### **BITD française : une intensification des menaces depuis le début de la guerre en Ukraine** --- ## **Une résurgence des méthodes d’espionnage dignes de la Guerre froide** Depuis le début de la guerre en Ukraine, la **Base industrielle et technologique de défense (BITD) française** est confrontée à une **augmentation significative des atteintes physiques, cyberattaques et tentatives d’ingérence informationnelle**. Lors d’une **audition au Sénat en juin dernier**, le ministre des Armées, **Sébastien Lecornu**, a alerté sur une **multiplication des intrusions, cambriolages et tentatives d’approche** contre les entreprises de la BITD. Le ministre a décrit des méthodes **directement inspirées des pratiques de la Guerre froide**, mais qui semblent avoir **repris en intensité depuis deux ans**. Il a souligné que ces opérations sont **hautement structurées** et vont **bien au-delà d’attaques informatiques classiques** : > « Ce n’est pas une petite opération de cyberattaque, mais une opération beaucoup plus structurée, où des individus – sous couvert de visites ou de cambriolages en apparence anodins – cherchent à s’introduire dans des industries de défense. Il est clairement apparu que ces actions ne sont pas d’origine domestique, mais bien commanditées par des acteurs étrangers. » Ces intrusions physiques représentent **une menace majeure** pour la sécurité des entreprises stratégiques, exposant des informations sensibles aux services de renseignement étrangers et risquant de compromettre la souveraineté nationale. --- ## **Une recrudescence des attaques informatiques contre la BITD** En octobre dernier, le **Délégué général pour l’armement (DGA), Emmanuel Chiva**, a confirmé cette tendance inquiétante en mettant en avant **la multiplication des cyberattaques contre la BITD**. Selon lui, ces attaques sont **de plus en plus structurées et émanent de services de renseignement étrangers**, visant principalement **les PME et TPE**, souvent **moins bien préparées** à faire face aux menaces cybernétiques sophistiquées. ### **Pourquoi les PME et TPE sont des cibles privilégiées ?** - **Moins de moyens de protection** : Contrairement aux grands groupes, elles disposent souvent **d’une cybersécurité moins avancée**. - **Accès indirect à des informations sensibles** : Elles travaillent fréquemment en **sous-traitance pour les grandes entreprises de défense**, ce qui en fait **des portes d’entrée idéales** pour les hackers. - **Moins de formation à la cybersécurité** : Les employés peuvent **plus facilement être victimes d’hameçonnage (phishing)** ou de **manipulations sociales (social engineering)**. Ces attaques informatiques ont pour but de **dérober des informations sensibles**, mais aussi de **perturber le fonctionnement des entreprises en paralysant leurs infrastructures** via des ransomwares ou des attaques par déni de service (DDoS). --- ## **Une nouvelle menace : l’ingérence informationnelle et la guerre cognitive** ### **Une stratégie structurée pour décrédibiliser l’industrie de défense française** Au-delà des cyberattaques et des intrusions physiques, la **Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD)** a récemment identifié une **troisième menace** : **l’ingérence informationnelle visant à affaiblir et discréditer la BITD française**. Dans sa dernière **lettre d’information économique**, la DRSD alerte sur une **complexification des stratégies de désinformation déployées contre les entreprises françaises du secteur de la défense**. Ces campagnes visent à **fragiliser leur réputation, leur attractivité commerciale et leur crédibilité** sur la scène internationale. ### **Quels sont les mécanismes de cette guerre informationnelle ?** La DRSD décrit un **mode opératoire bien rodé**, utilisant : - **Les médias et réseaux sociaux** pour amplifier la diffusion de fausses informations. - **Des campagnes publicitaires ciblées** financées par des acteurs étrangers. - **La création de médias douteux ou infiltrés** pour produire des « articles à charge » contre la BITD. - **L’achat d’espaces publicitaires et la rémunération d’influenceurs** pour donner un **écho massif** à ces campagnes. ### **L’objectif de ces campagnes de déstabilisation** L’ingérence informationnelle poursuit **trois objectifs stratégiques** : 1. **Relayer des discours critiques contre la politique de défense française**, notamment son soutien à l’Ukraine. 