### **Vers un Centre d’Excellence Européen contre la Désinformation : Une Coordination Nécessaire** --- ## **Un constat alarmant : l’insuffisance des outils actuels face à la désinformation** Le **17 février 2025**, devant la **commission spéciale du Parlement européen sur « le bouclier européen de la démocratie »**, **Marc-Antoine Brillant**, chef du service public français **VIGINUM** (chargé de la protection contre les ingérences numériques étrangères), a plaidé pour la création d’un **centre d’excellence européen** dédié à la lutte contre les **opérations de désinformation**. Son argument central repose sur une critique du **Règlement sur les Services Numériques (DSA)**, qui, selon lui, **ne permet pas une réponse efficace en situation de crise**. Le DSA impose aux plateformes de modérer les contenus problématiques et de gérer les risques liés à la diffusion de fausses informations, mais il **n’organise pas une réponse collective et proactive** contre les campagnes de manipulation informationnelle orchestrées par des acteurs étatiques ou non-étatiques. Ce constat rejoint les préoccupations de nombreux experts en cybersécurité et en géopolitique : **les attaques informationnelles sont de plus en plus sophistiquées, rapides et massives**, ciblant aussi bien les processus électoraux que les débats sociétaux ou les intérêts économiques stratégiques des États membres. --- ## **Un Centre d’Excellence pour coordonner et structurer la réponse européenne** ### **Un rôle stratégique pour les États membres** L’objectif de ce **centre d’excellence** serait d’**accompagner les États membres dans la structuration de leurs capacités de réponse et de préparation** face aux **campagnes de manipulation de l’information**. Concrètement, ce centre pourrait : 🔹 **Développer des outils de veille et d’alerte** pour détecter rapidement les campagnes de désinformation. 🔹 **Fournir une expertise technique et stratégique** aux États membres pour analyser l’origine et l’impact des ingérences informationnelles. 🔹 **Coordonner les actions de riposte** en cas d’attaques massives et aider à harmoniser les mesures de contre-propagande. 🔹 **Définir un cadre européen d’intervention rapide**, complémentaire au DSA, pour garantir une réponse efficace en situation de crise. 🔹 **Former les acteurs publics et privés** (administrations, médias, plateformes numériques) aux enjeux de la désinformation et aux méthodes de lutte adaptées. ### **Une approche concertée avec les plateformes numériques** L’une des faiblesses du **DSA** est son approche **essentiellement réactive** : les plateformes sont tenues d’atténuer les risques, mais elles ne sont **pas soumises à des obligations en matière de prévention et de coopération proactive avec les États**. Le centre d’excellence pourrait : ✅ Instaurer un **dialogue structuré et permanent avec les grandes plateformes numériques**, en **améliorant les mécanismes de signalement et de retrait des contenus trompeurs**. ✅ Renforcer la **transparence des algorithmes** qui favorisent la viralité de certaines campagnes de désinformation. ✅ Développer des **protocoles d’urgence** pour les périodes électorales ou les crises majeures (conflits, pandémies, attaques terroristes). --- ## **Un défi géopolitique : anticiper les nouvelles menaces informationnelles** ### **Des campagnes de désinformation de plus en plus sophistiquées** Les attaques informationnelles menées par des États tiers (Russie, Chine, Iran, etc.) ou par des groupes privés sont désormais **hybrides**, mêlant : 🔸 **Des deepfakes ultra-réalistes** pour manipuler l’opinion publique. 🔸 **Des réseaux de bots et de faux comptes** pour amplifier artificiellement des narratifs hostiles. 🔸 **Le détournement des médias traditionnels** pour infiltrer les discours publics. 🔸 **Des cyberattaques combinées à des campagnes de désinformation**, visant à semer la confusion et la défiance. Face à cette montée en puissance, **une réponse purement nationale est insuffisante**. La désinformation se diffuse **sans frontières**, et **l’absence de coordination entre les États européens affaiblit la riposte globale**. ### **L’urgence d’une approche européenne coordonnée** Le **centre d’excellence européen** proposé par **Marc-Antoine Brillant** permettrait à l’Europe de passer d’une **stratégie défensive à une approche offensive et proactive**. En **mutualisant les moyens d’analyse, de détection et de contre-réaction**, l’UE pourrait : ✔ **Identifier plus rapidement les acteurs malveillants et leurs stratégies**. ✔ **Mener des actions ciblées et coordonnées pour limiter l’impact des campagnes de désinformation**. ✔ **Développer des contre-discours efficaces**, adaptés aux réalités culturelles et politiques des États membres. ✔ **Créer une doctrine européenne commune sur la résilience informationnelle**, inspirée des modèles existants en Estonie ou en Finlande. --- ## **Un projet complémentaire aux initiatives européennes existantes** Plusieurs dispositifs existent déjà au sein de l’UE, mais aucun **n’assure une coordination centralisée et stratégique** face aux opérations de désinformation : 📌 **EUvsDisinfo**, initiative du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), recense et expose les campagnes de désinformation, mais n’a pas de rôle opérationnel. 📌 **Le Centre européen de lutte contre les menaces hybrides (Hybrid CoE)** basé en Finlande, se concentre sur la recherche et le partage de bonnes pratiques, sans intervention directe. 📌 **Le DSA**, en vigueur depuis 2023, impose aux plateformes des obligations de transparence et de modération, mais **ne prévoit pas d’action coordonnée en cas de crise**. Le **centre d’excellence proposé** viendrait **combler ce vide opérationnel**, en assurant une **véritable coordination entre les États, les institutions européennes et les plateformes numériques**. --- ## **Conclusion : une nécessité pour la souveraineté numérique européenne** L’Europe fait face à **une intensification des menaces informationnelles**, utilisées comme **arme de guerre hybride** par des puissances étrangères. Face à ce défi, **les outils actuels sont insuffisants**, car trop dispersés et trop réactifs. **Un centre d’excellence européen** serait un **levier stratégique majeur** pour : ✔ **Anticiper les ingérences numériques** et structurer une réponse rapide et efficace. ✔ **Renforcer la souveraineté informationnelle de l’UE**, en évitant une dépendance excessive aux plateformes privées. ✔ **Harmoniser les efforts des États membres**, pour **une politique européenne cohérente et proactive**. Avec les élections européennes de **2029** en ligne de mire et un contexte géopolitique toujours plus instable, **il est urgent que l’Europe prenne l’initiative** et se dote d’un **véritable rempart contre la désinformation organisée**. 📌 **#désinformation #cybersécurité #souveraineténumérique #dsa #sécuritéeuropéenne #euroscope**