**INTELLIGENCE ARTIFICIELLE / 200 MILLIARDS D’EUROS POUR L’IA EUROPÉENNE : LA COMMISSION LANCE L’INITIATIVE INVESTAI** La Commission européenne a annoncé, lors de la clôture du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, une nouvelle initiative baptisée **« InvestAI »*, visant à mobiliser **200 milliards d’euros** d’investissements en faveur de l’IA. Dans le cadre de cette initiative, **20 milliards** seront dédiés à la mise en place de **« gigafactories d’IA »*, de vastes infrastructures destinées à l’entraînement de modèles de nouvelle génération. Cette annonce, présentée comme un « **CERN pour l’IA** », souligne l’ambition de l’Union : affirmer l’Europe comme **« continent de l’IA »** en permettant l’accès à des ressources informatiques ultra-puissantes à l’ensemble des acteurs—pas seulement les plus grands industriels. -------------------------------------------------------------------------------- **1. L’initiative InvestAI : un nouveau paradigme pour la compétitivité européenne** 1. **Un fonds paneuropéen de 200 milliards d’euros** Le « budget » d’**InvestAI** s’appuie sur plusieurs sources de financement : • **Programmes de l’UE** : Europe numérique (Digital Europe Programme), Horizon Europe, InvestEU, etc. • **Fonds de cohésion** : Les États membres sont encouragés à rediriger une partie de leurs enveloppes régionales vers des projets IA innovants. • **Partenaires privés** : Le mécanisme sera structuré de façon à ce que les contributions publiques **couvrent le risque**, incitant ainsi les acteurs privés à co-investir massivement. 2. **Quatre gigafactories d’IA** Au cœur de cet effort, l’initiative financera **quatre sites majeurs** (gigafactories), implantés dans différentes régions de l’UE, chacun dédié à : • **La formation de modèles IA de pointe** : systèmes à très large échelle (ex. modèles génératifs, IA appliquées à la santé, etc.). • **Une capacité informatique hors norme** : jusqu’à **100 000 puces IA** par site, soit quatre fois plus que les usines d’IA en cours de déploiement. • **L’ouverture à la R&D collaborative** : L’ambition est de rendre ces infrastructures accessibles à des start-up, chercheurs et PME, afin de multiplier les synergies et favoriser un **développement partagé** de solutions IA au niveau européen. 3. **Un partenariat public-privé inédit** Selon la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ce dispositif est conçu pour favoriser un **écosystème d’innovation ouvert*, similaire au modèle du **CERN**. Les acteurs publics (Commission, États membres) et privés (grandes entreprises, fonds de capital-risque, organismes de recherche) coopéreront afin de : • **Garantir une masse critique de financements**. • **Mutualiser les risques et les compétences**. • **Proposer des infrastructures ultra-modernes** aux innovateurs de tous horizons, y compris les plus petits, afin d’éviter une concentration de l’IA entre les mains de quelques grands groupes seulement. -------------------------------------------------------------------------------- **2. Un levier stratégique pour l’innovation et la souveraineté numérique** 1. **Amplifier l’effet d’entraînement** Depuis décembre 2024, sept « usines d’IA » ont déjà été cofinancées (10 milliards d’euros), démultipliant l’apport privé par un facteur d’au moins 10. **InvestAI** s’inscrit dans cette continuité, avec un saut d’échelle considérable. L’enjeu n’est pas seulement financier, mais **géopolitique** : • **Consolider la souveraineté technologique** : Pour disposer de ressources de calcul à la pointe, indépendamment de fournisseurs non-européens. • **Renforcer la coopération intra-UE** : Les gigafactories formeront un maillage d’excellence au service de toutes les filières (santé, manufacturing, robotique, biotech, etc.). • **Créer un écosystème attractif** : La Commission espère ainsi que l’Europe devienne un pôle d’attraction pour chercheurs et ingénieurs IA mondiaux (visas, financements, synergies industrielles). 2. **Des usages à forte valeur ajoutée** Les gigafactories ne serviront pas uniquement les modèles généralistes. Elles se focaliseront aussi sur des **applications verticales** (par ex. la pharmacologie, la météorologie avancée, ou l’analyse de séquences génomiques). • **Santé** : Obtenir des capacités de calcul pour développer des traitements personnalisés, ou accélérer le séquençage du génome à grande échelle. • **Sciences du climat** : Simuler plus précisément les phénomènes météorologiques et climatiques, en prenant en compte des milliards de données en temps réel. • **Industries 4.0** : Développer des algorithmes pour optimiser les chaînes de production, la logistique ou la maintenance prédictive. 