des ambitions et la prose des règlements, s’étend souvent un no man’s land où s’égarent les volontés. C’est donc à la lumière de ces trois rapports – qui forment comme un triptyque intellectuel – qu’il faut jauger la portée, la cohérence et les lacunes du texte de la Commission. *LE SOUFFLE DES GRANDS RAPPORTS ET LE TIMBRE DE LA COMMISSION* Les rapports Draghi, Letta et Noyer, rendus en 2024, avaient en commun la conviction que la financiarisation raisonnée, loin d’être un luxe, est une condition sine qua non de la souveraineté économique européenne. Draghi, fort de son expérience à la tête de la BCE, appelait à un « saut fédéral » : actif sûr européen, supervision unique, mutualisation de l’endettement post-NGEU, élargissement des missions de la BEI vers l’equity. Letta, dans une veine plus politique, substituait à la « Capital Markets Union » le concept d’« Espace unique des capitaux », appuyé sur une vaste réforme du droit des affaires, l’émergence d’un produit d’épargne paneuropéen, la labellisation de l’épargne longue et la création d’une véritable Bourse profonde pour la deep-tech. Noyer, enfin, sondant l’architecture microprudentielle, désignait sans détour la fragmentation des infrastructures de marché – dépôts centraux de titres et contreparties centrales – comme la cause majeure de l’inefficience des flux. La communication SIU reprend, parfois mot pour mot, certains diagnostics. Elle assume l’idée qu’il faut fluidifier la titrisation, qu’ESMA doit se voir confier des responsabilités directes, qu’il convient de mobiliser les retraites complémentaires, de relever le défi de la littératie financière et de revisiter le Code des sociétés à l’échelle de l’Union. Mais elle use d’une langue prudente, préfère l’esquisse à la perspective, et élude plusieurs canons des rapports : la constitution d’un actif obligataire sûr, la consolidation juridiquement contraignante des CSD, l’achèvement pratique de l’Union bancaire. Là où Draghi proposait des passerelles franches, la Commission dresse surtout des panneaux indicateurs. *CITOYENS ET CULTURE D’INVESTISSEMENT : DE L’INTENTION À LA PÉDAGOGIE* Le premier chapitre du document de la Commission fait de l’investisseur-citoyen le point d’archimède d’une finance vraiment européenne. Elle rappelle qu’à peine un Européen sur cinq maîtrise les rudiments de la diversification ou de l’actualisation, que les écarts entre États membres sont abyssaux, et que la défiance à l’égard des produits financiers reste élevée, surtout chez les jeunes et les femmes. L’exécutif annonce donc, pour le troisième trimestre 2025, une stratégie européenne de littératie financière, pensée comme un volet spécifique du programme « Union des Compétences ». La noblesse de cet objectif ne doit pas masquer ses écueils. Car la littératie, si indispensable soit-elle, n’a jamais suffi à dynamiser des marchés capitaux : les États-Unis, qui disposent d’un système éducatif hétérogène, connaissent pourtant une détention d’actions nettement supérieure à celle de l’Europe parce que la fiscalité, la portabilité des plans retraite et la profondeur des marchés y créent un continuum incitatif. Draghi l’avait dit sans ambages : l’incitation fiscale, la simplicité réglementaire et l’offre de produits commodes valent, pour la participation populaire, autant qu’un cours magistral sur le bêta et la duration. Or la Commission, ici, se contente d’évoquer des « meilleures pratiques » que les États membres seraient invités à partager. Elle esquisse néanmoins une innovation potentiellement structurante, calquée sur les comptes PEA français ou ISA britanniques : un « blueprint » européen d’enveloppe d’épargne-investissement. L’idée, chère à Letta, serait de créer un contenant fiscalement avantageux, aisément transférable d’un pays à l’autre, qui orienterait spontanément l’épargne des ménages vers les actions, les obligations vertes ou les ELTIF. Reste à savoir si l’architecture fiscale de l’Union, qui relève de l’unanimité, acceptera de s’incliner devant cette logique paneuropéenne. La Commission promet, au mieux, une recommandation – instrument non contraignant – sur la fiscalité. L’effet mobilisateur risque donc d’être variable selon les capitales. *SUPPLÉMENTAIRE PENSIONS : AMBITION PRUDENTE, DÉSIRS CONTRADICTOIRES* Les trois rapporteurs avaient placé le levier des retraites au centre de leur raisonnement. Les caisses de pension néerlandaises, danoises ou suédoises démontrent qu’un réseau solide de deuxième pilier engendre des pools d’actifs capables d’irriguer le capital-investissement et les infrastructures. Letta sollicitait une « simplification radicale » du PEPP, Draghi défendait un cadre fiscal neutre pour stimuler l’épargne volontaire, Noyer invitait à labelliser les produits nationaux jugés compatibles avec les objectifs européens. La Commission, pour sa part, dresse d’abord un bilan sévère : PEPP et IORP n’ont pas produit l’effet boule-de-neige espéré. Les coûts de mise en place sont élevés, la régulation demeure fragmentée, et les citoyens ignorent largement ces dispositifs. Elle annonce donc une révision des textes existants, l’élaboration de tableaux de bord numériques pour aiguiller les épargnants, et l’échange de meilleures pratiques en matière d’inscriptions automatiques. Mais elle n’esquisse aucune proposition fiscale concrète, alors même que la concurrence internationale passe souvent par l’avantage fiscal accordé aux plans d’entreprise. En fait, le texte refile le dossier aux États, les invitant à « considérer » l’auto-enrôlement et l’incitation. Les rapports, eux, réclamaient une impulsion fédérale plus vigoureuse. *FINANCEMENT DES ENTREPRISES ET DÉPTH CAPITAL : LA DEMI-PROMESSE DE TITRISATION* Tous les observateurs s’accordent : l’Europe souffre d’un déficit structurel de capital-risque, surtout aux stades late-stage et scale-up. La Commission y voit « la priorité absolue » pour faire éclore des champions technologiques. Elle ressort donc la carte de la titrisation, restée en jachère malgré le règlement « STS » de 2017 puis la mini-réforme de 2021. Les rapports Draghi et Noyer plaidaient pour un relèvement de l’appétit des investisseurs via une plate-forme adossée à des garanties publiques. La Commission, elle, loue le concept mais renvoie son éventuelle concrétisation au secteur privé ou aux États, se contentant de promettre des ajustements du cadre prudentiel et de la transparence d’ici mi-2025. Le message est double. D’un côté, Bruxelles reconnaît implicitement que la machine à titriser reste grippée : manque de standardisation, surcharge documentaire, p-factors bancaires dissuasifs, charges Solvabilité II jugées prohibitives par l’industrie. De l’autre, elle se montre réticente à endosser le rôle d’architecte-assureur, craignant sans doute le débat sur la mutualisation des risques et la cohérence avec l’union bancaire. En réalité, la relance du marché passera sans doute par un compromis : réduction ciblée des charges, standardisation numérique et, à défaut de garantie paneuropéenne, mobilisation coordonnée des banques publiques de développement. Or ce scénario nécessitera une volonté politique qui, à ce stade, reste latente dans la communication. *INFRASTRUCTURES, INFORMATIQUE ET CONTRÔLE SUPRANATIONAL* Christian Noyer avait usé d’une métaphore éloquente : les infrastructures européennes ressemblent à « une constellation d’îles reliées par de vieux pontons ». La Commission reconnaît le constat mais avance avec prudence : elle annonce, pour fin 2025, un paquet législatif visant la simplification des déclarations, la réduction des options nationales et l’éventuel remplacement de directives par des règlements directement applicables. Elle n’évoque toutefois ni la fusion juridique des CSD, ni l’extension de TARGET2-Securities en CSD paneuropéen, éléments clefs du rapport Noyer. Le dossier supervision suit le même sillon : Draghi rêvait d’un « SEC européen », Letta souhaitait confier à ESMA la tutelle des grandes entités transfrontalières, Noyer proposait un « opt-in » pour les gestionnaires désireux d’un passeport effectif. La Commission retient l’esprit Noyer : elle envisage de placer sous l’aile d’ESMA certaines plateformes et groupes de gestion d’envergure européenne. Mais rien n’est dit sur la gouvernance : à quel rythme, avec quels moyens, sur la base de quels critères de taille ou de risque ? L’expérience de 2017, où une tentative d’élargissement du mandat d’ESMA se heurta à la résistance des capitales, invite à la prudence : sans accord sur le financement et la représentation, la promesse d’une supervision unifiée risque de rester incantatoire. *COMPÉTITIVITÉ BANCAIRE, UNION BANCAIRE INACHEVÉE ET VOIES D’AVENIR* Le chapitre bancaire de la communication reprend un leitmotiv désormais classique : résilience, compétitivité, intégration. L’exécutif rappelle que les normes de Bâle III s’appliquent, que la supervision unique s’est imposée pour les établissements significatifs, mais que les progrès se heurtent à l’absence d’assurance-dépôts commune et à des procédures de résolution encore fragmentées. Il annonce pour 2026 un rapport d’évaluation de la compétitivité – exercice louable, mais qui repousse à plus tard les décisions concrètes. Le texte exhorte les co-législateurs à conclure le dossier CMDI, avertissant que l’inaction pourrait fragiliser la confiance. Pourtant il ne donne ni échéancier, ni ligne rouge, ni stratégie de compromis. En parallèle, la communication affiche la volonté d’assouplir, de façon calibrée, certains dispositifs : meilleure reconnaissance, dans les normes de solvabilité bancaire, des investissements sous programmes publics ; ajustement du schéma « equit y longue durée » sous Solvabilité II pour les assureurs. Ces retouches prudentielles, énoncées sans précisions, cherchent à stimuler l’appétit pour les fonds propres. Toutefois, elles resteront marginales tant que les critères éligibles et la gouvernance du risque ne seront pas clarifiés. Le bancassureur, pivot implicite du système, reste donc pris dans un jeu de forces contradictoires : d’un côté la quête de stabilité et la résistance de certains Trésors, de l’autre la nécessité de créer des acteurs transfrontaliers capables de rivaliser avec les colosses américains ou chinois, d’animer le marché de l’émission et de nourrir le capital-risque. Sur ce point, Draghi insistait : un marché de capitaux puissant suppose des banques fortes et présentes sur toute la chaîne de valeur. La Commission, elle, évoque parcimonieusement ce continuum et renvoie, à mots couverts, aux discussions à venir sur l’intégration fiscale, l’harmonisation du droit des sûretés, la portabilité des produits. Or sans avancée simultanée sur ces terrains, le cœur bancaire continuera de battre à des rythmes nationaux. *CONCLUSION* La communication sur l’Union de l’Épargne et de l’Investissement offre une synthèse honnête, parfois lyrique, des aspirations européennes : canaliser l’épargne vers la production, unir les marchés, rendre à l’Europe une souveraineté financière à la hauteur de sa puissance commerciale et technologique. Elle reprend la partition écrite par Draghi, Letta et Noyer ; elle en joue les thèmes majeurs ; mais elle en atténue les dissonances et surtout les modulations audacieuses. S’il fallait la juger selon la célèbre formule d’Henri Bergson – « le possible n’est que le réel moins la résistance » – on dirait qu’elle cartographie le possible, sans encore nommer toute la résistance. La réussite passera par quatre clefs indissociables. Première clef : un agenda législatif daté, adossé à des indicateurs quantifiables, afin que l’ambition soit mesurée, discutée et corrigée chemin faisant. Deuxième clef : une volonté politique de mutualisation – qu’il s’agisse d’un actif européen sûr, d’un fonds de garantie commun ou d’une plate-forme de titrisation verte – car la profondeur de marché exige l’adossement d’un bilan souverain. Troisième clef : une gouvernance reconfigurée, donnant à l’ESMA un exécutif resserré et des moyens pérennes, de façon à faire converger, dans les faits, la supervision et la surveillance. Quatrième clef : une articulation claire entre prudence et compétitivité, pour que les banques européennes puissent à la fois protéger l’épargnant et irriguer les marchés sans désavantage face à leurs rivales globales. À ce prix seulement, l’Union de l’Épargne et de l’Investissement cessera d’être un slogan et deviendra l’aqueduc moderne par lequel l’épargne européenne, aujourd’hui fractionnée, alimentera la vallée fertile de l’innovation, de la transition verte et de la défense de notre continent. https://finance.ec.europa.eu/publications/commission-unveils-savings-and-investments-union-strategy-enhance-financial-opportunities-eu_en #UnionEpargneInvestissement #MarchésDeCapitaux #Banque #PrudenceEtCompétitivité #SouverainetéFinancière #EuroScope

