
Actualités Brûlantes du Sahel
February 1, 2025 at 03:28 AM
AES:
La CEDEAO face à l’AES: Quand le discernement contient la folie.
Alors que se rapprochait la date fatidique du 29 janvier 2025, correspondant au délai légal de leur sortie de la CEDEAO, les juntes militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont choisi de fanfaronner avec le panache grotesque qui les singularise, d’ailleurs si peu à leur avantage. Ils ont organisé des manifestations officielles marquant l’an 1 du départ, s’auto-congratulant dans une mise en scène digne d’un vaudeville de cabotins.
À l’occasion, nos généraux félons se sont livrés - une fois de plus - à leur jeu favori, un mélange pathétique d’insultes, de mensonges et de hâblerie, révélant la réalité de personnages de théâtre dont la désinvolture et l’immaturité révèlent une totale déconnexion du monde concret. À l’image des bonimenteurs de foire, le trio des tristes sires se nourrit de ses propres discours et de la fiction qui le sous-tend, s’octroyant des mérites et des qualités qu’ils sont bien incapables de mériter ou de démontrer autrement que par l’abus du slogan et les facilités du verbiage héroïque.
Rien d’étonnant à la démesure de tels égos: Contrefacteurs invétérés, gonflés d’eux-mêmes et toujours plus auto-satisfaits de leur babil, ces producteurs de faconde plutôt que d’action correspondent, en tous points, à la définition du fanfaron, de l'Espagnol «fanfarrón», lui-même de l'Arabe فرفار , farfār, littéralement bavard, inconstant. Déjà, chez les Grecs, le terme Alazon désignait le charlatan, le vantard et, plus largement, l’imposteur, en particulier dans les pièces comiques d’Aristophane. Un auteur nous rappelle d’ailleurs que le mot s’appliquait, d’abord, au marchand ambulant qui s’exerçait, sans scrupules, à la réclame de ses produits frelatés, avant de s’étendre à d’autres secteurs où l’exagération profite de l’ignorance et stimule la crédulité d’autrui.
Le portrait s’accorde, sur mesure, au comportement des trois prétoriens, qui veulent paraître en sauveurs du Sahel. Les pseudo-messies auréolés d’un triomphe imaginaire, se convainquent, ainsi, d’avoir réalisé un exploit historique en « libérant » leurs pays du joug colonial français. Ils se complaisent dans l’autosatisfaction à mesure que l’impitoyable succession des jours atteste de leur échec. Tout au délire d’une gloire surfaite, ils se rêvent en héritiers des résistants africains d’antan et se persuadent d’être mieux éclairés que les pères fondateurs des indépendances.
De Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou, ils s’estiment moralement supérieurs aux régimes démocratiques qu’ils ont renversés. Avec l’aplomb des escrocs, ils proclament avoir déjoué d’obscurs «agendas cachés» entre les lignes des accords de coopération et mis en échec d’hypothétiques plans de déstabilisation, d’exploitation et de pillage des ressources. Comme toute illusion bien rodée se dispense de l’impératif de la preuve, le mythe en cours de fabrication sous nos yeux tisse son fil conducteur: La rengaine du «complot extérieur » ourdi par des puissances étrangères, trop avide des « immenses richesses » du Sahel, suffit à mobiliser l’instinct grégaire d’une foule savamment dressée à applaudir l’imposture. Le laïus du populisme creux, rabâché à longueur de temps, est devenu l’unique argument de légitimation. À les entendre, la moindre déconvenue ou carence et la plus imprévisible catastrophe demeurent imputables à l’ennemi extérieur, jamais un effet de leur incompétence abyssale.
Mais les peuples du Sahel, passée l’euphorie et les leurres de la mise en scène de soi, ne resteront pas dupes de la mascarade. Ils le savent, les militaires, qui usurpent le pouvoir, aujourd’hui, ne sont en rien représentatifs de l’élite de l’armée. Contrairement à d’autres officiers mis à l’écart, dont le professionnalisme et la bravoure s’avèrent difficiles à gommer, nos «généraux d’opérette» ne sauraient se prévaloir d’un haut fait d’armes à leur actif.
Les crâneurs, qui prétendent défier la CEDEAO à coups de gesticulations enfantines, savent combien ceux qu’ils ont écartés les méprisent profondément et ne leur reconnaissent nul honneur. Suivant la logique de la provocation permanente, les tartuffes en treillis ont accouché d’une coquille vide, la fameuse Alliance des États du Sahel (AES) que sa devise condamne au ridicule. Voici une entité fantomatique, dont l’unique fonction consiste à entretenir un climat de tension et cultiver le mirage d’une rébellion contre l’ordonnancement du monde, rien de moins !!!
En face, la CEDEAO adopte une posture bien différente. Son approche rationnelle et responsable privilégie, d’abord, le devenir des populations et le refus de l’escalade. Certes, le choix peut frustrer certains défenseurs de la démocratie. Pourtant, il sacrifie à la raison. Il commande de ne pas céder aux émotions mais d’agir, avec méthode et dans le respect des normes internationales. C’est, là, une sagesse que les putschistes, nés de la négation de la loi, semblent inaptes à comprendre. Parce qu’elle tient au respect du droit, la CEDEAO a laissé flotter, jusqu’au 29 janvier 2025, les drapeaux des trois pays de l’AES. En vertu du même scrupule, elle a fini par les retirer, conformément aux dispositions de son traité. L’Organisation continue de sacrifier à la prudence et de s’imposer la retenue, traitant individuellement chaque État, sans égard à une AES, fruit de l’imagination débridée de ses artisans. Aussi, a-t-elle évité de fermer ses frontières aux ressortissants de l’ensemble fictif et maintenu, à leur profit, la libre circulation des biens et des personnes.
Néanmoins, la tolérance précitée ne durera pas éternellement. Comme le rappelle le Brexit, où le Royaume-Uni a dû négocier sa sortie de l’Union européenne sur plusieurs années, la CEDEAO applique une procédure ordonnée et conforme aux usages du genre. Or, à terme, les conséquences tiennent de la certitude: D’ici l’expiration du premier semestre de 2025, les porteurs du titre de voyage et des pièces d’identité de l’AES se verront imposer des visas et ne pourront plus utiliser le passeport CEDEAO, ni y résider en permanence, voire créer des entreprises librement. Tous les projets et programmes de développement soutenus par la Communauté s’arrêteront, les facilités de financement disparaîtront et l’isolement diplomatique s’intensifiera. Sans appuis de la CEDEAO, les régimes d’exception, quoique auréolés de leur orgueil, se retrouveront bien seuls face aux pesanteurs de l’incurie. Moscou est plus proche de Damas et, pourtant…
En géopolitique, les actes d’imprudence se paient assez cher. Le Roi Hassan II aimait à souligner que « l’illusion est la première apparence de la vérité. Mais tôt ou tard, les illusions s’évaporent et la réalité s’impose. » Nos généraux-fanfarons devraient méditer la leçon avant de se faire rattraper par les arrêts sans appels du fatum. Encore faudrait-il qu’ils en soient capables.
Docteur Mohamed Camara
📢 Suivez les Actualités Brûlantes du Sahel!
Restez informé des événements majeurs du Sahel avec deshc informations fiables et vérifiées.
👉 Abonnez-vous ici : https://www.facebook.com/share/p/1A8DHKKtkV/
❤️
🙏
2