3. **Réduire la fragmentation** Le projet InvestAI répond à la **Critique** souvent faite à l’écosystème européen : trop morcelé, parfois peu coordonné, et un financement insuffisant pour soutenir les projets risqués mais prometteurs. En coordonnant divers programmes UE (Digital Europe, Horizon Europe…) et en incitant les États à diriger une partie de leurs fonds structurels vers l’IA, la Commission veut : • **Accélérer l’émergence** d’un marché intérieur de l’IA, stimulé par des politiques d’achats publics innovants (innovation procurement). • **Dynamiser la collaboration transfrontalière** entre PME, start-up, grands groupes et laboratoires universitaires. • **Maximiser les retombées** dans l’ensemble des régions, pas seulement les capitales ou hubs technologiques établis. -------------------------------------------------------------------------------- **3. Mesures complémentaires : de la formation à l’accès aux données** Parallèlement à InvestAI, plusieurs volets d’action sont évoqués par la Commission : 1. **Financement consacré à l’IA générative** : Les programmes **Horizon Europe** et **Europe numérique** cibleront spécifiquement des projets de recherche sur la génération de contenu, les architectures GPT-like ou la synthèse vocale. 2. **Initiatives de formation et reconversion** : Pour renforcer le vivier de talents, la Commission soutiendra des **formations spécialisées** (masters IA, bootcamps) et encouragera la **reconversion** de travailleurs vers les métiers de l’IA. 3. **Soutien aux start-up et scale-up** : Continuer d’étoffer l’offre d’**equity** et de **capital-risque** via le FEIS (Fonds européen pour les investissements stratégiques), le Groupe BEI, ou de nouveaux outils d’investissement. 4. **Développement des Espaces Européens de Données** : L’accès aux données est critique pour l’IA. Des initiatives sont lancées pour proposer des **réservoirs de données** sectoriels (santé, mobilité, climat, etc.), disponibles pour l’entraînement des algorithmes. 5. **L’initiative « GenAI4EU »** : Soutien à l’innovation dans 14 écosystèmes industriels (robotique, manufacturing, biotech, santé…) via des plateformes de test, des partenariats publics-privés, etc. 6. **Un Conseil Européen de la Recherche en IA** : Pour mutualiser des ressources, réaliser des percées scientifiques et valoriser le potentiel inexploité des données. 7. **Le programme « Apply AI »** : Prévu fin d’année, il visera à stimuler l’**adoption industrielle** de l’IA dans des secteurs stratégiques (énergie, sécurité, défense, etc.). -------------------------------------------------------------------------------- **4. Conclusion et perspectives** Avec **InvestAI*, la Commission européenne marque une volonté de **changer d’échelle** dans sa politique de soutien à l’intelligence artificielle. De 10 milliards cofinancés initialement, on passe à 200 milliards mobilisés, faisant de l’UE l’un des plus grands investisseurs publics au monde dans ce domaine. Cette stratégie se veut **globale**, couvrant tout le cycle de l’innovation : de l’infrastructure physique (gigafactories), à la formation, en passant par la mise en réseau des talents et l’essor de start-up DeepTech. En propulsant l’Europe au rang de pôle IA de premier plan, le projet répond aux **objectifs** de souveraineté numérique et de compétitivité internationale. Les enjeux sont multiples : • **Garantir une IA de confiance**, alignée sur les principes de transparence et de respect de la vie privée ; • **Assurer** que l’ensemble des régions et des PME bénéficient de ces avancées, et pas seulement les multinationales ; • **Concrétiser** les synergies entre la recherche académique, l’industrie et le secteur public, condition d’une reprise d’influence de l’UE face à l’Asie ou l’Amérique du Nord. Le **plus grand partenariat public-privé** dans l’IA à ce jour promet des retombées économiques massives. L’enjeu restera la capacité à **déployer** rapidement les fonds, à **coordonner** les acteurs et à **concilier** innovation et régulation. Les premiers résultats sont attendus dans les prochaines années, avec le démarrage des chantiers de construction des gigafactories, l’élaboration de modèles IA avancés et la structuration d’écosystèmes collaboratifs d’envergure paneuropéenne. **Lien du communiqué** : [EU Commission Press Release on InvestAI](https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_25_467) **#ia #investai #gigafactories #innovation #souveraineténumérique #investissement**