EuroScope : la chaîne sur l’Europe
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
5/23/2025, 7:50:28 AM

*L’AUBE D’UN QUADRIPTYQUE EUROPÉEN : REBÂTIR LE MODÈLE SPATIAL AUTOUR DE LA DÉFENSE* Sur fond de recomposition géopolitique, le premier tir opérationnel d’Ariane 6 emportant un satellite militaire a résonné comme une fanfare d’espérance dans les salles de contrôle européennes. Depuis soixante ans, le Vieux Continent avance dans les étoiles porté par un triptyque forgé dans l’optimisme d’après-guerre : COOPÉRATION, SCIENCE et COMMERCE. Or la décennie écoulée – guerre en Ukraine, dérive de l’ordre multilatéral, irruption du New Space privé – en a ébranlé les assises. Tandis que Washington affirme vouloir se délester du « fardeau européen », les capitales mesurent soudain le prix d’une dépendance longtemps confortable. Survient alors l’idée d’un QUATRIÈME PILIER, taillé pour la DÉFENSE, susceptible de cimenter l’édifice vacillant. *LA GÉNÉALOGIE DU MODÈLE : UN DIALOGUE ENTRE PEUPLES AU-DESSUS DES FRONTIÈRES* Lorsque, en 1965, Astérix cingle vers l’orbite depuis Hammaguir, la jeune Europe ne dispose ni de missile balistique ni de budget militaire commun ; elle possède en revanche la ferme conviction que l’union fait la force. La création de l’ESA en 1975 traduit cette philosophie : mutualiser moyens nationaux, répartir charges financières au prorata du PIB, garantir le « retour géographique » à l’industrie. Dans les années 1990, la montée en puissance de l’Union européenne élargit encore le cercle : Copernicus pour observer la Terre, Galileo pour se repérer sans GPS, puis IRIS² pour connecter citoyens et armées sur la bande-Ka. Cette toile institutionnelle, d’une densité unique, permet à l’Europe de conjuguer pluralité culturelle et excellence techno-scientifique. *LES TROIS COLONNES VACILLANTES DU TEMPLE* * COOPÉRATION La symphonie communautaire ne s’est jamais jouée sans solistes extérieurs. De Soyouz en Guyane au laboratoire Columbus sur l’ISS, Moscou et Washington furent partenaires. L’invasion russe brise ce modèle : plus de fusées Soyouz, chaînes Vega amputées, coopération scientifique en suspens. Parallèlement, le virage stratégique américain – hésitations sur Starlink en Ukraine, rhétorique isolationniste de la nouvelle administration – rappelle que nul lien n’est indissoluble. * SCIENCE Les missions Rosetta, Planck, ExoMars ou Euclid témoignent encore d’une inventivité rare. Pourtant, la dépendance aux lanceurs extérieurs a retardé JUICE, ajourné Rosalind Franklin, menacé l’accès des jeunes chercheurs à la Station spatiale. Réduire la voilure budgétaire scientifique serait sacrifier un avantage comparatif majeur au moment où la climatologie orbitale devient instrument diplomatique incontournable. * COMMERCE La crise la plus aiguë frappe l’industrie. SpaceX, par une intégration verticale et une réutilisation audacieuse, cassera en dix ans les prix que la « famille Ariane » avait mis trente ans à stabiliser. S’ajoute la contraction des marchés télécoms GEO : déclin de la télévision linéaire, concurrence de la fibre optique, saturation de l’orbite géostationnaire. Les licenciements chez Thales Alenia Space, Airbus DS ou OHB révèlent la gravité sociale de ce choc. *ÉMERGENCE DES MENACES : ENTRE GUERRE HYBRIDE ET RISQUE DE DÉCLASSEMENT* La guerre en Ukraine a sanctuarisé le rôle des satellites dans l’art opératif : imagerie SAR pour repérer un convoi, liaison haute fréquence pour guider l’artillerie, géolocalisation militaire précise au décimètre. L’Europe observe qu’elle aligne 41 satellites de défense contre 263 pour les États-Unis et 267 pour la Chine ; la moitié sont dédiés à l’observation, très peu aux communications à large bande protégée. Un brouilleur embarqué, un missile antisatellite ou une cyber-intrusion suffiraient à aveugler son commandement. La souveraineté informationnelle devient ainsi un enjeu existentiel. *VERS UN QUADRIPTYQUE : ÉRIGER LE PILIER DÉFENSE* * UNE LOGIQUE INDUSTRIELLE : Passer d’une « sur-mesure » coûteuse à une production en série duale. Constellations opto-radar à revisit fréquente, relais de télécoms sécurisés, pods d’alerte avancée à orbite haute : ces architectures distribuées diluent la vulnérabilité et irriguent les chaînes de valeur civiles (agriculture de précision, gestion de crise). * UNE LOGIQUE CAPACITAIRE : Développer une doctrine satellite-centrée au service des forces terrestres et navales européennes. S’adosser à Galileo PRS pour la navigation durcie, greffer des modules de liaison quantique sur IRIS² pour le commandement stratégique, coupler radars au sol et télescopes optiques pour créer un bouclier européen de connaissance de la situation spatiale. * UNE LOGIQUE GOUVERNANCE : Clarifier la mosaïque décisionnelle : Commission pour la vision, ESA pour l’ingénierie, Agence de défense pour le besoin militaire, opérateurs nationaux pour la mise en œuvre. Instaurer un « Conseil spatial de défense » inspiré d’Eurocontrol, financé par un fonds hors-Pacte de stabilité, ouvert aux entreprises à capitaux mixtes mais certifiées souveraines. UNE LOGIQUE FINANCIÈRE : Porter le budget combiné espace-défense de 13 milliards à 30 milliards d’euros annuels d’ici 2032. Le plan InvestEU Defence, la taxe carbone aux frontières et les obligations « Sovereign Safe Assets » pourraient constituer les trois sources d’alimentation. L’effet multiplicateur sur l’emploi industriel est estimé à 1,8 ; chaque euro investi génèrerait près de deux euros de PIB secondaire. *LES VERTUS D’UN EFFET DE LEVIER SUR LES TROIS PILIERS HISTORIQUES* * RE-DYNAMISER LA COOPÉRATION : un projet de défense spatial commun ressouderait Paris, Berlin, Rome et Varsovie autour d’objectifs tangibles ; il offrirait à la Suède et à la Finlande, nouveaux membres de l’OTAN, une intégration technologique immédiate. * REVIGORER LA SCIENCE : les capteurs hyperspectraux militaires nourrissent aussi les climatologues ; les démonstrateurs de propulsion électrique dédiés à la mobilité défensive servent demain l’exploration lunaire. * RELANCER LE COMMERCE : une demande institutionnelle stable attire le capital-risque, sécurise les chaînes d’approvisionnement en carbure de silicium et nano-antennes, consolide la position d’Ariane 6 comme lanceur « OTAN-compatible » tout en libérant Ariane Next pour la compétition commerciale. *OBSTACLES ET PARADES* Les tensions nationales – rivalité entre industries française et allemande, divergences budgétaires latines et nordiques – exigent un pacte de juste retour fondé sur la contribution en nature : une constellation d’imagerie pourrait être franco-italienne, un segment sol radar germano-espagnol. La crainte d’une militarisation perçue comme agressive sera désamorcée par une doctrine de « défense active proportionnée » calquée sur le droit international. Enfin, la course sino-américaine impose de miser sur l’originalité : l’Europe doit se singulariser par l’écoconception, la neutralité carbone du lanceur réutilisable, la coopération scientifique open-data, et ainsi conserver le magistère moral acquis avec Copernicus. *CONCLUSION* Le modèle spatial européen n’est pas en ruine ; il vacille comme une cathédrale dont trois arcs-boutants s’effritent sous les assauts du temps. Ériger une quatrième contrefiche – la DÉFENSE – n’équivaut pas à militariser l’espace à outrance, mais à achever l’édifice afin qu’il résiste aux vents d’Est et aux bourrasques atlantiques. L’Europe, forte d’un savoir scientifique inégalé et d’une industrie inventive, possède les outils pour défendre sa liberté d’action céleste. Encore faut-il la volonté politique de les assembler : non pour substituer l’Amérique, mais pour lui offrir un partenaire à la hauteur, capable de tenir la ligne quand la houle stratégique se creuse. Dans cet effort, Ariane 6 n’est pas un chant du cygne ; elle est la trompette qui convoque les bâtisseurs d’une Europe maîtresse de son destin orbital. https://www.politico.eu/article/eu-space-commissioner-calls-for-european-space-shield/ https://www.info.gouv.fr/communique/strategie-spatiale-nationale #EspaceEuropéen #DéfenseSpatiale #Ariane6 #AutonomieStratégique #NewSpace #EuroScope

