
EuroScope : la chaîne sur l’Europe
February 21, 2025 at 03:08 PM
# **Compétitivité de l’UE : Mario Draghi alerte sur l’urgence d’investir massivement**
## **Un constat alarmant sur la faiblesse de la réponse européenne**
Cinq mois après la remise de son **rapport sur la compétitivité de l’Union européenne**, **Mario Draghi** tire la sonnette d’alarme : l’Europe **n’investit pas assez** et se met en danger face aux dynamiques économiques mondiales. Lors d’une intervention marquée par un ton incisif, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) a dénoncé **l’inaction européenne** en matière de financement :
> **« Vous dites non à la dette publique. Vous dites non au marché unique. Vous dites non à l’union des marchés de capitaux. Vous ne pouvez pas dire non à tout ! »**
Face aux défis économiques, industriels et technologiques, Draghi met en garde contre **le manque de vision et de volontarisme politique des États membres**, freinés par **des blocages institutionnels et des désaccords sur les financements**.
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## **Un besoin massif d’investissements pour l’avenir de l’Europe**
Selon Mario Draghi, l’Europe doit **investir entre 750 et 800 milliards d’euros supplémentaires par an** pour rattraper son retard et renforcer sa compétitivité. Il qualifie cette **estimation de "prudente"**, tant les besoins sont immenses dans plusieurs secteurs clés :
📌 **Transition énergétique et climat** : atteindre les objectifs du **Green Deal** et garantir l’indépendance énergétique.
📌 **Industrie et innovation technologique** : réduire la dépendance aux États-Unis et à la Chine dans les secteurs critiques (semi-conducteurs, IA, biotech, défense).
📌 **Infrastructure et numérique** : moderniser les infrastructures et accélérer le déploiement de la 5G, de l’IA et des supercalculateurs.
📌 **Défense et sécurité** : renforcer les capacités européennes face aux menaces géopolitiques croissantes.
Le constat est limpide : **aucun État membre, même le plus solide budgétairement, ne peut financer seul cet effort colossal**. D’où la nécessité, selon Draghi, **d’une dette commune européenne**, à l’image du plan de relance NextGenerationEU mis en place après la crise du Covid-19.
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## **Les blocages politiques freinent la réponse européenne**
Si le diagnostic est clair, la mise en œuvre d’une réponse ambitieuse est entravée par **les divisions entre États membres** sur plusieurs sujets :
🔹 **Refus d’un nouvel endettement commun** : Plusieurs pays, notamment l’Allemagne, les Pays-Bas et les pays nordiques, **s’opposent fermement à toute nouvelle dette commune**, craignant une dérive budgétaire.
🔹 **Absence de véritable marché unique du capital** : L’**Union des marchés de capitaux** (UMC), censée faciliter les investissements transfrontaliers et mobiliser l’épargne privée pour financer l’économie, **piétine depuis des années**.
🔹 **Manque de volonté d’intégration économique et fiscale** : Des États comme la France et l’Italie plaident pour une **Europe plus intégrée économiquement**, mais se heurtent au refus d’une partie du bloc conservateur.
Face à cette impasse, **Draghi plaide pour un changement des règles de gouvernance** au sein du Conseil de l’UE :
> **« Il faut passer de l’unanimité à la majorité qualifiée pour avancer ! »**
Aujourd’hui, de nombreuses décisions en matière budgétaire nécessitent **l’unanimité des 27 États membres**, ce qui permet à **une minorité de pays de bloquer toute avancée**. Draghi appelle donc à une prise de décision **à la majorité**, comme cela se fait déjà dans plusieurs autres domaines de l’UE.
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## **Deux options pour contourner le blocage institutionnel**
Si aucun accord ne se dégage à l’échelle des **Vingt-Sept**, Mario Draghi appelle à une approche plus pragmatique en utilisant **des outils alternatifs** :
🔹 **La coopération renforcée** : Un groupe d’États membres volontaires pourrait avancer sur certains dossiers stratégiques sans attendre l’unanimité. Cela a déjà été utilisé, par exemple, pour le brevet unitaire européen.
🔹 **Les accords intergouvernementaux** : À défaut d’accord au niveau communautaire, certains États pourraient se regrouper pour financer des investissements stratégiques via des initiatives ad hoc, à l’image du Fonds européen de stabilité financière mis en place pendant la crise de la zone euro.
Ces solutions permettraient **d’accélérer la mise en œuvre des investissements indispensables** et d’éviter que l’Europe ne reste paralysée face aux défis du XXIe siècle.
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## **Conclusion : L’Europe à un tournant décisif**
Le rapport Draghi met en évidence **un choix crucial pour l’avenir de l’UE** :
1️⃣ **Continuer sur la voie actuelle**, avec une approche fragmentée, des financements insuffisants et un affaiblissement progressif face aux autres grandes puissances.
2️⃣ **Adopter une stratégie volontariste**, avec une capacité accrue d’investissement, une mutualisation des efforts et une gouvernance plus efficace.
**Faute d’un sursaut politique, l’Europe risque de devenir un acteur économique et technologique de second rang.** La balle est désormais dans le camp des dirigeants européens, qui devront trancher dans les mois à venir.
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