
Actualités Brûlantes du Sahel
February 8, 2025 at 04:43 AM
Mali:
Hécatombe sur l'axe Gao-Labzanga: les FAMA et leurs supplétifs russes tombent dans une embuscade des plus meurtrières.
Ce vendredi 7 février 2025, le Mali a été endeuillé par une tragédie nationale. Les forces armées nationales et leurs alliés russes de Wagner ont tenté de mener une opération d'envergure contre l'Etat islamique au grand Sahara ( EIGS). La démonstration de force prévue a tourné court et surtout a coûté cher au corps expéditionnaire qui a été littéralement décimé. Le convoi très impressionnant, composé d'au moins 100 véhicules sous bonne escorte des FAMA a échoué, dans la journée vers 14 heures, dans une embuscade, soigneusement, préparée par l'EIGS aux portes de Gao, à Kobe, située à 30 km seulement de cette ville.
Le bilan est dramatique: Au moins 50 civils ont été tués. Parmi ces victimes, des chauffeurs, convoyeurs et passagers. Le nombre de soldats maliens, tués aussi, est très élevé, même si pour l'instant aucun chiffre exact n'a été communiqué ni publié. La junte malienne enregiste de nouvelles pertes en vies humaines, très lourdes, parce que dans une réaction d'orgueil, comme à son habitude, elle s'est engagée à déloger les groupes terroristes de leurs territoires et tanières à travers tout le Mali.
Depuis plusieurs mois maintenant, l'EIGS, exploite l'axe Gao-Labzanga qui débouche sur la frontière nigerienne, sous son contrôle total. Le groupe terroriste y prélève des taxes sur tous les véhicules, y compris ceux de l'Armée ou de l'Etat. Un accord non écrit mais respecté par toutes les parties lie l'EIGS aux usagers de la route. Un protocole de fait scellé grâce aux bons offices de l'administration régionale qui, a imaginé une solution pour éviter à Gao, coupée du reste du Mali et de l'Algérie une asphyxie totale. Les commerçants ne pouvant assurer leur ravitaillement au Mali et en Algérie n’ont plus d’autres possibilité que de se ravitailler au Niger.
Le compromis trouvé a permis de poursuivre les activités économiques et les échanges commerciaux malgré le blocus imposé par l'EIGS.
Le 28 janvier 2025, un bus a été mobilisé pour acheminer la taxe mensuelle aux djihadistes conformément au gentleman agreement conclu avec eux. A son bord, des éléments lourdement armés et habillés en tenue civile ont pris place. Ce sont eux, utilisés comme cheval de troie, qui ont tiré à bout portant sur les personnes depêchées par l'EIGS pour récupérer l'argent collecté pour lui. Tous les émissaires du groupe terroriste ont trouvé la mort sur place. Un casus belli qui ne pouvait pas être classé sans suite pour qui connaît l'esprit de vendetta des terroristes.
Depuis cet épisode sanglant, plus aucun véhicule n'avait quitté Gao en direction de Labzanga, ni n'avait circulé dans un sens ou l'autre de ce tronçon.
Dans la matinée de ce vendredi, un impressionnant convoi rassemblant des dizaines de bus, camions et véhicules de particuliers a quitté Labzanga pour Gao, sous haute protection.
L'itinéraire du convoi était le suivant: il devrait être escorté par les mercenaires russes depuis Labzanga jusqu'à Ansongo. De là, il devrait être pris en charge par les forces armées maliennes pour le reste du trajet jusqu'à la destination finale, c'est-à-dire, Gao. Les mercenaires russes ont bien accompli leur mission jusqu'à Ansongo où les FAMA qui les attendaient ont assuré la relève. Le convoi a poursuivi sa route sous bonne escorte des forces armées nationales maliennes.