2. **Dénigrer les entreprises françaises de défense**, ce qui peut aussi **profiter à leurs concurrents internationaux**. 3. **Inciter les salariés de la BITD à se mobiliser contre leur employeur**, en attisant des contestations internes et des grèves. La **manipulation des syndicats** est également évoquée par la DRSD. Elle cite **un tract syndical distribué en mars 2024**, dénonçant **« l’offensive de l’industrie de l’armement français au service du capitalisme et des guerres impérialistes »**. Cette rhétorique a été amplifiée par **des médias pro-russes tels que Sputnik Afrique et Pravda**, renforçant ainsi la **désinformation sur la scène internationale**. --- ## **Des menaces physiques allant jusqu’au sabotage** L’espionnage et la désinformation ne sont pas les seuls risques auxquels la BITD doit faire face. **Des actes de sabotage et d’intimidation physique ont également été constatés.** ### **Exemple d’une entreprise ciblée** Dans un cas rapporté par la DRSD, **une entreprise de la BITD a reçu plusieurs menaces par courrier et e-mail**, avant d’être **la cible de quatre jets de cocktails Molotov**. Si ces attaques **n’ont pas causé de dégâts**, elles ont été suivies de **survols de drones répétés**, obligeant l’entreprise à renforcer sa sécurité. ### **Pourquoi ces attaques ?** - **Déstabiliser les entreprises de défense** et les dissuader de poursuivre leurs activités. - **Créer un climat d’insécurité** pour les employés. - **Freiner la production de matériel militaire** destiné à l’Ukraine. --- ## **Conséquences et ripostes face à cette montée des menaces** ### **1. Un renforcement de la sécurité dans la BITD** Face à ces attaques multiples, les entreprises de la défense ont été appelées à **renforcer leur sécurité physique et informatique**. Parmi les mesures mises en place : - **Une surveillance accrue des sites sensibles**, avec une coopération plus étroite avec la DRSD. - **Le développement de formations en cybersécurité**, notamment pour les PME et TPE. - **Des dispositifs renforcés de lutte contre la désinformation**, incluant la mise en place de **cellules de veille stratégique**. ### **2. Une coopération accrue entre les services de renseignement et les entreprises** La **Direction générale de l’armement (DGA)** et la **DRSD** travaillent à une meilleure **coordination avec les industriels** pour anticiper et neutraliser ces menaces. ### **3. Une sensibilisation des acteurs politiques et économiques** L’enjeu dépasse le simple cadre de la défense : la BITD représente un **secteur clé de la souveraineté économique et militaire de la France**. Une **prise de conscience politique et économique** est essentielle pour assurer **une réponse efficace aux menaces croissantes**. --- ## **Conclusion : la BITD sous pression dans un contexte géopolitique tendu** Trois ans après le début de la guerre en Ukraine, la **Base industrielle et technologique de défense française est devenue une cible prioritaire pour les services de renseignement étrangers et les acteurs de la guerre informationnelle**. Entre **intrusions physiques, cyberattaques, campagnes de déstabilisation et actes de sabotage**, la menace est multiple et en constante évolution. La **France doit impérativement adapter ses stratégies de défense et de renseignement** pour **protéger ses industries stratégiques** et garantir sa souveraineté. Dans un monde où la guerre se joue aussi sur le terrain de l’information et de l’espionnage, **la résilience et la vigilance sont plus que jamais essentielles**. 📌 **Source :** [DRSD - BITD française, 3 ans de conflit en Ukraine](https://www.defense.gouv.fr/drsd/actualites/bitd-francaise-3-ans-conflit-ukraine) **#défense #sécurité #bitd #cybersécurité #géopolitique #espionnage #euroscope**