Actualités Brûlantes du Sahel
Actualités Brûlantes du Sahel
February 2, 2025 at 12:51 PM
AES- CEDEAO: La rupture consommée: L'heure des mauvais comptes pour le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO marque une rupture brutale avec un cadre d’intégration régionale qui leur assurait d’innombrables bénéfices économiques, commerciaux et sociaux. Ce divorce précipité, décidé par des régimes militaires plus préoccupés par leur propre survie que par le bien-être de leurs populations, aura des répercussions profondes sur tous les segments de la société. Toutefois, il est impossible d’évaluer avec précision l’ensemble des conséquences désastreuses qui découleront de cette décision. Nous nous limiterons ici à quelques secteurs clés qui seront gravement affectés dans ces pays, tout en sachant que l’impact de cette rupture s’étendra bien au-delà des exemples que nous exposons. Comme le rappelle le Saint Coran : « Et ne suivez pas les pas du Diable, car il est pour vous un ennemi déclaré. Il ne vous ordonne que le mal et la turpitude, et de dire contre Allah ce que vous ne savez pas. » (Sourate 2, Al-Baqara, versets 168-169) Les dirigeants inconscients, mus par l’orgueil et l’aveuglement, entraînent ainsi leurs peuples vers des lendemains incertains, dictés par des choix purement idéologiques et populistes. Mais comme toute erreur politique majeure, celle-ci aura un coût que seule la population aura à payer. Les pays de l'AES ont acté leur départ de la CEDEAO ce 28 janvier 2025 malgré tous les efforts de médiation et toutes les initiatives pour les en dissuader. Si les putschistes qui se sont engagés dans ce suicide volontaire, veulent faire croire qu'ils ont pris la bonne décision, de durs lendemains attendent leurs populations privées d'avantages considérables et de droits acquis. Le Niger: Le pays est le principal producteur et exportateur d'oignons en Afrique de l'ouest avec une production annuelle avoisinant les 750.000 tonnes en 2020. Environ 46 % de cette production est destinée à l'exportation, soit, près de 345 000 tonnes. Parmi les principaux marchés d'exportation, la Côte d'Ivoire occupe une place centrale. Au fil des années, le volume des exportations vers cette destination a augmenté et atteint une valeur de 21, 4 milliards de fcfa en 2023. L'oignon nigérien est acheminé tout au long de l'année vers les pays voisins, en particulier, vers les États côtiers tels que le Nigéria, le Bénin, le Togo, le Ghana et la côte d'Ivoire. Jusqu'à présent, le Niger bénéficiait des accords de libre-échange au sein de la CEDEAO qui garatissaient à ses produits agricoles notamment l'oignon une exonération des droits et taxes au cordon douanier. Une dérogation qui lui permettait d'être compétitif face à l'oignon importé des Pays-Bas qui, lui, est taxé à des taux prohibitifs. Ainsi, l'oignon du Niger a réussi à s'imposer sur les marchés régionaux en particulier en Côte d'Ivoire où il fait face à la concurrence de l'oignon hollandais. Naturellement, maintenant que le Niger est sorti de la CEDEAO, il perd son traitement de faveur et risque donc de ne plus avoir la même compétitivité qu'avant. Désormais, l'oignon nigérien sera soumis au même régime que celui importé d'Europe. Ce qui pourrait réduire, significativement, son attractivité sur la plate-forme sous-régionale. A terme, c'est toute la filière de production qui est menacée car l'oignon hollandais, produit, industriellement et avantagé par une logistique stable a toutes les chances de déclasser l'offre nigérienne. Cette éventualité malheureuse pourrait avoir un impact direct et négatif sur des milliers de producteurs nigériens, en particulier, ceux des régions de Galmi et d'Agadez qui fournissent le gros de la production nationale. En l'absence d'un circuit de commercialisation et de débouchés sur les marchés extérieurs, les prix locaux risquent de s'effondrer. Ce qui occasionnera une perte de revenus drastique pour les paysans. Toute la chaîne de valeurs contrôlée par des Nigeriens qui sont impliqués dans la commercialisation, les transports, ou d'autres activités autour de l'oignon exporté, est menacée. Au-delà des producteurs et de leurs partenaires commerciaux, c'est toute l'économie