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5/23/2025, 10:57:21 AM

*UNE APPROCHE STRATÉGIQUE DE L’UE POUR LA MER NOIRE : VERS QUEL CAP GÉOPOLITIQUE ?* En juin 2024, le Conseil européen a enjoint la Commission et le Haut Représentant de forger une vision politique pour la mer Noire, théâtre d’un basculement géostratégique depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Annoncée pour le 28 mai 2025, la communication conjointe proposera non pas une « stratégie » exhaustive, mais une « approche stratégique » de portée plus modeste. À l’heure où les équilibres navals s’érodent, où l’économie bleue cherche un souffle et où trois pays candidats (Ukraine, Moldavie, Géorgie) frappent à la porte de l’Union, l’ambition européenne doit conjuguer sécurité, connectivité et résilience tout en composant avec l’incontournable OTAN et la turbulence turque. *UNE RÉGION SOUS TENSION PERMANENTE* Point de jonction entre Europe, Caucase et Moyen-Orient, la mer Noire concentre voies énergétiques, câbles, céréales et corridors numériques. Depuis 2008, Moscou y orchestre une politique du fait accompli : pâtis armés en Abkhazie, Ossétie du Sud, Transnistrie, annexion de la Crimée, blocus maritime partiel, frappes sur les ports ukrainiens. Dans le même temps, Ankara, drapée dans la Convention de Montreux, affirme sa prééminence navale et durcit sa diplomatie des drones. Au-delà des canons, les attaques hybrides – cyber, désinformation, instrumentalisation migratoire – visent l’assise démocratique des riverains et de l’UE. *DE LA « SYNERGIE MER NOIRE » À L’APPROCHE STRATÉGIQUE* Lancée en 2007, la Synergie offrait un catalogue de politiques européennes – environnement, pêche, transport, énergie – sans calendrier ni financement dédié. Ses bilans successifs saluent quelques succès : recherche maritime, croissance bleue, réseaux de la société civile. Ils épinglent aussi des lacunes flagrantes : infrastructures, commerce durable, emploi. • La future communication entend re-déployer ces chantiers autour de trois faisceaux : SÉCURITÉ (liberté de navigation, protection des infrastructures, lutte contre les menaces hybrides), CONNECTIVITÉ (corridors énergétiques et numériques, extension du réseau transeuropéen de transport, Danube-Mer Noire) et PRÉPARATION (planification de crise, réponse aux catastrophes, dépollution militaire). • Elle ne comportera toutefois ni plan d’action chiffré, ni ressources supplémentaires, se reposant sur la mosaïque existante : instrument de voisinage, mécanisme d’interconnexion en Europe, fonds de cohésion, Facilité pour la reprise et la résilience. *LES ÉCUEILS D’UNE AMBITION RESTREINTE* Sans feuille de route opérationnelle, l’initiative risque de demeurer un manifeste sans boussole. Les capitales riveraines, Bulgarie et Roumanie en tête, espéraient un pilotage politique au niveau du Conseil, un suivi annuel et des moyens budgétaires fléchés vers la sécurité maritime et les liaisons énergétiques. Or le principe des « trois NON » – pas d’argent neuf, pas de structure nouvelle, pas de législation supplémentaire – bride l’effet de levier européen. Dans le même temps, l’élargissement avance : la Moldavie et l’Ukraine ont ouvert les négociations, la Géorgie s’en éloigne. Ignorer cette dynamique reviendrait à dissocier vision et réalité. *COOPÉRATIONS ET CONCURRENCES* L’UE doit articuler son approche avec : • L’OTAN, garante de la dissuasion conventionnelle ; • L’initiative des Trois-Mers, axe Nord-Sud d’interconnexion ; • L’organisation de coopération économique de la mer Noire (BSEC) et son assemblée, où la Russie conserve un siège ; • Le Danube, artère logistique essentielle pour l’Ukraine et pont naturel vers l’Adriatique. Parallèlement, la relation houleuse avec la Turquie – candidate en dormition, alliée de l’Alliance, rivale énergétique – exige un dialogue calibré : ni complaisance, ni confrontation stérile, mais une gestion pragmatique des interdépendances. *CONCLUSION* La mer Noire n’est plus un lac périphérique ; elle est la ligne de faille où se joue la sécurité continentale, l’accès aux marchés mondiaux et l’avenir de trois États candidats. En choisissant l’option minimale d’une « approche » sans plan-programme, l’Union prend le risque de sous-investir un théâtre décisif. Pour faire contre-poids aux ambitions russes et aux velléités d’autres puissances, elle devra, tôt ou tard, dépasser le registre déclaratoire : définir des objectifs vérifiables, engager des moyens communs, instaurer un mécanisme de suivi annuel et lier résolument sa politique maritime à l’agenda d’élargissement. Faute de quoi, l’horizon stratégique européen resterait brumeux, au moment même où les flots noirs réclament une boussole claire et des actes concrets. https://www.eeas.europa.eu/eeas/black-sea-synergy_en#92009 #MerNoire #SécuritéMaritime #ApprocheStratégique #UE #EuroScope

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5/21/2025, 2:44:20 PM

*LA MER BALTIQUE ENTRE VENTS D’ACIER ET CÂBLES DE VERRE : CHRONIQUE D’UNE VULNÉRABILITÉ STRATÉGIQUE* Dans l’embrun pâle qui voile Helsinki comme Gdańsk, la Baltique ressemble à un vaste miroir de mercure : dès qu’on y jette un caillou diplomatique, mille rides partent en tous sens. Après la chute de l’Union soviétique, on rêva pourtant d’y voir luire un horizon de paix, tel un retour à l’âge hanséatique où l’échange l’emportait sur la discorde. Aujourd’hui, la mer semble plutôt vibrer d’une inquiétude souterraine : les flux énergétiques, les données numériques, les rêves d’autonomie stratégique y circulent sous forme de câbles et de tubes que nul n’aperçoit, mais dont chacun dépend comme d’une artère vitale. Aux confins nordiques de l’Europe, l’eau salée sert de révélateur aux tensions planétaires : la moindre ancre égarée, la moindre coupure de fibre sonne l’alerte dans les chancelleries, car c’est l’intégrité même du grand corps continental qui se trouve menacée. *DE LA GUERRE FROIDE À LA « MARE NOSTRUM » AVORTÉE* Lorsque tomba le Mur, on vit se lever un printemps diplomatique : création en 1992 du Conseil des États de la mer Baltique, installation de zones de coopération transfrontalière, projets écologiques communs pour dépolluer un bassin jadis saturé de phosphate et de pétrole. Stockholm, Varsovie, Tallinn se faisaient fort d’accueillir leurs homologues russes et allemands autour d’une table circulaire, persuadés que le commerce finirait par adoucir les angles de l’histoire. La neutralité finlandaise se mâtinait de coopération, tandis que l’OTAN absorbait l’ancien glacis soviétique sans coup de canon. Pourtant, la confiance ne porta pas jusqu’à l’estran : dès la guerre de Géorgie, la Baltique comprit que l’onde de choc caucasienne se propageait jusqu’à ses fjords. Les illusions se brisèrent net en 2014 avec la Crimée, puis s’évaporèrent en 2022, lorsque la Russie fit tonner ses chars sur les plaines ukrainiennes. Le rêve d’une « Mare Nostrum » s’effondra : la mer devint un théâtre d’ombres où l’on s’épie davantage qu’on ne s’entraide. *UNE TOILE SOUS-MARINE AUSSI FRAGILE QU’INDISPENSABLE* À l’échelle de la planète, plus de 95 % du trafic Internet transite par les grands fonds. Entre Bornholm et le golfe de Botnie, la bathymétrie clémente a poussé ingénieurs et énergéticiens à tisser une toile d’une densité unique : gazoducs Nord Stream, BalticPipe et BalticConnector, fibres C-Lion, Estlink, BCS East-West, câbles haute tension Nordic, interconnexions éoliennes, litanie de conduits reliant neuf rivages en un maillage serré. Chaque tronçon autorise la diversification des approvisionnements, la mutualisation des surplus, l’intégration d’un bouquet grandissant d’énergies renouvelables scandinaves. Mais la vertu de la proximité se mue en faiblesse : faible profondeur équivaut à maintenance aisée, mais aussi à vulnérabilité extrême. Un chalut mal manœuvré, une ancre libérée par un coup de Nord-Est, un stock d’explosifs placé par des hommes-grenouilles : le domino est permanent. *LES INCIDENTS DE 2023-2025 : SYMPTÔMES D’UNE PRESSION CROISSANTE* Depuis l’automne 2023, la chronique balte se lit comme un registre d’accidents suspects : le BalticConnector plié en octobre 2023, deux fibres cruciales sectionnées en novembre, quatre lignes électriques arrachées le 25 décembre, sans oublier le câble reliant Gotland à Ventspils détérioré en janvier 2025 avant qu’un énième segment de C-Lion ne ploie en février. À chaque fois, un navire marchand — porte-conteneurs asiatique, vraquier de la mer de Chine, tanker battant pavillon de complaisance — occupe la scène, moteur au ralenti, ancres absentes, transmissions AIS soudain muettes. Les capitaines jurent leur inadvertance, mais la coïncidence récurrente défie le hasard : cinq dérives majeures en seize mois sur le même théâtre maritime, au cœur d’une guerre russo-ukrainienne où la pression sur la logistique occidentale devient axiomatique. La répétition transforme la Baltique en sismographe géopolitique : chaque avarie marque un pic de tension entre Moscou et les capitales atlantiques. *ENTRE NÉGLIGENCE ET GUERRE HYBRIDE : LE LABYRINTHE DE L’ATTRIBUTION* Accuser reste facile, prouver demeure pétri d’ambiguïtés. Le droit de la mer (UNCLOS) exige de démontrer l’intentionnalité, faute de quoi l’incident relève de l’accident. Les armateurs pointent le dérèglement climatique, la montée des tempêtes polaires, la vétusté d’une flotte mondiale sous-capitale. Les chancelleries, elles, observent la synchronie avec les revers militaires russes et la densité d’opérations psychologiques visant l’opinion européenne. La guerre hybride, concept forgé dans les couloirs de Moscou et théorisé par l’OTAN, exploite justement ces zones grises où la preuve se dissout : un câble coupé freine le débit bancaire, ralentit les bourses, oblige un État à dépêcher une frégate, mobilise un budget de réparation… sans croiser la ligne rouge d’un acte ouvertement militaire. Ainsi s’entretient une atmosphère de fébrilité : nul ne peut affirmer que les Russes sabotent, mais chacun dépense pour se protéger. *« BALTIC SENTRY » ET L’EMPRISE ACCRUE DE L’OTAN* Face à l’hémorragie de soupçons, l’OTAN a levé, le 14 janvier 2025, la mission « Baltic Sentry ». Son mandat est double : dresser un atlas complet des infrastructures critiques et déployer un rideau d’acier sur toute la colonne d’eau. Frégates allemandes et néerlandaises croisent au sud de Bornholm ; sous-marins norvégiens sondent les chenaux d’Aland tandis que drones espagnols scrutent, depuis l’altitude, la signature infrarouge des tankers fantômes. La Finlande, forte de son adhésion récente, fournit des capacités de guerre des mines et l’accès à ses ports en eau profonde. Au QG de Rostock, on compile en temps réel télémétries AIS et images SAR, l’intelligence artificielle demêlant les trajectoires pour repérer un navire dont la dérive excède d’un degré la planification météo-océanique. Le concept : dissuader non par le canon, mais par l’omniscience supposée. Une présence visible force l’adversaire à réfléchir à deux fois avant de traîner son ancre. *L’ARSENAL RÉGLEMENTAIRE DE L’UNION EUROPÉENNE CONTRE LA FLOTTE FANTÔME* Au-delà du parapluie militaire, le continent aiguise la plume juridique : directive NIS2 sur la cyber-résilience des infrastructures critiques, extension du règlement européen sur la protection des actifs énergétiques transfrontaliers, réforme du Code européen des frontières maritimes qui autorise inspections et déroutements pour risques environnementaux. Le seizième paquet de sanctions, adopté le 24 février 2025, cible ouvertement les tankers à coque simple, opérés par des sociétés écrans panaméennes, assurés sur des places offshore inconnues. Une interdiction d’accès aux ports baltes et une suspension des services de classification obligent désormais ces navires à opérer dans une semi-clandestinité dangereuse. Bruxelles meté sur la traçabilité numérique : chaque cargaison russe doit être accompagnée d’un certificat de compliance, faute de quoi l’assureur européen perd son passeport financier. La logique est limpide : priver la Russie d’un débouché logistique tout en la dissuadant de harceler le réseau européen. *IMPACTS ÉNERGÉTIQUES, NUMÉRIQUES ET FINANCIERS : LE COÛT DU SILENCE* Un câble sectionné n’est pas qu’un trait rouge sur une carte bathymétrique. BalticConnector, par exemple, délivre près de 20 % du gaz consommé par la région d’Helsinki ; son arrêt imprévu fait bondir les prix spot finlandais de 40 % et oblige l’opérateur à rabattre la demande sur les terminaux de Gdańsk et Klaipėda, créant un goulot d’étranglement pour la Pologne et la Lituanie. Côté données, la coupe d’une fibre haute capacité ralentit les échanges de marché haute fréquence entre Francfort, Stockholm et Chicago, coûtant chaque jour des millions d’euros en slippage pour les banques d’investissement. Pour les compagnies d’assurance maritime, l’exposition au risque sabotage a gonflé les primes de 18 % depuis janvier 2024. Ainsi se forme un cercle vicieux : plus la menace plane, plus la protection renchérit, plus l’Europe dépense pour défendre ses artères commerciales, moins elle investit dans les chantiers de transition écologique qu’elle ambitionne. *LE DROIT DE LA MER MIS À L’ÉPREUVE : ENTRE LIBERTÉ DE NAVIGATION ET SÉCURITÉ COLLECTIVE* La Baltique est une mer quasi fermée : seuls les détroits danois lui servent de respiration. Le droit international y ménage une étroite bande de haute mer, la plupart des câbles reposant dans les zones économiques exclusives où l’État côtier n’a qu’une juridiction fonctionnelle limitée. Arraisonner un navire battant pavillon tiers exige donc une base légale solide : pollution avérée, absence d’assurance, trafic d’armes, suspicion de piraterie. Les saboteurs potentiels se lovent dans cette zone grise. « Baltic Sentry » remet indirectement en cause cette architecture : exiger la présentation du certificat d’assurance d’un tanker dans une ZEE équivaut à franchir le rubicon entre liberté de navigation et sécurité collective. Or, en posant ce précédent, l’OTAN crée aussi un précédent que la Russie pourrait invoquer ailleurs, en mer Noire par exemple. L’affrontement juridique s’annonce aussi décisif que la bataille navale. *SCÉNARIOS PROSPECTIFS ET PISTES DE SÉCURISATION* Si rien ne change, trois trajectoires se dessinent. Première : l’escalade silencieuse. À chaque revers militaire russe, de nouveaux câbles cèdent, l’OTAN renforce son déploiement, la Russie répond par des manœuvres aériennes, le risque d’erreur de calcul croît. Deuxième : la course à la redondance. Les riverains posent des fibres doublées, installent des capteurs sismiques pour repérer toute intrusion robotisée, développent des micro-satellites relais afin de garantir la continuité des flux de données. Troisième : la codification multilatérale. Finlande et Estonie proposent un protocole d’urgence inspiré des Incidents at Sea US-URSS de 1972, étendu aux infrastructures sous-marines, obligeant tout navire à signaler la perte d’une ancre et à coopérer à l’enquête. À plus long terme, la Baltique pourrait devenir un laboratoire d’innovation : drones de patrouille à hydrogène, stations sonar alimentées par l’énergie houlomotrice, fibres optiques autoguérissantes capables de circonscrire une micro-coupure. Encore faut-il que les décideurs transforment la fébrilité actuelle en impulsion créatrice plutôt qu’en débauche de dépenses défensives. *CONCLUSION* La mer Baltique, jadis trait d’union des ligues marchandes, incarne désormais la corde raide sur laquelle l’Europe avance en funambule. Les câbles qui serpentent sous son limon sont à la fois le réseau sanguin et la boîte noire de notre modernité : ils portent l’électricité verte du futur, véhiculent le verbe numérique, irriguent la finance de Francfort à Chicago. Leur fragilité révèle la cicatrice toujours vive entre l’Ouest et l’Est. En imposant « Baltic Sentry », l’OTAN plante sur ces flots un fanal qui avertit l’adversaire autant qu’il rassure les riverains. Mais nul dispositif militaire ne suffira si l’on n’invente pas, de Stockholm à Saint-Pétersbourg, une grammaire de coexistence fondée sur la transparence, la redondance et l’ingénierie partagée. Car de l’état de ces artères invisibles dépend, plus qu’on ne veut l’admettre, la capacité même de l’Europe à parler, commercer, créer — bref, à rester debout dans les tempêtes d’acier du siècle. https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2025/02/24/three-years-of-russia-s-full-scale-invasion-and-war-of-aggression-against-ukraine-eu-adopts-its-16th-package-of-economic-and-individual-measures/ #SécuritéBaltique #InfrastructuresCritiques #BalticSentry #FlotteFantôme #DroitMaritime #UE #OTAN #Ukraine #Russie #EuroScope

