**VERS UNE NOUVELLE STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR LES START-UPS ET LES SCALE-UP** La Commission européenne vient de lancer, jusqu’au 17 mars, une vaste consultation publique afin de préparer sa **future stratégie pour les start-ups et les scale-up*, dont la présentation est prévue mi-2025. Cette démarche s’inscrit dans une volonté plus large de simplifier le cadre réglementaire et d’**alléger les charges administratives** pour les jeunes entreprises innovantes, conformément aux orientations fixées dans les lignes directrices de la Commission pour la période 2024-2029. L’enjeu est de faciliter la croissance dans le marché unique et de dissuader ces sociétés de chercher de meilleures opportunités hors de l’UE. -------------------- **I. Un contexte stratégique européen en pleine évolution** De nombreuses initiatives récentes servent de point de départ à cette nouvelle stratégie. On peut citer : * Le **SME Relief Package**, qui vise déjà la simplification des obligations des petites et moyennes entreprises. * La **Nouvelle stratégie européenne pour l’innovation (2022)**, ancrée dans le Pacte vert et la transition numérique. * Le **Competitiveness Compass**, qui souligne l’importance de l’innovation pour renforcer la compétitivité de l’UE à l’échelle mondiale. * Les rapports de **Mario Draghi** et **Enrico Letta**, mettant en évidence le rôle moteur des start-ups et scale-up pour la croissance économique et la souveraineté technologique du continent. En particulier, la mission confiée à la commissaire Zaharieva par la présidente von der Leyen illustre la nécessité d’un nouveau plan d’ensemble pour que les start-ups et scale-up puissent atteindre une masse critique de croissance en Europe. -------------------- **II. Diagnostic : des barrières persistantes** Malgré une bonne dynamique de création de start-ups dans l’UE (un nombre comparable à celui observé aux États-Unis), plusieurs freins structurels ralentissent leur expansion : * **Accès difficile aux financements** Le **venture capital** et le capital-développement restent plus limités qu’ailleurs. Les start-ups peinent à attirer des investisseurs internationaux, ce qui se traduit souvent par une pénurie de financements dans les phases d’hypercroissance. Par ailleurs, la protection insuffisante de la propriété intellectuelle dans certaines juridictions de l’UE peut décourager l’investissement. * **Forte fragmentation réglementaire et charges administratives** Avec 27 systèmes nationaux de règles fiscales et de régulations, les start-ups sont confrontées à une **mosaïque réglementaire** qui complique les démarches. Les différences de transposition des normes (ex. reconnaissance des qualifications, procédures d’agrément) freinent le passage à l’échelle. * **Accès restreint aux marchés publics et privés** Les processus de marché public, souvent complexes, manquent de dispositifs favorisant l’innovation. Les start-ups peinent à se faire connaître auprès des acheteurs publics et privés, ratant un tremplin potentiellement décisif pour leur chiffre d’affaires. Au niveau international, elles n’exploitent pas assez les opportunités créées par les **accords de libre-échange** signés par l’UE. * **Pénurie de talents** Le manque de main-d’œuvre qualifiée demeure un écueil majeur. De plus, les procédures d’obtention de visas pour les talents hors UE sont jugées longues et fastidieuses, tandis que la mobilité intra-européenne se heurte aux règles sur le détachement des travailleurs et la reconnaissance des compétences. * **Faible accès aux infrastructures et à l’écosystème R&D** Les start-ups innovantes ont besoin de laboratoires, de plateformes de test et d’accès aux brevets pour concevoir des solutions nouvelles. Or, ces facilités restent inégalement réparties et souvent peu accessibles aux jeunes structures. -------------------- **III. Objectifs : une vision globale pour soutenir la croissance** La Commission entend mobiliser un **large éventail de leviers** : * **Améliorer l’accès au financement** via le développement de l’Union des marchés de capitaux, la mise en place de mécanismes incitatifs pour encourager l’investissement privé (fonds de fonds, régime plus simple de cotation en bourse) et la protection accrue de la propriété intellectuelle. * **Assouplir et harmoniser l’environnement réglementaire**. Il s’agit de réduire les charges bureaucratiques, de rapprocher les réglementations nationales en matière de fiscalité et de droit du travail, et de clarifier les conditions pour exercer dans chaque État membre (guichet unique, documents standards). * **Accroître l’accès aux marchés publics** en simplifiant les procédures d’appel d’offres et en réservant certaines opportunités aux solutions les plus innovantes. Du côté des marchés internationaux, la Commission souhaite exploiter pleinement les clauses des accords commerciaux favorisant les prestations transfrontalières. * **Renforcer la politique des talents** : création de dispositifs facilitant la mobilité des experts à hautes compétences (expansion du label EU Blue Card, procédures accélérées de visas), encourager l’entrepreneuriat dans les cursus académiques et soutenir la formation continue dans les écosystèmes d’innovation. * **Développer un écosystème européen cohérent** : via des partenariats entre universités, centres de recherche et entreprises. Encourager par exemple la création de spin-off à partir de la recherche publique et la mise en réseau des pôles d’innovation (accélérateurs, incubateurs, missions exploratoires dans d’autres États membres). -------------------- **IV. Consultation publique et rôle du nouveau forum Start-ups/Scale-up** La Commission mise sur une **approche participative**. Outre l’appel à contributions en ligne jusqu’au 17 mars, un **forum européen** dédié associera les fondateurs, PDG, financeurs et organisations de soutien aux start-ups. Objectif : rassembler des retours d’expérience concrets pour orienter le volet opérationnel. Une série de rencontres se tiendra en 2025 pour affiner la **feuille de route** avant la publication de la stratégie définitive. -------------------- **V. Perspectives et enjeux** La future stratégie devra s’articuler avec d’autres initiatives de la Commission, telles que : * La **Stratégie pour le marché unique**, qui vise à lever les ultimes barrières nationales pour stimuler la libre prestation de services. * **L’European Innovation Act**, qui pourrait apporter un cadre stable pour des investissements massifs dans les technologies de rupture. * La **Communication sur une Union de l’épargne et de l’investissement**, destinée à faciliter la réorientation des liquidités européennes vers le financement de projets de long terme. Dans un contexte mondial de forte concurrence, l’UE souhaite **préserver et consolider** son potentiel d’innovation. Les start-ups et scale-up sont perçues comme le fer de lance de la transformation numérique et verte. L’enjeu pour l’Europe : éviter la « fuite » de ces pépites vers des places plus attractives et maintenir un tissu d’entreprises innovantes sur le territoire. -------------------- Conclusion La consultation en cours représente une étape majeure dans la construction d’une **stratégie européenne intégrée** pour les start-ups et scale-up. En levant les freins financiers et réglementaires, en favorisant l’accès aux marchés et aux talents, l’UE entend créer un écosystème fertile à l’émergence de nouveaux champions technologiques, capables de répondre aux grands défis du XXIe siècle. Les mesures concrètes qui seront proposées mi-2025 auront vocation à garantir un marché unique plus uni, plus compétitif et plus résilient, au bénéfice de la souveraineté économique et de la cohésion sociale. [Plus d’informations](https://ec.europa.eu/info/law/better-regulation/have-your-say/initiatives/14530-EU-Start-up-and-Scale-up-Strategy_en) #startups #scaleups #innovation #singlemarket #venturecapital #competitiveness #euroscope