Actualités Brûlantes du Sahel
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February 10, 2025 at 06:28 PM
Niger: L’ONU dénonce la détention “arbitraire” de Mohamed Bazoum et exige sa libération immédiate. Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a officiellement qualifié la détention de Mohamed Bazoum, président nigérien renversé, et de son épouse Hadiza Bazoum, "d’arbitraire”, dans un avis rendu public ce lundi. L’instance onusienne demande leur libération immédiate et la reconnaissance de leur droit à réparation, mettant ainsi une pression supplémentaire sur le régime militaire en place à Niamey. Une séquestration dénoncée par la communauté internationale. Renversé par un coup d’État militaire le 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum est depuis retenu avec son épouse dans sa résidence présidentielle à Niamey, sans accès à sa famille, ses avocats ou ses proches. Seul un médecin est autorisé à leur rendre visite, chargé d’apporter des médicaments et de la nourriture. Dans son avis, l’ONU souligne que “les privations de liberté de Mohamed Bazoum et de Hadiza Bazoum sont arbitraires”, insistant sur le fait que le régime nigérien “n’a fourni aucune justification légale à la durée de leur détention ni à l’absence de procès devant une juridiction compétente”. Des interventions diplomatiques de haut niveau, en vain: Depuis plusieurs mois, de nombreuses interventions ont été menées pour tenter d’obtenir la libération de Mohamed Bazoum et de son épouse. Parmi les médiations notables figurent celles du roi du Maroc Mohammed VI, qui a tenté d’user de son influence pour obtenir un règlement pacifique de la situation, ainsi que des autorités qataries, qui ont engagé des discussions discrètes avec la junte militaire. Cependant, ces efforts se sont heurtés à un refus catégorique du général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire. Selon plusieurs sources bien informées, Tiani aurait confié en privé que, pour rien au monde, il ne libérerait Mohamed Bazoum et son épouse. Une position inflexible qui conforte l’idée que l’ancien président nigérien est avant tout un otage du chef de la junte, bien plus qu’un simple prisonnier politique. Des accusations “bancales” rejetées par l’ONU: Interrogé par l’ONU, le régime militaire dirigé par Tiani affirme que Mohamed Bazoum aurait eu des “échanges avec des forces obscurantistes ennemies du Niger pour commanditer une attaque avec l’aide de puissances étrangères”. Des accusations qui, selon Niamey, s’apparenteraient à un “complot contre la sûreté de l’État et intelligence avec des puissances étrangères”. Cependant, l’ONU rejette ces arguments, estimant qu’aucune preuve concrète n’a été apportée pour justifier la prolongation de cette détention sans jugement. Reed Brody, membre du collectif d’avocats du président déchu, s’est félicité de cette décision: “Les Nations Unies ont rejeté les explications bancales du Niger et confirmé ce que le monde sait déjà: le président Bazoum est enfermé de manière cruelle et illégale.” Un isolement renforcé et des recours judiciaires ignorés Depuis octobre 2023, Bazoum a été totalement coupé du monde extérieur, son téléphone ayant été confisqué par le régime en place. Cette détention dans des conditions strictes a déjà été condamnée par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch. En décembre 2023, la Cour de justice de la CEDEAO avait ordonné la libération immédiate de Mohamed Bazoum, une décision restée lettre morte alors que le Niger a depuis annoncé son retrait de l’organisation régionale. En juin 2024, une “Cour d’État”, créée par la junte militaire, a levé son immunité présidentielle, ouvrant ainsi la voie à un éventuel procès pour atteinte à la sûreté nationale. Cependant, aucune date d’audience n’a été fixée à ce jour. L’étonnante complicité de Mahamadou Issoufou: Alors que la communauté internationale et plusieurs personnalités influentes se mobilisent pour obtenir la libération de Mohamed Bazoum, une attitude intrigue particulièrement les observateurs: celle de son ancien compagnon de toujours, l’ex-président Mahamadou Issoufou. Longtemps présenté comme le mentor et allié indéfectible de Mohamed Bazoum, Issoufou n’a jamais publiquement exigé sa libération, alors même qu’il a conservé une influence considérable sur les cercles de pouvoir à Niamey. Derrière ce silence assourdissant, nombreux sont ceux qui y voient une complicité assumée avec la junte plutôt qu’une simple prudence stratégique. Selon plusieurs sources, Issoufou n’a aucun intérêt à voir son successeur libre, car cela l’obligerait à affronter le regard d’un homme qu’il a trahi. Certains observateurs estiment que la détention de Bazoum arrange Issoufou, lui permettant d’éviter que son propre rôle dans la crise nigérienne ne soit exposé. D’autres vont plus loin en suggérant que l’ancien président pourrait avoir activement contribué à ce que son successeur reste sous séquestration, par crainte des révélations ou des répercussions politiques qu’un retour de Bazoum pourrait provoquer. Un président qui revendique toujours son mandat: Élu en 2021 lors du premier transfert démocratique de pouvoir au Niger, Mohamed Bazoum n’a jamais officiellement démissionné et continue de revendiquer sa légitimité en tant que président en exercice. Malgré la pression internationale et les appels répétés des Nations Unies, des ONG et des gouvernements étrangers, le régime militaire reste sourd aux demandes de libération. La décision de l’ONU vient donc renforcer la position de ses soutiens et pourrait relancer la mobilisation pour obtenir sa remise en liberté. Samir Moussa 📢 Suivez les Actualités Brûlantes du Sahel! Restez informé des événements majeurs du Sahel avec deshc informations fiables et vérifiées. 👉 Abonnez-vous ici : https://www.facebook.com/share/p/1A8DHKKtkV/
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