EuroScope : la chaîne sur l’Europe
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5/23/2025, 10:25:51 AM

*LE FINANCEMENT DE LA DÉFENSE SOUS LE NOUVEAU CADRE DE GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE : VERS UN « REARM EUROPE » CRÉDIBLE ?* À l’heure où le marteau de l’histoire bat au rythme des menaces russes et des incertitudes transatlantiques, la Commission européenne a dégainé, le 19 mars 2025, son Livre blanc « Readiness 2030 » et le plan ReArm Europe. Derrière la rhétorique guerrière transparaît une ambition colossale : mobiliser, en théorie, près de 800 milliards d’euros pour ranimer l’arsenal continental. Pourtant, depuis la présentation du texte, les soubassements politiques, budgétaires et juridiques chancellent. Le SAFE, prêt géant censé irriguer l’industrie, vacille sous les critiques du Parlement ; la clause d’échappement nationale (NEC), pierre angulaire du dispositif fiscal, n’a séduit qu’une poignée d’États ; enfin, la Banque centrale européenne redoute un report massif de l’ajustement budgétaire après 2029. Dès lors, la grande fresque défensive promise risque-t-elle de n’être qu’un trompe-l’œil ? *LE CONTEXTE GÉOPOLITIQUE ET LA QUADRATURE DU CERCLE BUDGÉTAIRE* Depuis l’invasion totale de l’Ukraine, l’Union a glissé d’un paradigme post-crise à une économie de sécurité permanente. Les dépenses militaires de l’UE atteignaient à peine 1,3 % du PIB en 2023, loin de la cible OTAN. Or la transition vers une économie d’armement suppose de concilier trois impératifs contradictoires : défendre la souveraineté, respecter une discipline budgétaire rénovée, et garantir l’équité entre Vingt-Sept aux réalités économiques dissemblables. *LE MÉCANISME SAFE : AMBITION FINANCIÈRE ET DÉFAUT DE LÉGITIMITÉ* Conçu comme une ligne de prêts de 150 milliards d’euros adossée au budget de l’UE, SAFE promet des maturités de quarante-cinq ans et dix ans de grâce. Mais la Commission a invoqué l’article 122 TFUE – base juridique d’urgence qui escamote le Parlement. Le 22 avril, la commission JURI l’a jugé inadapté : absence de lien direct avec une crise ponctuelle, éviction du co-législateur, flou sur les garanties démocratiques. Si le Conseil persiste, l’hémicycle pourra saisir la Cour de justice. Sur le fond, l’avantage financier est ténu : l’écart de taux entre une obligation SAFE et la dette française économiserait à Paris à peine 18 millions par an pour 10 milliards empruntés, un souffle face aux besoins capacitaires. Reste un message politique : unissant Berlin, Varsovie et – hypothétiquement – Londres, SAFE pourrait inaugurer un marché obligataire quasi-souverain européen, mais il exige l’adhésion d’un Paris hésitant. *LA NÉCESSAIRE CLAUSE D’ÉCHAPPEMENT NATIONALE : ÉLANS ET DÉSILLUSIONS* Le nouveau Pacte de stabilité autorise chaque État à déroger jusqu’à 1,5 % de PIB sur quatre ans pour la défense. La Commission tablait sur 650 milliards d’euros de dépenses additionnelles. Hélas, seuls seize pays – et non les plus grands, hormis l’Allemagne – ont demandé l’activation avant le 30 avril : l’enveloppe théorique fond à 293-337 milliards. Sans la France, l’Italie et l’Espagne, un tiers de l’impact disparaît. L’argument de « frapper ensemble » en pâtit ; la charge de la montée en puissance se concentre sur les Baltes, la Pologne, la Grèce, déjà au-delà de 2 % de PIB. L’ardoise se déplacera donc vers 2029-2032, période où les règles complètes de réduction de dette redeviendront contraignantes. *LES AUTRES LEVIERS : COHÉSION, STEP ET LA TENTATION D’UNE BANQUE DE RÉARMEMENT* Pour compenser, Bruxelles propose de reprogrammer les fonds de cohésion 2021-2027 : infrastructures à double usage, corridors ferroviaires militaires, cybersécurité régionale. Les États bénéficieraient d’un co-financement UE à 100 %, hors calcul du déficit structurel. En parallèle, la plateforme STEP accueillerait un quatrième pilier « défense », financé via des transferts du Plan de relance. Mais la date butoir d’août 2026 pour engager les fonds du RRF pose un défi de capacité administrative. D’où l’idée, portée par Bruegel et soutenue à l’ECOFIN informel de Varsovie, d’une European Defence Mechanism : agence intergouvernementale, dotée d’une capacité d’emprunt mutualisée et propriétaire d’actifs (SATCOM, DCA). Londres, invité spécial, y verrait un pont post-Brexit. *LES RISQUES MACROÉCONOMIQUES ET L’HYPOTHÈSE D’UN MULTIPLICATEUR FAIBLE* La Commission espère qu’une impulsion défensive dopera la croissance, donc la soutenabilité de la dette. Pourtant les études empiriques placent le multiplicateur militaire autour de 0,6-0,8 – bien moindre que l’éducation ou les transports. Sans gains de productivité duale (drones civils, composants quantiques), l’effet pourrait être neutre, voire négatif, sur la trajectoire de dette des pays à ratio supérieur à 100 % du PIB. L’activation simultanée de la NEC et d’emprunts SAFE risque alors d’accroître la prime de risque si les marchés doutent de la discipline post-2028. *LES DÉFIS JURIDIQUES ET DÉMOCRATIQUES* Utiliser l’article 122 pour un programme pérenne brouille la séparation des pouvoirs et ouvre un précédent : demain, l’énergie ou la santé pourraient-elles contourner le Parlement ? Dans un domaine aussi sensible que la défense, la légitimité populaire est pourtant cruciale pour accepter des sacrifices fiscaux. De même, le contrôle ex post des dépenses – audit, indicateurs communs de performance, traçabilité des commandes – demeure embryonnaire. Sans transparence, le risque de capture par les industriels et de fragmentation des achats plane. *PROSPECTIVE 2025-2030 : TROIS SCÉNARIOS* Si l’on extrapole les dynamiques actuelles, trois trajectoires se dessinent. Le SCÉNARIO « NUCLEUS » : la France rejoint SAFE ; l’Allemagne ratifie une loi de programmation commune ; le couple impose un standard OTAN+EU de 2,5 % du PIB. La BEI adapte son mandat, le marché absorbe 200 milliards d’obligations SAFE d’ici 2028 ; la constellation de satellites ISR européens voit le jour. Le SCÉNARIO « CITADELLE ATIÉDIE » : les blocages juridiques persistent ; chaque État réarme surtout en national, l’agrégat UE plafonne à 1,7 % du PIB en 2030 ; Washington conditionne son parapluie à un effort européen accru, accentuant l’asymétrie. Le SCÉNARIO « BANQUE DE RÉARMEMENT » : l’échec de SAFE pousse une coalition de volontaires (DE-FR-PL-UK-SE-IT) à créer une agence hors traités, capitalisée à 120 milliards, qui émet du papier « Defence Eurobond » adossé à des achats communs de DCA. L’UE se contente d’harmoniser les normes et de financer la R&D de rupture. *CONCLUSION* ReArm Europe devait être l’épiphanie de la souveraineté militaire du continent, mais les réalités budgétaires et les chicanes institutionnelles en font un Rubicon à gué. Sans consensus des grands États sur la clause d’échappement, sans base juridique solide pour SAFE, et sans perspective claire sur le partage de la charge après 2028, le plan risque de s’enliser. L’Union devra soit élargir le champ des ressources propres, soit oser un mécanisme intergouvernemental inédit, soit, plus audacieux encore, graver dans le marbre un « règne budgétaire de guerre » qui sanctuarise la défense hors du calcul des déficits. Faute de quoi, le récit d’une Europe stratège restera lettre morte, à l’heure même où l’ombre des missiles plane déjà au-dessus de nos cités. https://www.bruegel.org/policy-brief/governance-and-funding-european-rearmament #EuroScope #DéfenseEuropéenne #ReArmEurope #SAFE #ClauseÉchappement #GouvernanceÉconomique #SouverainetéStratégique

