Haïdara Mohamed Ibrahim
February 17, 2025 at 02:52 PM
Niger : pays en voie de refondation, mais l’enseignant contractuel reste plongé dans une précarité sans précédent
Par Haïdara Mohamed Ibrahim, Enseignant contractuel, Professeur de F/HG, CEG Diambala
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Introduction : L’éducation sacrifiée, les enseignants méprisés
Le Niger se veut un pays en refondation. Mais comment reconstruire une nation en laissant de côté ceux qui portent l’avenir du pays sur leurs épaules ? Comment parler de développement alors que les enseignants contractuels, qui forment la jeunesse nigérienne, sont maintenus dans une précarité humiliante ?
Nous sommes des milliers à nous lever chaque matin pour enseigner dans des conditions difficiles. Pourtant, nos salaires restent misérables, nos statuts précaires, et nos droits bafoués. Nous avons accepté trop longtemps d’être ignorés. Il est temps d’agir, il est temps d’exiger ce qui nous revient de droit !
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1. Une précarité organisée, un mépris institutionnalisé
L’enseignant contractuel nigérien est un travailleur de seconde zone dans son propre pays. Il accomplit le même travail qu’un enseignant fonctionnaire, avec le même programme, la même charge pédagogique et la même responsabilité. Pourtant, il est payé une misère, sans aucune perspective d’évolution.
Des pécules dérisoires face à une inflation galopante qui étrangle les ménages.
Aucune reconnaissance de l’expérience : un enseignant contractuel reste bloqué à son statut, peu importe ses années de service.
Un mépris administratif total : retards de paiement, conditions de travail déplorables, et aucune sécurité d’emploi.
Nous ne sommes pas des stagiaires. Nous ne sommes pas des travailleurs temporaires. Nous sommes des éducateurs, des formateurs de citoyens, des bâtisseurs d’avenir ! Pourquoi devrions-nous accepter cette injustice ?
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2. Un recrutement en fonction publique : une nécessité, pas un luxe !
Depuis des années, nous réclamons notre intégration dans la fonction publique. Non pas comme une faveur, mais comme une exigence légitime. Ce combat, nous le menons pour la dignité des enseignants, mais aussi pour l’avenir du système éducatif nigérien.
Refuser d’intégrer les enseignants contractuels, c’est condamner l’éducation nationale à une instabilité permanente. Comment espérer une école de qualité quand ceux qui enseignent sont sous-payés, démotivés et constamment menacés de licenciement ?
Chaque gouvernement qui se succède repousse cette question, invoquant le manque de moyens. Pourtant, le même État trouve des milliards pour d’autres dépenses. Pourquoi l’éducation n’est-elle jamais une priorité ?
Nous ne demandons pas l’impossible. Nous exigeons simplement :
1. Une revalorisation immédiate et significative des pécules pour qu’ils correspondent au coût de la vie.
2. Le recrutement sans conditions de tous les enseignants contractuels dans la fonction publique pour mettre fin à cette exploitation.
3. Une reconnaissance légale et statutaire de notre métier pour garantir stabilité et progression de carrière.
Ce ne sont pas des revendications exagérées. Ce sont des droits fondamentaux.
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3. Si rien n’est fait, quelles seront les conséquences ?
Le gouvernement doit comprendre une chose : ignorer les enseignants contractuels, c’est fragiliser tout le système éducatif. Si nos revendications restent sans réponse, alors les conséquences seront inévitables et lourdes :
Une multiplication des grèves, perturbant chaque année le calendrier scolaire.
Une démobilisation progressive des enseignants, réduisant la qualité de l’éducation.
Une fuite des compétences, car les enseignants, fatigués du mépris, chercheront d’autres opportunités ailleurs.
L’État a-t-il les moyens de gérer un système éducatif en crise permanente ? Peut-on se permettre de sacrifier une génération entière d’élèves par manque de volonté politique ?
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Conclusion : Enseignants contractuels, l’heure est venue d’exiger notre dignité !
Nous avons été patients. Nous avons attendu des engagements concrets. Nous avons espéré une prise de conscience. Mais le temps des promesses creuses est terminé.
Nous, enseignants contractuels du Niger, exigeons la reconnaissance de notre travail et de notre engagement. Nous ne nous tairons plus face à l’injustice. Nous ne reculerons pas face au mépris. Notre combat est juste, et nous le mènerons jusqu’au bout.
Enseignants contractuels, restons unis, restons mobilisés !
Haïdara Mohamed Ibrahim
Enseignant contractuel, Professeur de F/HG, CEG Diambala
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