nigérienne qui pourrait souffrir des difficultés d'exportation et de commercialisation de l'oignon nigérien, dans la mesure où une source importante de devises tarira à un moment où le pays manque cruellement de ressources. Le Burkina: En choisissant de quitter la CEDEAO, ce pays du Sahel, enclavé fait un pari risqué. Il renonce aux nombreux avantages économiques et commerciaux dont il jouissait au sein de cette communauté régionale. Il y'a fort à parier qu'une économie qui est déjà ébranlée ne survivra pas à l'isolement. Par ailleurs, les producteurs, hommes d'affaires, entrepreneurs Burkinabé présents dans les pays membres de la CEDEAO seront pénalisés, lourdement. Le Burkina a profité des dispositions de la CEDEAO en matière de libre circulation des biens et des personnes, de désarmement tarifaire et douanier, pour avoir des échanges dynamiques et fructueux avec ses Etats membres. En 2022, les exportations Burkinabé dans l'espace CEDEAO représentaient environ 390, 9 milliards de fcfa avec une part belle aux pays de l'UEMOA, soit 348,5 milliards de fcfa. Parmi les principaux produits exportés, on retrouve le coton, du bétail, des denrées alimentaires notamment les céréales, des peaux et du cuir. Ces produits qui soutiennent l'économie Burkinabé étaient acheminés sans entraves ni tracasseries douanières sur les marchés de la sous-région: Côte d'Ivoire, Ghana, Togo et le Benin. Il faut s'attendre maintenant à ce que ces échanges soient compromis. Les produits burkinabé seront, dorénavant asujétis aux mêmes taxes que ceux importés de pays étrangers à la communauté. Ce qui est un désavantage sur un marché concurrentiel. Le coton Burkinabé, par exemple, qui était drainé vers les industriels textiles des pays chariés par l'océan Atlantique pourrait voir son prix d'achat augmenter dans des fourchettes insoutenables. Du coup, d'autres pays qui offrent des prix plus alléchants, seront explorés par les acheteurs de la région. Le commerce de bétail très florissant, lui aussi, pourrait être frappé, de plein fouet. La côte d'Ivoire qui est un marché porteur appliquera des taxes à toutes les bêtes Burkinabé. Ce surcoût, pourrait provoquer une chute brutale des ventes au grand dam des éleveurs et négociants. Un autre facteur à considérer est le rôle prépondérant des opérateurs économiques Burkinabé dans les chaînes de distribution des produits agricoles et du bétail dans les pays de la CEDEAO. Sur les places commerciales comme la côte d'Ivoire, le Benin, le Togo et le Ghana, la majorité des intervenants, d'amont en aval, sont de nationalité Burkinabé. Ils contrôlent les circuits d'acheminement, de stockage, et de vente des différents produits en provenance du Burkina et seront donc forcément lésés par la décision de leur pays de se retirer de la CEDEAO. Avec l'augmentation en perspective des coûts d'importation des produits burkinabé, beaucoup d’opérateurs burkinabé risquent de perdre leurs parts de marché au profit de nouveaux fournisseurs. Ils sont contraints de revoir leurs prix à la hausse et de rendre ainsi leurs produits inaccessibles. La rupture du Burkina avec la CEDEAO ne concernera pas que les marchandises, mais, touchera aussi les travailleurs et entrepreneurs Burkinabé, installés dans les pays de la CEDEAO. Des milliers de Burkinabé, opérateurs économiques, grossistes, détaillants, éleveurs et transporteurs qui prospéraient grâce aux accords de libre-échange, pourraient perdre leur statut privilégié, voire, se retrouver menacés dans leurs activités lucratives à cause de contraintes et restrictions inédites. Si des mesures spécifiques ne sont pas prises pour négocier des accords bilatéraux qui maintiennent le statu quo, ces acteurs économiques se retrouveront dans la precarité ou se verront simplement obligés de baisser le rideau. Sur le plan macro-économique, il y'a à craindre que le Burkina ne subisse une réduction importante de ses recettes en devises. En perdant ses avantages commerciaux, le pays verra ses exportations réduites et ses revenus fiscaux fondre. Cette situation accentuera les difficultés économiques dans un contexte de défis notamment en matière de stabilité économique et de sécurité financière. Sans un cadre de coopération