EuroScope : la chaîne sur l’Europe
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
5/21/2025, 3:13:49 PM

*LES DILEMMES NUCLÉAIRES DE L’EUROPE : ENTRE L’OMBRE DU DÉSENGAGEMENT ET LE FARDEAU DE L’AUTONOMIE* Depuis la triple secousse provoquée par l’annexion de la Crimée, l’invasion à grande échelle de l’Ukraine et l’alternance politique à Washington, la relation transatlantique se trouve engagée dans une danse de funambule. Les capitales européennes interrogent chaque inflexion de discours venant des États-Unis : suffit-il d’une phrase imprudente à la tribune de Munich pour que l’idée d’un « dôme nucléaire » exclusivement européen reprenne corps ? Simultanément, l’opinion publique, encore attachée au désarmement, rechigne à voir ressurgir le spectre des Pershing et des SS-20. Dans ce clair-obscur, l’Europe cherche la voie la moins périlleuse : préserver la dissuasion étendue américaine, accroître son poids conventionnel, moderniser les arsenaux existants et sauver, tant que faire se peut, la dernière charpente d’arms control qui tient encore debout. *UN ÉQUILIBRE STRATÉGIQUE SOUS PERFUSION DE GARANTIES AMÉRICAINES* La pierre angulaire demeure la parole américaine : plus elle se fait nette, plus les États européens se sentent libres d’assumer la quasi-totalité du fardeau conventionnel. À l’inverse, chaque ambiguïté du côté de Washington rigidifie les débats budgétaires et ravive les calculs nationaux. L’Italie réévalue la viabilité politique de son rôle dans la mission des chasseurs à double capacité ; l’Allemagne, tout juste sortie d’une révolution Zeitenwende, oscille entre la volonté de sanctuariser ses F-35 et la crainte de franchir un Rubicon domestique ; la Pologne, déjà engagée dans l’acquisition de J-20 et d’Himars, étudie la faisabilité industrielle d’un « partage » nucléaire bilatéral avec Washington — solution qui contournerait l’obstacle politique d’un arsenal propre mais signalerait à Moscou une escalade du sérieux. Dans ce jeu de chaises musicales, la France et le Royaume-Uni apparaissent comme les piliers que l’on astreint à demeurer stables : leur détermination à maintenir la qualité de leur force océanique stratégique rassure autant qu’elle rappelle les limites physiques d’une dissuasion « mini-bilatérale » incapable à elle seule de suffire à la protection du continent. *DES SIGNES DE DISTANCIATION AMÉRICAINE ET LA RIPOSTE DES CAPITALES EUROPÉENNES* Les déclarations américaines sur la « fatigue du fardeau européen » ont déjà provoqué des réactions concrètes. Paris a réactivé la base aérienne de Luxeuil ; Londres a avancé le calendrier des têtes de nouvelle génération ; Varsovie renforce son Institut pour la sécurité nucléaire, institution jusque-là cantonnée au nucléaire civil. Plus discrète, la Suède, depuis son adhésion à l’OTAN, prépare un cadre réglementaire pour accueillir, si nécessaire, des vecteurs alliés à capacité nucléaire temporaire. Les mouvements de fond sont donc lancés : mise en réserve d’infrastructures, alignement doctrinal sur le « consept de dissuasion intégrée » défendu au Pentagone, et multiplication d’exercices Steadfast Noon élargis à des États jusqu’ici observateurs. Cependant, tous insistent : ces pas ne sont pas la répétition générale d’une dissuasion européenne autonome, mais le gage donné aux États-Unis que l’Alliance n’est pas un passager clandestin. *LE TRIANGLE MODERNISATION, INDUSTRIE ET COHÉSION ALLIÉE* La modernisation nucléaire, pilier technique, devient aussi catalyseur industriel et politique. Les États-Unis renouvellent à la fois leur triade et les bombes tactiques, mais chaque glissement de calendrier fragilise l’édifice psychologique : si l’avion porteur F-35A est livré, alors que les nouvelles B61 tardent, on crée un trou noir dans la crédibilité. De son côté, le Royaume-Uni synchronise son Dreadnought avec le missile Trident II D5LE2 ; un retard côté américain dans la production des ensembles de lancement affecterait le programme britannique tout entier. Les Européens scrutent dès lors la chaîne d’approvisionnement transatlantique : cobalt hautement enrichi, circuits cryogéniques, systèmes de navigation quantique, chaque étape devient baromètre de volonté stratégique. En parallèle, l’Allemagne pilote la coalition European Sky Shield Initiative : une trentaine de pays mutualisent radars, batteries Patriot ou Iris-T, voire, pour la décennie qui s’ouvre, un dôme anti-hypersonique basé sur un laser de puissance, prototype auquel Airbus et Saab consacrent déjà un laboratoire commun. Cette architecture doit convaincre Washington que l’écosystème conventionnel européen protège l’aile orientale, libérant les États-Unis pour le théâtre indo-pacifique sans vider l’Europe de son parapluie atomique. *LE NÉO-CLASSIQUE DE L’ARMS CONTROL : ENTRE REALPOLITIK ET IMPÉRATIF MORAL* La déliquescence de New START a mis à nu la question centrale : comment signer un traité quand l’interlocuteur russe foule déjà aux pieds l’esprit de la non-prolifération ? Les positions divergent : la Lituanie, la Pologne et la République tchèque estiment qu’un gel est devenu illusion, préférant la poursuite d’une supériorité qualitative alliée. À l’inverse, la Norvège et l’Allemagne arguent qu’abandonner le dialogue, même minimal, livrerait la rhétorique nucléaire au seul Kremlin. La France et le Royaume-Uni, tout en défendant la modernisation de leurs forces, rappellent qu’aucune architecture de confiance ne survivra si l’on ne fixe pas, noir sur blanc, le nombre et la localisation des systèmes non stratégiques russes. Pourtant, le débat ne se limite pas à Moscou. Pékin renforce son posture global, et même si la menace directe sur l’Europe reste médiate, les Européens comprennent qu’un futur instrument de transparence devra, tôt ou tard, inclure la Chine et enrayer une course tri-polaire. La véritable innovation pourrait venir d’un protocole trilatéral limité : chiffres globaux, plafond des têtes non déployées, échange de télémétrie sur les essais de vecteurs conventionnels à double capacité. *L’ÉMERGENCE DE SCÉNARIOS ALTERNATIFS : AUTONOMIE, PARTAGE ÉLARGI OU RENÉGOCIATION FONDAMENTALE* Plusieurs groupes de travail européens explorent aujourd’hui des lendemains moins transatlantiques. Premier scénario, qualifié d’« autonomie renforcée » : la France étendrait un parapluie minimaliste à ses partenaires volontaires via un mécanisme de consultation décisionnelle ad hoc et un partage des coûts ; elle disposerait alors d’une profondeur stratégique accrue et enrayerait à court terme les velléités proliférantes. Deuxième option, le « partage élargi » : maintien du leadership nucléaire américain, mais participation d’un plus grand nombre d’États à la mission DCA, y compris Suède et Finlande, couplée à une dispersion géographique des B61-13 sur un arc Mer du Nord-Méditerranée. Troisième piste, radicale, la « renégociation fondamentale » : élaboration d’un traité euro-américain qui codifierait la permanence, voire la présence avancée, d’une composante océanique américaine en mer du Nord en échange d’investissements européens majeurs dans la flotte de la Sixth Fleet en Méditerranée. Chaque trajectoire exige une adhésion populaire, un calcul de soutenabilité financière, une gestion du dialogue avec Moscou et la capacité d’éviter la perception chinoise selon laquelle le parapluie U.S. se fragmente irrémédiablement. *IMPACTS TECHNOLOGIQUES, ÉCONOMIQUES ET SOCIÉTAUX* La réflexion nucléaire n’est plus l’apanage des états-majors. La renaissance d’une ingénierie de l’uranium faiblement enrichi mobilise déjà les universités belges et finlandaises ; les PME allemandes de l’optique quantique voient s’ouvrir des marchés militaires jusque-là clos ; les syndicats italiens réclament des garanties sanitaires pour les techniciens amenés à manipuler les têtes reconditionnées sur la base d’Aviano. Au plan financier, l’anticipation d’un budget défense européen supérieur à 2,5 % du PIB fait flamber les obligations dédiées aux industries aérospatiales ; inversement, la notation ESG de certains groupes pâtit de leur engagement dans la modernisation nucléaire, reflet d’un militantisme anti-nucléaire qui reste puissant dans le Nord italien, les Pays-Bas ou encore l’Autriche. Sur le plan sociétal, les sondages indiquent un clivage générationnel net : les 18-30 ans soutiennent prioritairement la souveraineté européenne, mais demeurent hostiles à tout nouvel armement atomique ; les plus de cinquante ans, mémoire de la Guerre froide, préfèrent la garantie américaine, même imparfaite, à une flambée d’arsenaux continentaux. *PERSPECTIVES PROSPECTIVES À L’HORIZON 2030* Les décideurs européens s’appuient désormais sur des modèles de simulation stratégique intégrant l’IA générative : ces algorithmes mesurent le temps de réaction politique, l’impact des réseaux sociaux et la vitesse de reconstitution industrielle après une crise. Les résultats convergent : le plus grand risque pour l’Europe n’est pas la rupture soudaine de la dissuasion américaine, mais une lente érosion, année après année, couplée à des modernisations mal synchronisées. À l’horizon 2030, cinq jalons se révéleront décisifs : la publication de la Nuclear Posture Review américaine révisée ; la mise à flot du premier Columbia et du premier Dreadnought ; le déploiement complet de la défense antimissile européenne ; la renégociation annoncée du Traité de non-prolifération ; enfin, l’issue du conflit ukrainien, car la manière dont Moscou sortira de cette guerre déterminera le degré de risque perçu et, par ricochet, la confiance dans la dissuasion étendue. *CONCLUSION* La tentation proliférante qui couve en Europe ressemble à une étincelle prisonnière d’une chambre close : tant que l’oxygène transatlantique alimente la flamme de la crédibilité, l’incendie reste contenu. Mais si le souffle se fait rare, les braises accumulées depuis 2014 pourraient embraser des opinions publiques soudain convaincues qu’elles n’ont plus le choix. Les États-Unis, en réclamant un partage équitable du fardeau, doivent mesurer qu’une contribution européenne accrue ne signifie pas un désengagement souhaité ; l’Europe, de son côté, doit prouver que renforcer sa dissuasion conventionnelle et étoffer les arsenaux britannique et français ne vise pas à se passer du parapluie américain, mais à en consolider les piliers. Entre renouveau de l’arsenal, sauvegarde du droit international et pression d’une guerre aux portes de l’Union, la décennie qui s’ouvre testera la résilience d’une Alliance née à l’époque des cassettes analogiques et désormais confrontée aux réalités holographiques de la conflictualité contemporaine. https://www.defense.gov/News/Speeches/Speech/Article/4064113/opening-remarks-by-secretary-of-defense-pete-hegseth-at-ukraine-defense-contact/ #SécuritéNucléaire #DissuasionÉtendue #Modernisation #ContrôleDesArmements #OTAN #Europe #ÉtatsUnis #Ukraine #EuroScope