A 30 km à peine de Gao, à Kobe, un piège mortel a été érigé. Embusqués, les combattants de l'EIGS ont déclenché une attaque d'une violence rare. Les tirs nourris, combinés à des engins explosifs improvisés ont sémé la panique et provoqué une véritable débandade. Des dizaines de véhicules ont été détruits par des flammes. Très vite, le convoi s'est disloqué sous le feu roulant de l'attaque-surprise.
Le dispositif militaire chargé d’assurer la sécurité du convoi était composé de 10 véhicules équipés chacun d’une arme collective de type 14.7 ou 12.7. Lors de l’attaque, un seul véhicule a pu échapper, un autre a été détruit et incendié, tandis que les 8 restants ont été saisis par l’EIGS avec toutes les armes. Ce développement est particulièrement inquiétant, car il signifie que les djihadistes se sont emparés d’un arsenal important qui risque de les consolider.
Les soldats maliens, débordés par l'ampleur et la violence de l'attaque ont essayé de se défendre en ripostant avant de se résoudre à prendre la poudre d'escampette. Certains, se sont jetés dans le fleuve Niger pour ne pas essuyer des balles, d'autres, plus malheureux, ont été exécutés, séance tenante. Les soldats tombés, sont nombreux. L'EIGS, n'a pas fait de quartiers. Le groupe terroriste criminel vient de faire encore la démonstration qu'il dispose d'une puissance de feu redoutable et qu'il n'est pas dans l'improvisation, bien organisé, sur le plan militaire et opérationnel.
A Ansongo où se trouvaient les mercenaires russes qui avaient assuré la première étape de la mission, la nouvelle de l'embuscade meurtrière, a provoqué une vive émotion suivie de représailles violentes. Furieux, les hommes de Wagner ont entrepris de se replier sur Gao avec armes et bagages sans demander leurs restes. Sur le chemin du retour, ils ont tiré sur tout ce qui bouge, commis des atrocités. Des témoins attestent que les mercenaires ont abattu, froidement, des innocents, pour la plupart des passagers, affolés, ayant survécu au carnage. Des populations croisées aussi au détour du chemin. Une répression sanglante qui risque d'alimenter encore et davantage la colère et l'indignation au sein des communautés locales, victimes à la fois des menaces djihadistes et de la brutalité des forces engagées sur le terrain.
Les FAMA et leurs supplétifs russes viennent d'enregistrer un énième revers cuisant. L'opération conjointe initiée pour restaurer l'autorité de l'Etat sur une route de grande fréquentation et vitale pour l'économie malienne, s'est soldée par un désastre humain et militaire. Loin d'être affaibli, encore moins défait, l'EIGS envoie le signal fort qu'il reste maître de l'axe Gao-Labzanga et n'entend pas céder un pouce de ses territoires conquis.
Le goulot d'étranglement qu'est devenu l'axe, âprement disputé, unique voie d'accès à Gao dont la survie en dépend, est source d'anxiété et de désarroi pour les populations impactées par la crise. Sans approvisionnement en provenance du Niger ni alternative viable, l'on peut craindre une crise humanitaire imminente et féroce.
Alors que les autorités maliennes de transition n'ont pas encore réagi aux tragiques événements, des questions se posent: Wagner et les FAMA vont-ils chercher à se venger comme ils en ont pris l'habitude en engageant de nouvelles opérations d’exactions contre des innocentes populations civiles ou vont-ils plancher sur de nouvelles stratégies? L'EIGS, en position de force, ragaillardi par l'exploit qu'il vient de réaliser va-t-il chercher à pousser son avantage en se lançant dans de nouvelles conquêtes?
Ce qui est sûr et certain, rien ne sera plus comme avant sur un axe instable avant la dernière escalade qui accroît les risques de belligerance et rend davantage les positions irreconciliables dans une logique de confrontation ouverte. Tout porte à croire que dans la région désormais, c'est la veillée d'armes dans un climat d'incertitudes et d'insécurité permanente.
Malheur au vaincu. Et, les populations, dans tout ça?
Samir Moussa
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