efficiente, alternatif à la CEDEAO, le Burkina risque une chute brutale de ses exportations et une crise dans plusieurs secteurs clé qui mettront en péril les moyens de subsistance de ses citoyens dépendant des échanges commerciaux. Mali: Bien que les chiffres varient en fonction des sources, et des estimations des uns et des autres, il est possible d'évaluer le manque à gagner potentiel en se basant sur les données disponibles. En 2022, les exportations totales du Mali, étaient estimées à environ 3,5 milliards de dollars. Dans l'assiette de ces exportations, une part conséquente est destinée aux États membres de la CEDEAO, notamment le coton brut qui représente 8,8 % des exportations totales, soit environ 308 millions de dollars. Le commerce de bétail, surtout, des bovins, constitue 4,1 % des exportations, soit environ 143, 5 millions de dollars. Avec le retrait du Mali de la CEDEAO, ses exportations pourraient être soumises à des droits de douane et à des barrières non tarifaires. Ce qui rendrait ses produits moins compétitifs que par le passé sur le marché régional. Si l'on considère une baisse potentielle de 20% des exportations vers la CEDEAO, en raison des nouvelles barrières, le manque à gagner, pourrait s'élever à peu près à 90 millions de dollars pour le coton brut et 28,7 millions de dollars pour le bétail. En outre, une diminution des investissements directs étrangers et une réduction de l'aide au développement qui pourraient découler de la rupture des accords avec la CEDEAO sont susceptibles d'accroître le déficit budgétaire et la ruine économique. Les estimations varient certes mais tout le monde s'accorde à reconnaître que le Mali, dans les prochains jours, pourrait perdre des centaines de millions de dollars en raison de la diminution des investissements et de l'aide internationale. En somme, le Mali, en se détournant de la CEDEAO, compromet son développement économique en renonçant à des avantages et opportunités qui lui sont indispensables. Les pays de l'AES, se mordent la queue en se détachant de la CEDEAO, un moteur d'intégration régionale et puissant outil de développement économique. La bêtise au pouvoir a toujours un coût élevé pour les peuples. Conclusion: Si les putschistes de l’AES s’imaginent pouvoir se suffire à eux-mêmes après leur divorce avec la CEDEAO, la réalité viendra rapidement les ramener sur terre. Car le Mali, le Niger et le Burkina Faso partagent un handicap géographique majeur: ce sont des États enclavés, totalement dépendants des infrastructures portuaires des pays de la CEDEAO pour leur commerce extérieur. Ni Bamako, ni Niamey, ni Ouagadougou ne possèdent de débouchés maritimes. Toute leur économie repose donc sur l’accès aux ports de pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin ou encore le Sénégal. C’est à travers ces corridors logistiques vitaux que transitent leurs exportations et importations, depuis le bétail et le coton jusqu’aux denrées alimentaires, carburants et équipements industriels. En se coupant volontairement de la CEDEAO, ils s’exposent donc à des restrictions commerciales, des taxes douanières prohibitives et des blocages administratifs qui alourdiront inévitablement leurs coûts de transport et freineront leur économie déjà chancelante. Leur position d’îlots coupés du monde, cernés par des États qui ne leur doivent plus aucun passe-droit, annonce des temps difficiles. Ce sont les peuples qui en paieront le prix, alors que leurs dirigeants, ivres de leur propre arrogance, persistent dans une fuite en avant destructrice. Comme l’a dit Montesquieu: « Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle qui se couvre des apparences de la légalité et se donne pour le manteau de la justice. » Les putschistes ont prétendu agir au nom de la souveraineté et de la liberté. Mais en réalité, ils ont enchaîné leurs nations dans un isolement suicidaire, condamnant leurs propres peuples à la régression et à la pauvreté. Samir Moussa 📢 Suivez les Actualités Brûlantes du Sahel! Restez informé des événements majeurs du Sahel avec deshc informations fiables et vérifiées. 👉 Abonnez-vous ici : https://www.facebook.com/share/p/1A8DHKKtkV/
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