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EuroScope : la chaîne sur l’Europe
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
5/24/2025, 8:29:46 AM

*VERS UN TEMPS DE RÈGLEMENT ACCÉLÉRÉ : L’EUROPE AU COMPTE À REBOURS* Le 20 mai 2025, la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen (ECON) a voté, à une écrasante majorité, pour raccourcir le laps de temps séparant l’exécution d’un ordre boursier de son inscription définitive dans les livres : de deux jours ouvrés (T+2) aujourd’hui à un seul (T+1). Ce geste, à l’orée des négociations avec le Conseil et la Commission, propulse l’Union dans la course mondiale à la vitesse de règlement et répond à une exigence stratégique : mettre à niveau l’infrastructure financière européenne face aux États-Unis, passés à T+1 depuis mai 2024, et au Royaume-Uni, qui adoptera la même cadence le 11 octobre 2027. *DU T+2 AU T+1 : UN VIRAGE HISTORIQUE* Pendant une décennie, l’Europe s’est accommodée d’un horizon de deux jours pour solder les échanges d’actions ou d’obligations. Mais la marche inéluctable de la concurrence a sonné l’heure du changement. L’étude d’impact d’ESMA, publiée en novembre 2024, chiffre à plus de 3 milliards d’euros par an les gains de capital immobilisé qu’engendrera T+1, signe que la réduction du risque de contrepartie constitue le premier dividende de la réforme. En février 2025, la Commission a déposé son projet de révision ciblée du règlement CSDR 909/2014 ; le Conseil a, le 7 mai, arrêté son mandat de négociation, exemptant toutefois les opérations de financement de titres, trop disparates pour un couperet uniforme. La date pivot de mise en œuvre — 11 octobre 2027 — permettra d’aligner Bruxelles et Londres, éviter les chevauchements de calendriers et ménager aux intermédiaires un temps d’adaptation appréciable. *UNE DYNAMIQUE IMPULSÉE PAR LA CONVERGENCE GLOBALE* L’Amérique du Nord a bougé la première : États-Unis, Canada et Mexique ont tous basculé vers T+1 au printemps 2024, après l’Inde (2023) et la Chine (partiellement en 2020). Cette avance a chamboulé la gestion de trésorerie des investisseurs européens : décalage horaire réduit, besoin de pré-financer les changes, compression des fenêtres de prêt-emprunt de titres. Citigroup observe déjà des « trous de liquidité significatifs » chez près de la moitié des gérants européens confrontés aux règlements transatlantiques plus courts. Sans réaction rapide, l’UE courait le risque de voir s’envoler ses coûts et la compétitivité de ses acteurs. *LES ENJEUX OPÉRATIONNELS ET TECHNOLOGIQUES* Passer à T+1 ne se résume pas à accélérer une horloge. Il faut, dans la nuit qui suit l’exécution, confirmer les ordres, acheminer les espèces (en vingt-sept devises), orchestrer la chaîne des sous-dépositaires et traiter les opérations sur titres. L’industrie s’organise : extension des plages horaires SWIFT, automatisation des correspondances d’ordres, recours accru aux confirmations pré-réelles, élargissement des pools de collatéral. Les dépositaires centraux européens (CSD) expérimentent déjà le règlement en temps quasi réel grâce au programme DLT Pilot Regime et aux jetons de banque centrale « wholesale ». Là où la technologie le permettra, le texte parlementaire autorise même un règlement en T+0, prélude à l’instantanéité. *UN BALLET RÉGLEMENTAIRE SOUS HAUTE SURVEILLANCE* ESMA sera la cheville ouvrière du passage à T+1 : suivi de l’efficacité de règlement, adaptation des normes techniques, rapport à transmettre d’ici 2028 sur la faisabilité du T+0. Le régulateur veillera aussi à la cohérence avec le mécanisme de pénalités CSDR, entré en vigueur en 2022, qui sanctionne chaque jour de retard de règlement. Simultanément, Bruxelles réexamine la clause de rachat obligatoire (buy-in), suspendue durant la pandémie ; son retour éventuel devra s’accorder avec la cadence plus serrée sans alourdir les coûts de marché. *RÉPERCUSSIONS SUR LES ACTEURS DE MARCHÉ* Pour les banques de financement, T+1 libérera du capital réglementaire, mais exigera un renforcement des équipes opérationnelles de nuit. Les asset managers devront rapprocher le cut-off de souscription de leurs fonds, sous peine de déconnexion avec le cycle boursier. Les bourses et chambres de compensation anticipent une hausse temporaire du taux d’échec, le temps que les gérants transfrontaliers rôdent leurs flux. Les sociétés de gestion passive — ETF comme SICAV indicielle — espèrent, à long terme, une réduction du coût total de possession grâce à la diminution des appels de marge et des pénalités. *VERS LE T+0 : UTOPIE OU PROCHAINE FRONTIÈRE ?* L’horizon en temps réel fascine déjà. Le règlement atomic swap via blockchain, couplé à la monnaie de banque centrale, promet de conjurer toute latence. Toutefois, un T+0 généralisé exigerait la conversion instantanée des flux de trésorerie, la mise à disposition garantie de la liquidité en monnaie centrale et une harmonisation mondiale des calendriers, conditions encore lointaines. L’Union, prudente, se contente pour l’instant de ménager la possibilité technique, tout en s’assurant que le saut vers T+1 n’épuise pas les ressources des petites et moyennes banques. *IMPACT MACROÉCONOMIQUE ET COMPÉTITIVITÉ EUROPÉENNE* Au-delà de la microstructure, le raccourcissement du cycle soutient la Boussole de compétitivité esquissée par les rapports Draghi et Letta : des marchés de capitaux plus profonds, un coût du capital abaissé, une circulation fluide de l’épargne vers l’investissement productif. Selon les calculs de la Commission, chaque point de réduction du risque de règlement accroît l’attrait des marchés boursiers européens pour les capitaux internationaux, potentiellement créateurs de 0,1 point de croissance annuelle à long terme. *LE ROYAUME-UNI : CONCURRENCE OU COMPLÉMENTARITÉ ?* Londres, artisan historique du post-marché paneuropéen, a fixé son propre calendrier : 11 octobre 2027 pour T+1, aboutissement d’un rapport technique remis en février 2025 et déjà endossé par le Trésor britannique. Ce parallélisme calendaire avec l’UE rassure les opérateurs qui arbitrent les deux rives de la Manche ; il réduit les risques de fail transfrontaliers et préserve la liquidité de la City dans la gestion des dépôts de collatéral en euros. Bruxelles et Londres collaborent ainsi, dans les coulisses, à l’élaboration de standards de messages ISO 20022 harmonisés. *CONCLUSION : L’ACCÉLÉRATION COMME IMPÉRATIF STRATÉGIQUE* Réduire le cycle de règlement, c’est faire battre plus vite le cœur financier de l’Europe. Dans un monde où la vitesse est synonyme de sécurité, où chaque jour gagné libère des milliards de capital et étouffe le risque systémique, l’Union n’avait d’autre choix que de presser le pas. Mais l’enjeu dépasse la simple cadence : il s’agit d’inscrire la place financière européenne dans le futur numérique, d’attirer l’épargne globale et de consolider l’autonomie stratégique du continent. Si le trilogue aboutit rapidement, le compte à rebours vers octobre 2027 offrira aux acteurs trois années pour transformer leurs tuyaux, réviser leurs horaires et, surtout, cultiver la confiance des investisseurs dans l’efficacité d’un marché unique enfin à l’heure du siècle. https://www.europarl.europa.eu/news/en/press-room/20250519IPR28502/committee-meps-voted-for-shortening-the-settlement-cycle-in-the-eu #Tplus1 #MarchésFinanciers #Compétitivité #UnionDesCapitaux #EuroScope

EuroScope : la chaîne sur l’Europe
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5/24/2025, 7:45:45 AM

