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February 18, 2025 at 03:44 PM
**LA COOPÉRATION SINO-RUSSE DANS L’ARCTIQUE : ENJEUX STRATÉGIQUES, DÉFENSE OTAN ET RÔLE DES ALLIÉS NORDIQUES**
La collaboration croissante entre la Russie et la Chine dans l’Arctique suscite de plus en plus d’attention. Malgré les points de vue arguant d’un « opportunisme » limitant l’ampleur de cette alliance polaire, divers événements (patrouilles navales conjointes, exercice aérien sur l’ADIZ de l’Alaska) montrent une convergence accrue. Dans le même temps, l’OTAN prend acte de la nature « stratégique » de l’Arctique face au renforcement militaire de la Russie et aux ambitions chinoises. Cet article met en évidence l’importance de la coopération transatlantique (et en particulier le rôle des alliés arctiques au sein de l’OTAN) pour contrer ces menaces grandissantes dans la région.
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## 1. L’Arctique, un nouveau terrain de concurrence géopolitique
### 1.1 De l’« espace tampon » au champ de bataille stratégique
* **Fonte des glaces** et accès plus facile : Les mutations climatiques ouvrent l’Arctique à l’exploration pétrolière, gazière, minière et à de nouvelles routes maritimes.
* **Infrastructures critiques** : Potentiel de 90 milliards de barils de pétrole, 30 % du gaz mondial non découvert, 1 000 milliards de dollars en terres rares, etc.
* **Enjeux OTAN** : Contrôle des passages stratégiques, sécurité des pays riverains et maintien des libertés de navigation.
### 1.2 Position dominante de la Russie
* **53 % du littoral arctique** sous souveraineté russe.
* **Ouverture de bases** de l’ère soviétique, déploiement de missiles et de brise-glaces nucléaires.
* **Péninsule de Kola** : Place centrale pour les sous-marins balistiques russes et pour la dissuasion nucléaire.
* **Route maritime du Nord** : Moscou entend imposer ses règles, remettant en cause les normes internationales de liberté de navigation.
* **Menace directe** sur le flanc nord de l’OTAN et sur les intérêts économiques occidentaux.
### 1.3 L’essor chinois, un défi supplémentaire
* **Statut de « proche État arctique »** revendiqué par Pékin.
* **Initiative de la route de la Soie polaire** : Outils économiques, mais aussi potentiellement militaires.
* **Exercices sino-russes conjoints** (patrouilles navales, garde-côtes, bombardiers) révélant une forme d’alignement stratégique.
* **Implication pour l’OTAN** : Risque de double pression, combinant puissance militaire russe et capacités économiques/technologiques de la Chine.
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## 2. L’OTAN comme rempart dans l’Arctique
### 2.1 Nécessité d’une réponse collective
* **Domination US** n’est plus acquise : La Russie investit massivement, la Chine s’implique de plus en plus.
* **Importance vitale** de la coopération OTAN : Partage d’infrastructures, d’informations, d’équipements spécialisés et de forces arctiques habituées aux conditions polaires.
### 2.2 Spécificités de la guerre polaire
* **Environnement extrême** : Logistique compliquée, météo brutale, nuits/jours polaires, etc.
* **Formation dédiée** : Doctrine spécifique, matériel résistant aux conditions arctiques, entraînements conjoints.
* **Pays nordiques** (Norvège, Danemark, Suède, Finlande) et Canada : Expertise historique en opérations par temps froid.
* **Exemples de collaboration** :
- Force expéditionnaire conjointe (JEF) dirigée par le Royaume-Uni.
- MCLCC en Finlande, Nordic Air Force, CTF Baltic (Rostock).
- Centre d’excellence de l’OTAN pour les opérations par temps froid (Norvège).
- Collaboration NORAD entre les États-Unis et le Canada.
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## 3. Combler les lacunes en matière de capacités arctiques
### 3.1 Forces navales et brise-glaces
* **Avantage net de la Russie** avec 46 brise-glaces, patrouilleurs de classe 22100/23550, etc.
* **Réponse occidentale** : Navires adaptés au froid, classe Harry DeWolf (Canada), frégates Thetis (Danemark), pacte ICE (États-Unis, Canada, Finlande) pour développer l’industrie des brise-glaces.
* **Partenariats avec des pays non-OTAN** dotés de brise-glaces (Japon, Corée du Sud, Australie) pourraient renforcer l’OTAN en cas de crise.
### 3.2 Besoins opérationnels
* **Anti-accès/déni d’accès (A2/AD)** : Pour contrer la puissance russe dans la zone.
* **Longue portée** (feux, logistique) et **multi-domain awareness** : Mieux surveiller et intervenir en milieu polaire.
* **Base spatiale** (Pituffik au Groenland) : Infrastructure cruciale pour la défense antimissile et les communications par satellite.
### 3.3 Forces américaines et redéploiement
* **11e division aéroportée « Arctic Angels »** à Anchorage : 11 000 soldats spécialisés, mais parfois détournés vers d’autres priorités.
* **Hypertrophie des menaces** : L’Arctique n’est pas le théâtre principal de la stratégie américaine (pivot vers l’Asie).
* **Rôle incontournable** de l’OTAN, permettant aux États-Unis de compter sur les alliés nordiques pour la sécurité de l’Arctique, afin de dégager des ressources pour l’Indopacifique.
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## 4. Vers une force expéditionnaire interarmées combinée
### 4.1 Leadership nordique au sein de l’OTAN
* **Création d’une force expéditionnaire arctique** : Emmenée par les pays nordiques, soutenue par le Canada et les États-Unis, pour constituer un outil de dissuasion crédible face à la Russie et la Chine.
* **Manque actuel de stratégie OTAN dédiée à l’Arctique** : D’où l’importance d’élaborer une doctrine, de planifier l’infrastructure et de débloquer des ressources (financières, humaines, matérielles).
### 4.2 Préserver la cohésion transatlantique
* Les États-Unis ont besoin de **partenaires engagés** dans l’Arctique pour pouvoir se concentrer sur l’Asie-Pacifique.
* L’OTAN sert de **partage du fardeau** : en s’appuyant sur l’expertise polaire des Nordiques et du Canada, l’Alliance peut empêcher une mainmise sino-russe sur la région.
* Les risques d’une domination sino-russe : Atteinte à la libre navigation, risques économiques, menaces géopolitiques multipliées.
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## Conclusion
La montée en puissance de la **coopération sino-russe** dans l’Arctique rebat les cartes sécuritaires et économiques au pôle Nord. Alors que la Russie continue de renforcer ses positions (bases, missiles, brise-glaces) et que la Chine s’affirme comme « État du proche Arctique » via ses projets (route de la Soie polaire), l’OTAN et les États-Unis doivent ajuster leur stratégie. Les **capacités américaines** dans l’Arctique demeurent limitées, l’appui de l’OTAN apparaît donc indispensable pour dissuader ou réagir à un éventuel conflit. Les **pays nordiques** et le Canada, habitués aux opérations par grand froid, peuvent prendre le leadership d’une **force expéditionnaire combinée*. À terme, la cohésion transatlantique, la spécialisation arctique et des investissements dans des équipements adaptés (brise-glaces, entraînements, infrastructures) permettront de **contenIr** les ambitions russo-chinoises. Dans un monde où l’Arctique devient un champ de bataille géostratégique, seule une approche collective et résolue préserve la sécurité et la stabilité régionales, tout en laissant aux États-Unis la marge nécessaire pour se concentrer sur la région indopacifique.
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