*LE PRINTEMPS ÉCONOMIQUE DE L’UNION FACE À LA TEMPÊTE TARIFAIRE* Le 19 mai 2025, dans la salle de presse de la Commission, Valdis Dombrovskis a fait résonner une alarme douce mais continue : l’économie européenne demeure solide, mais le tourbillon protectionniste déclenché par Washington pourrait, demain, fracturer son élan. Derrière les chiffres — une croissance toujours positive mais rabotée, un chômage au plus bas, une inflation enfin maîtrisée — s’esquissent des tensions inédites. Une vérité s’impose : l’Union doit compter sur la vigueur de ses propres ressorts pour traverser l’averse tarifaire sans rompre. *ENTRE CROISSANCE FRIABLE ET RÉSILIENCE SOCIALE* La prévision printanière prévoit pour 2025 un modeste +1,1 % dans l’Union et +0,9 % dans la zone euro, niveaux quasi jumeaux de 2024. Ces taux, quoique appréciables face à l’atonie d’autres économies avancées, traduisent un ralentissement net depuis l’automne : sept dixièmes de point se sont envolés sous l’effet conjugué des hausses de droits de douane américaines, de la volatilité financière qui les accompagne et d’un commerce mondial atone. Mais l’édifice tient : la consommation intérieure, portée par des ménages dont les revenus réels renaissent, assure l’essentiel de l’expansion. *L’OMBRE LONGUE DU PROTECTIONNISME AMÉRICAIN* Depuis janvier, l’administration de Washington multiplie les annonces de surtaxes, culminant le 23 mai avec la menace d’un tarif généralisé de 50 % sur les importations européennes dès le 1ᵉʳ juin. Jamais, depuis les années 1930, pareille flambée douanière n’avait visé le Vieux Continent. Les marchés vivent au rythme de tweets présidentiels et d’échos de couloirs ; la prime de risque grimpe, l’euro chancelle, et les chaînes de valeur s’ajustent en hâte. Dans ses simulations, la Commission anticipe qu’un tel choc amputerait de 0,4 % le PIB mondial d’ici 2026, l’Union cédant environ 0,2 point tandis que l’économie américaine, paradoxalement, encaisserait une contraction plus marquée. Les leçons de l’histoire se rappellent à nous : personne ne gagne une guerre commerciale, mais tout le monde peut s’y perdre. *UN MARCHÉ DU TRAVAIL EN PLEINE MUTATION* Sous ces nuages, l’emploi européen défie la gravité. 1,7 million de postes créés en 2024, encore deux millions attendus en 2025-2026 : jamais la machine à embaucher n’avait paru si robuste avec une croissance si modeste. Le taux de chômage devrait descendre à 5,7 % en 2026, frôlant le plein-emploi dans plusieurs États membres. La tension sur la main-d’œuvre, combinée au rebond de productivité, entretient une hausse nominale des salaires de 3,9 % cette année et 3 % l’an prochain. Corrigée de l’inflation, la rémunération réelle regagne enfin le terrain perdu depuis le choc énergétique de 2022. Ce reflux du malaise social irrigue la consommation : les dépenses privées progresseront de 1,5 % en 2025 puis s’intensifieront en 2026. Pourtant, l’épargne reste anormalement élevée, signe d’une prudence viscérale après un lustre d’incertitudes pandémiques, géopolitiques et climatiques. *INFLATION : DU SOMMET À LA PENTE DESCENDANTE* La flambée des prix appartient désormais au passé : le renversement de la courbe de l’énergie, la réévaluation de l’euro et l’arrivée massive de biens asiatiques moins chers compriment l’indice européen. La zone euro devrait atterrir à 2,1 % en 2025 puis 1,7 % en 2026. Mais l’homogénéité est illusoire : les pays baltes et d’Europe centrale, où les coûts salariaux grimpent vivement, conserveront une inflation proche de 3 %, tandis que l’Allemagne et les Pays-Bas pourraient tomber sous 1,5 %. Cette mosaïque complique la tâche de la Banque centrale européenne, qui prépare un premier ajustement accommodant de ses taux directeurs, mais se heurte à des cycles nationaux divergents. *L’INVESTISSEMENT, NŒUD GORDIEN DE LA COMPÉTITIVITÉ* Là où la dynamique se griffe, c’est dans l’investissement. L’équipement productif, déjà replié de 1,9 % l’an passé, ne progresserait que de 1,5 % cette année : entrepreneurs et industriels diffèrent leurs commandes devant la marée montante des droits de douane et l’incertitude sur la demande externe. À l’inverse, l’immobilier résidentiel se redresse, porté par la détente du crédit aux ménages et la rentabilité restaurée des promoteurs. Les infrastructures et la R&D, alimentées par la Facilité pour la reprise et la résilience, avancent à pas plus résolus ; mais la Commission répète que pour convertir les 10 000 milliards d’euros d’épargne privée en capital productif, il faudra une « Union de l’épargne et de l’investissement » digne de ce nom, mariant marché unique des capitaux, harmonisation fiscale et circuits d’épargne-retraite paneuropéens. *DES FINANCES PUBLIQUES SOUS HAUTE TENSION* Après un déficit agrégé de 3,2 % du PIB en 2024, l’Union s’attend à 3,3 % en 2025 et autant l’année suivante. La dette, stable à 82 % l’an passé, gonflera à 84,5 % en 2026, la croissance nominale ne compensant plus tout à fait la hausse du coût du service de la dette. Onze États membres ont franchi la barre des 3 % ; la liste devrait se réduire à neuf en 2026, mais la perspective d’une clause d’échappement pour dépenses de défense — jusqu’à 1,5 point de PIB par an — risque de retarder d’un an ou deux la décrue de certains ratios. La Commission, consciente de la nécessité de protéger ses frontières à l’Est tout en préservant la crédibilité budgétaire, plaide pour une trajectoire de réduction de déficit calibrée sur le cycle et adossée à des réformes de productivité, plutôt qu’à des coupes horizontales. *LE TABLEAU DES RISQUES : SCÉNARIOS TARIFAIRES ET RÉPONSES EUROPÉENNES* Dans son exercice prospectif, Bruxelles égrène trois récits. Premier récit : la menace américaine se concrétise intégralement ; l’euro se déprécie de 5 %, les échanges cèdent 3 % et la croissance 2025-2026 perd presque un point – avec, en prime, un regain inflationniste sur les biens importés. Deuxième récit : négociations de dernière minute et allègement partiel des surtaxes ; la perte de croissance est limitée à quelques dixièmes et l’inflation poursuit sa décrue. Troisième récit, plus lumineux : signature rapide d’accords de libre-échange (Australie, Inde, Mercosur) et lancement d’un Instrument pour la compétitivité industrielle européenne ; l’effet cumulatif neutralise presque l’onde de choc américaine. Dans tous les cas, la clé réside dans la cohésion des vingt-sept : un front divisé s’expose aux pressions bilatérales, un front uni force la négociation. *LA BOUSSOLE DE COMPÉTITIVITÉ : RÉFORMES ET SIMPLIFICATION* Le 21 mai, la Commission dévoilait son agenda de simplification réglementaire : réduire de 25 % les obligations de reporting pour toutes les entreprises, et de 35 % pour les PME, d’ici 2029. Ce grand nettoyage administratif accompagne la « Boussole de compétitivité », qui fixe des repères clairs : doubler d’ici 2030 la capacité de cybersécurité, tripler la production européenne de semi-conducteurs, quadrupler les installations d’hydrogène vert. En toile de fond, la refonte du cadre de gouvernance économique entrera en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2026 ; elle exigera des plans budgétaires pluriannuels, adossés à un filet de sanctions modernisé mais, surtout, à un contrat de réformes nationales synchronisées. *VERS UNE UNION DE L’ÉPARGNE ET DE L’INVESTISSEMENT* Aujourd’hui, moins de 15 % de l’épargne des ménages traverse les frontières intérieures de l’Union. Cette segmentation prive les PME de capital-risque, renchérit le coût des technologies propres et ampute la productivité. Le plan « Épargne-Investissement » propose d’harmoniser l’imposition des produits d’épargne longue, de réviser Solvency II pour libérer les portefeuilles d’assureurs, et de créer un passeport paneuropéen pour les fonds de retraites professionnels. À la clé : un marché des capitaux de taille comparable à celui des États-Unis, capable d’absorber chocs externes et vagues d’innovation. *CONCLUSION : TRANSFORMER LA TEMPÊTE EN FERMENT DE RENOUVEAU* Tel un navire battu par la houle, l’économie européenne avance entre pièges douaniers et récifs géopolitiques. Sa coque — un marché unique, une monnaie robuste, une société résiliente — demeure solide, mais sa voilure doit s’adapter au vent capricieux d’un monde qui se referme. Les réformes promises — simplification, union des capitaux, défense commune, mutualisation de l’innovation — ne sont plus des options : elles sont le gouvernail. Si l’Union réussit à canaliser ses 10 000 milliards d’épargne, à libérer l’énergie créatrice de ses PME et à parler d’une seule voix face aux géants commerciaux, alors la tempête tarifaire deviendra la forge d’une renaissance. Dans le cas contraire, c’est notre relative prospérité qui pourrait, insensiblement, se dissoudre dans la brume. Le printemps n’est qu’un prélude ; l’été des négociations, l’automne des budgets et l’hiver des décisions détermineront si l’on racontera bientôt l’histoire d’une Europe conquérante… ou celle d’un continent qui aura cédé au souffle du protectionnisme. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/statement_25_1261 #EuroScope #UnionEuropéenne #PrévisionsÉconomiques #CommerceInternational #Compétitivité #Inflation #MarchéDuTravail

EuroScope : la chaîne sur l’Europe
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5/23/2025, 10:42:11 AM

*RENOUVELLEMENT GÉNÉRATIONNEL : LA JEUNESSE AU CHEVET D’UNE AGRICULTURE EUROPÉENNE EN QUÊTE D’AVENIR* Du seuil des fermes de Mazovie aux terrasses ensoleillées d’Alentejo, une même ombre s’étire : celle du temps qui passe sans relève assurée. Plus de la moitié des exploitants européens ont dépassé cinquante-cinq ans ; à peine un sur dix n’a pas encore quarante ans. Or, sans bras neufs, sans esprits audacieux, la terre se fige et les campagnes se taisent. Attirer, installer, retenir les jeunes ne relève plus du simple enjeu démographique : c’est la condition même de la sécurité alimentaire, de la transition écologique et du dynamisme rural. Pourtant, malgré quatre décennies d’efforts de la politique agricole commune, le fossé reste béant entre les ambitions proclamées et la réalité des cours de fermes où l’on guette l’héritier. *LE VISAGE DE LA JEUNESSE AGRICOLE EN EUROPE* À regarder les chiffres d’Eurostat, l’agriculture européenne ressemble à un grand-père affairé : trente-trois pour cent des chefs d’exploitation ont plus de soixante-cinq ans, quand ceux de moins de vingt-cinq ans forment un bataillon famélique. La carte révèle des contrastes cruels : sur l’île de Chypre ou dans l’arrière-pays portugais, la jeunesse agricole frôle la disparition ; en Autriche et en Pologne, elle demeure vivace, portée par des politiques de succession précoces et une appétence pour les circuits courts. Dans l’ensemble, les jeunes femmes restent minoritaires, bien qu’elles jouent souvent le rôle d’innovatrices, notamment dans l’agritourisme et les filières en vente directe. *OBSTACLES SUR LE CHEMIN DES ASPIRANTS AGRICULTEURS* Entrer en agriculture, c’est d’abord trouver un sol où enraciner son projet. Or la terre, objet de spéculations et de convoitises extra-agricoles, s’arrache à des prix qui dépassent les plafonds d’aides ; dans certaines régions néerlandaises, cent mille euros n’achètent guère qu’un demi-hectare. Puis vient le mur du crédit : faute d’historique bancaire et de garantie foncière, plus d’une demande de prêt sur deux émanant d’un jeune agriculteur est refusée. À cela s’ajoute un besoin aigu de savoirs mêlés : compétences technico-agronomiques, maîtrise du numérique, notions de marketing et de finance, sensibilité aux enjeux climatiques. Les formations existent, mais restent fragmentées, coûteuses ou éloignées. Enfin, le quotidien rural pèse : transports rares, connectivité défaillante, services de garde presque inexistants. *LE DISPOSITIF COMMUNAUTAIRE : PROMESSES ET LACUNES* La nouvelle PAC impose aux États membres de consacrer trois pour cent de leurs paiements directs aux moins de quarante ans : aide au revenu complémentaire, dotation à l’installation pouvant atteindre cent mille euros, majoration des taux de subvention aux investissements. Sur le papier, six virgule huit milliards d’euros européens, et deux milliards nationaux, irrigueront quelque trois cent quatre-vingt mille projets. Pourtant, la Cour des comptes européenne l’a rappelé : la générosité est mal ciblée, versée trop tard, inefficace face à la cherté foncière. Quant au programme LEADER, il améliore routes, cantines scolaires, maisons médicales ; il n’enraye pas à lui seul l’exode des plus diplômés. *LA PERSPECTIVE D’UNE STRATÉGIE COMMUNAUTAIRE DE RENOUVELLEMENT* Le Parlement a déjà réclamé une stratégie européenne dédiée, arguant qu’aucun empilement de dispositifs ne remplace un cap clair. La Commission promet de la dévoiler en 2025 : observatoire foncier, passerelles intergénérationnelles, clauses de préemption pour les jeunes, synergies avec la politique de cohésion, prêts bonifiés de la Banque européenne d’investissement — trois milliards annoncés, dont une enveloppe réservée à la jeunesse et aux projets verts. Reste à lever un tabou : faut-il un véritable « droit à la retraite » agricole, assorti d’un accompagnement-relais, pour libérer la terre et le bâti ? Faut-il, comme en Autriche, reconnaître formellement le rôle du successeur une décennie avant la cession, afin de sécuriser ses investissements ? *VERS UN CONTRAT GÉNÉRATIONNEL RURAL* Le défi dépasse la seule comptabilité des âges. Il s’agit d’un pacte sociétal où la ville accepte de payer le juste prix de l’aliment durable ; où l’Europe assume de protéger son sol de la financiarisation ; où les territoires ruraux retrouvent écoles, fibre optique et transports publics. Les jeunes qui reviennent au village portent souvent un bagage universitaire, une conscience écologique exacerbée et l’envie d’entreprendre autrement. Les priver de terre, de capital ou de filet de sécurité, c’est hypothéquer la souveraineté alimentaire de demain. *CONCLUSION* Sans jeunes semeurs, point de moisson. L’Union l’a compris, sans encore trouver la clef. Il faudra conjuguer réforme foncière, ingénierie financière, accès au savoir et revitalisation des campagnes, sous peine de voir certaines régions se transformer en musées agraires. Réussir le renouvellement générationnel, c’est offrir à l’agriculture européenne non pas une simple relève, mais une renaissance, où l’intelligence numérique côtoie la sagesse des sols vivants, et où chaque ferme, fût-elle modeste, devient un laboratoire d’avenir. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0743016721001972 #RenouvellementGénérationnel #JeunesAgriculteurs #PAC #Ruralité #SécuritéAlimentaire #EuroScope

EuroScope : la chaîne sur l’Europe
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5/23/2025, 7:55:40 AM

*LE « GOLDEN DOME » : DE L’ÂGE DU NIKE À L’ÂGE DE L’ORBITAL – CHRONIQUE D’UNE QUÊTE AMÉRICAINE D’INVULNÉRABILITÉ* Depuis le grondement des premiers moteurs-fusées Nike au cœur des années 1950 jusqu’à la proclamation hautaine d’un « Dôme d’or » censé protéger le continent nord-américain de toute fulguration nucléaire, la politique antimissile des États-Unis ressemble à une longue cathédrale inachevée : à chaque travée achevée succède un contrefort abattu, à chaque voûte dressée répond une arcade fissurée par les aléas technologiques, budgétaires ou diplomatiques. L’annonce, le 20 mai, par Donald Trump d’un dispositif céleste intégré, confié à l’US Space Force et fort de constellations capables de traquer puis d’annihiler ogives balistiques, missiles hypersoniques, planeurs orbitaux et essaims de drones, n’est donc pas un simple éclat rhétorique : elle couronne trois quarts de siècle d’oscillations entre rêve de l’abri parfait et réalisme sanglé de traités, entre vertige cosmique et contraintes du Trésor. *LES PREMIÈRES VOILES : NIKE, ZEUS ET LA CONSCIENCE DU CIEL* Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le dogme de la puissance aérienne conduit Washington à redouter avant tout le bombardier porteur de l’arme thermonucléaire. Les antennes de défense tournent alors vers le missile sol-air : le couple Nike-Ajax puis Nike-Zeus incarne la promesse d’un glaive éruptif, mais la nécessité d’enfouir des charges nucléaires au cœur même des intercepteurs révèle la fragilité conceptuelle de l’entreprise : comment sauver une ville en vaporisant sa haute atmosphère au plutonium ? L’Advanced Research Projects Agency – future DARPA – est enfantée par cet embarras autant que par le Spoutnik. *L’ÈRE DES TEMPÊTES COSMIQUES : SENTINEL, SAFEGUARD ET LES TRAITÉS CONTRAIRES* Lorsque le Traité sur l’Espace bannit les armes de destruction massive du domaine orbital, la Maison-Blanche se replie sur le continent : l’architecture Sentinel prévoit dix-sept sites bardés de radars BMEWS, de missiles Spartan à longue portée et de Sprint à accélération convulsive. Les protestations locales et le spectre d’une course aux frags thermonucléaires clouent le projet au sol ; il renaît sous le nom de Safeguard, réduit à la sentinelle des silos Minuteman des Grandes Plaines, ultime garant de la seconde frappe. La logique de la « représaille assurée » prime alors toute ambition d’invulnérabilité. *LA « GUERRE DES ÉTOILES » : RONALD REAGAN ENTRE MYTHE ET PAILLETTES LASER* Au début des années 1980, le regain de tension – SS-20 face aux Pershing II – ranime le rêve d’un bouclier global. Le président Reagan invoque l’IDS : radars en orbite, intercepteurs cinétiques dits Brilliant Pebbles, lasers chimiques embarqués sur plates-formes géostationnaires. Les avancées sont réelles en optique adaptative, en propulseurs à plasma, mais l’implosion de l’URSS et la victoire sans combat du bloc occidental relèguent ces chimères au rayon des prototypes. L’Administration Clinton préfère la défense de théâtre : THAAD, Patriot PAC-3 et Aegis – autant de briques tactiques plutôt qu’un dôme absolu. *LE TOURNANT DES ANNÉES 2000 : DES « ÉTATS VOYOUS » AU RETRAIT DU TRAITÉ ABM* Les essais nord-coréens Taepodong, la rhétorique iranienne et l’attaque du 11 septembre bouleversent la psychologie stratégique : le National Missile Defense Act est voté à la quasi-unanimité en 1999, avant que George W. Bush ne déchire le traité ABM. Deux fermes de missiles Ground-Based Interceptor surgissent alors à Fort Greely et Vandenberg ; l’ONI tisse déjà le réseau de liaisons C2BMC et la flotte Aegis bascule vers la vocation antibalistique. Mais Moscou dénonce un empiètement sur son pré-carré dissuasif ; Prague puis Varsovie paient le prix diplomatique d’héberger radars et silos SM-3. *L’ÉPOQUE HYPERSONIQUE : QUAND LE TEMPS DE VOL DEVANCE LE TEMPS DE DÉCISION* La décennie 2010 voit éclore le planeur Avangard et le missile DF-17 : dix-mille kilomètres-heure, manœuvres imprévisibles, altitude variable. L’alerte infrarouge du SBIRS, pourtant fleuron de la EO/IR américaine, peine à isoler ces signatures volantes mêlées au fouillis orbital. Le Pentagone publie en 2019 sa Missile Defense Review : il y faut des radars à balayage électronique mobile, des capteurs en bande X embarqués sur satellites low cost, et bientôt des intercepteurs montés eux aussi sur orbite basse – sorte de résurgence du concept BAMBI, débarrassée cette fois des limitations énergétiques d’antan. *LE « GOLDEN DOME » : LE SPECTRE DE L’ABRI INTÉGRAL* L’annonce présidentielle de mai 2025 érige le nouveau totem. Son architecture se déploie en deux constellations : la première, de 400 à 1 000 capteurs opto-IR et radar à ouverture synthétique, maillera l’hémisphère pour repérer tout lancement depuis la stratosphère jusqu’au vacuum ; la seconde, à peine deux-cents « sentinelles » armées, croisera sur orbite basse, prêtes à lâcher darts cinétiques ou rafales laser à fibre dopée. Les unités terrestres THAAD et Patriot, les GBI arctiques, les intercepteurs SM-3 Bl IIA des destroyers Aegis et les senseurs AN/TPY-2 formeront les étages inférieurs de cette pyramide défensive. *LA RENAISSANCE DU NORAD : LE CANADA À L’HEURE DES CHOIX* Le ralliement d’Ottawa, porté par le premier ministre Mark Carney, ouvre une ère nouvelle pour le Commandement aérospatial nord-américain. Stations d’écoute dans l’archipel Arctique, radars Over-The-Horizon au Labrador, fibres optiques polaires : le vieux réseau DEW-Line, vestige de la Guerre froide, doit céder la place à un « NORAD next » qui épousera l’architecture orbitale du Dôme d’or. Le financement, partagé à hauteur d’un dixième par le Trésor canadien, octroie à l’industrie d’Ottawa une place sur les contrats des satellites capteurs – allègement diplomatique pour Washington, qui cherche à masquer la tentation unilatérale sous les atours d’une alliance revitalisée. *ENJEUX TECHNOLOGIQUES : DE L’INTERCEPTION CINÉTIQUE À L’ARME ÉNERGÉTIQUE* La cinétique « hit-to-kill » reste l’alpha de l’interception : frapper ogive contre ogive à plus de vingt-mille kilomètres-heure exige des senseurs millimétriques et des calculateurs hybrides couplés à l’intelligence artificielle embarquée. Mais le seuil de saturation, face à des salves multiples ou à des leurres hypervéloces, pousse le Pentagone à ressusciter le laser : fibres dopées à l’ytterbium, miroirs adaptatifs en diamant synthétique, alimentation via micro-réacteurs à sels fondus. Les prototypes LANCE et HELIOS, testés sur châssis navals, deviendront demain la charge utile de satellites patrouilleurs, capables de carboniser une coque de planeur hypersonique avant son pic thermique. *IMPACT GÉOSTRATÉGIQUE : DISSUASION OU DÉSTABILISATION ?* L’arme qui prétend abolir la vulnérabilité menace pourtant de sap er l’équilibre de la terreur : si Washington s’offre un parapluie absolu, Moscou et Pékin pourraient multiplier têtes, trajectoires exotiques ou vecteurs sous-marins comme le drone nucléaire Poséidon. La logique d’action-réaction ressuscite l’esprit même que le traité ABM voulait refréner. S’ajoute l’enjeu du droit spatial : la frontière entre missile orbital et arme de destruction massive est ténue, et l’établissement d’intercepteurs armés sur orbite basse frôle la ligne rouge du traité de 1967. Enfin, l’Europe, déjà arrimée à deux batteries Aegis Ashore, s’interroge : suivre le sillage américain ou investir davantage dans ses propres radars antibalistiques ? *COÛTS ET DÉLAIS : ENTRE MENACE PERÇUE ET RÉALITÉ BUDGÉTAIRE* Cent-soixante-quinze milliards de dollars : le chiffre brandi par le président Trump est colossal mais sans précédent ; pourtant, l’expérience Safeguard rappelle qu’un système opérationnel peut être déclassé par l’adversaire avant même sa mise en service. L’US Space Force, créée en 2019, hérite d’un chantier titanesque : lancer, assembler, piloter, protéger contre le brouillage et le sabotage cyber plus d’un millier de plates-formes en orbite basse. Les lanceurs réutilisables de SpaceX, Blue Origin et ULA absorberont-ils ce carnet de tir ? La question du rythme de déploiement rejoint celle de la vulnérabilité : une constellation dense est robuste mais chère ; une constellation clairsemée est abordable mais perforable. *CONCLUSION* Du Nike-Ajax pétrifié sur ses rampes du New Jersey au futur Sentinel laser filant à l’aube boréale, la défense antimissile américaine poursuit un mirage : neutraliser l’arme absolue sans déclencher la spirale infernale qu’annonce toute tentative de nier la réciprocité létale. Le « Golden Dome » se veut la synthèse définitive de ces efforts, l’auréole protectrice d’une Amérique inquiète de l’ascension technologique sino-russe. Mais il réveille aussi les fantômes de Safeguard et de l’IDS : budgets hémorragiques, sursauts adverses, controverses juridiques. S’il voit le jour, il redessinera la grammaire stratégique du xxie siècle ; s’il échoue, il rappellera que, dans l’équilibre nucléaire, l’invulnérabilité demeure une étoile, lointaine, que nul État ne peut cueillir sans déplacer les constellations elles-mêmes. #GoldenDome #DéfenseAntimissile #USSpaceForce #NORAD #ArmesHypersoniques #EuroScope

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