Actualités Brûlantes du Sahel
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February 11, 2025 at 04:19 PM
Niger: Lamine Zeine: un premier ministre usé sur un fauteuil éjectable Le Premier ministre de la junte nigerienne est rattrapé par la dure réalité du pouvoir et paye cher son alliance contre-nature avec le groupe d'officiers qui a fait irruption dans le palais présidentiel. L'illusion a fait long feu tout comme d'ailleurs la réputation surfaite du premier ministre importé du Tchad. Ali Mahaman Lamine Zeine, affublé de l'épithète trompeuse de technocrate rompu à la tâche se révèle un piètre commis qui a échoué dans son ambition de grandeur et ses calculs de devenir khalife à la place du khalife. Nommé par la junte nigérienne premier ministre après son coup d'Etat absurde de juillet 2023, il n'est plus que l'ombre de lui-même, désormais, un homme en sursis, dépouillé de toutes ses prérogatives, sans aucune influence ni aucun brin de crédibilité. Son avenir est derrière lui. Nul besoin de consulter les oracles pour réaliser que le premier ministre de façade malgré la fausse assurance qu'il affiche est homme fini, même s'il continue de forcer la situation. Le personnage est un adepte des faux-semblants. Derrière son apparrente bonhomie et ses discours rassurants se profile un homme débordant d'ambitions pris à son propre piège. Le jeu de dupes avec les militaires s'est retourné contre lui et scelle définitivement son sort. Lorsque le Président Mohamed Bazoum a été renversé, en juillet 2023, Lamine Zeine rongeait ses freins à N'Djamena, la capitale tchadienne. Ceux qui ont échangé avec lui où l'ont rencontré dans ce moment critique de l'histoire politique du Niger se souviennent qu'il avait eu des mots très durs à l'encontre des putschistes dans un torrent de critiques acerbes. A juste raison, il avait estimé que les militaires n'étaient pas aptes à diriger le Niger, que ce pays n'avait pas besoin de coup d'Etat qui, à ses yeux, est un recul et un danger. Quelques jours plus tard, le langage avait changé, la posture était différente, bref, il y'a eu un revirement spectaculaire et opportuniste. Lamine Zeine, accepta, d'emblée, le poste de premier ministre qui lui a été offert par la junte honnie par lui. Un émule de l'ancien président nigerien Mahamadou issoufou qui, comme chacun le sait, n'a pas d'égal, lorsqu'il s'agit d'avoir des " convictions réversibles". Quoi qu'il en soit, en se reniant comme il l'a fait, Lamine Zeine a déçu, tout seul, a ruiné le capital de sympathie et d'estime dont il a pu bénéficier auprès de l'opinion publique nigérienne et de la communauté internationale. Pour beaucoup, il est devenu l'archétype des " intellectuels" prêts à tronquer leurs convictions pour un poste dans l'appareil d'Etat ou dans les arcanes de l'administration publique. En réalité, Lamine Zeine est un personnage plus complexe qu'il n'y paraît. Sous des airs d’amabilité et de courtoisie, il dissimule une ambition dévorante. Il ne faut pas commettre l'erreur fatale de le juger sur parole, car il tient un discours de séduction et de démagogie. Il joue sur les apparences et les illusions pour mieux se vendre . Ceux qui l'ont pratiqué ou ont eu l'occasion de travailler avec lui, disent de lui qu'il est "une fausse valeur" : il est doué pour se valoriser, mais lorsqu'il est commis à la tâche, ses limites apparaissent au grand jour, à la lumière crue des résultats. Il est dépourvu de toute vision et bien loin d'être un homme de dossiers. En réalité, ce n’est qu’un brasseur de vents aux compétences limitées, ce qu’il cherche à dissimuler par la complaisance et une affabilité feinte, masquée derrière un rire charmeur qui dissimule mal son vide intellectuel. En se compromettant avec la junte, Lamine Zeine se figurait en homme providentiel et nourrissait le secret espoir que les militaires, limités à la gestion de la transition et dépourvus de réelles compétences en gouvernance finiraient par lui céder les rênes du pays. Il s’est convaincu que les militaires sont conscients de leur manque d’expérience et de qualifications pour gouverner. Il voyait dans la transition une formidable opportunité à ne pas manquer pour se construire une certaine stature, un moyen de se positionner comme un homme du destin qui a accompli une mission impossible. Il a espéré dans l'ombre des militaires briller de mille feux en tirant les ficelles, en jouant les premiers rôles. Cette arrière-pensée politique s'est heurtée à l'agenda caché des militaires et à leur projet sournois de ne pas partager le pouvoir, de ne pas céder une portion de leur autorité, en attendant d'arriver à leur objectif ultime de confiscation du pouvoir. L'illusion du pouvoir pour un Premier ministre marginalisé. Profitant de l'état de grâce de tout nouveau promu et sans doute aussi de la fragilité des putschistes à leurs débuts, Lamine Zeine a tiré son épingle du jeu, en obtenant de cumuler ses fonctions de Premier ministre avec celles de ministre des Finances. Le mandat des finances pour lui, permettrait de contrôler les ressources du pays et donc de tisser sa toile d'araignée à travers le pays en vue d'avoir une solide assise nationale. La réalité fut toute autre. Dès son entrée en fonction, la junte a scié la branche sur laquelle il est assis en lui ôtant tout pouvoir de décision, en réduisant à la portion congrue toutes les attributions concédées sur le papier. Le premier ministre, ministre des finances ne l'est que de nom et ne tient qu'un rang protocolaire et symbolique dans ses fonctions purement honorifiques. Aujourd'hui, Lamine Zeine n'est qu'un simple figurant, n'étant pas dans le cercle de décisions, snobé aussi par les membres du conseil national pour le salut de la patrie ( CNSP). Lamine Zeine, pour se donner plus de poids, avait réussi à placer à la tête du Ministère du Pétrole, des mines et de l'énergie, son binôme et alter égo, Mahaman Moustapha Barké. Ce portefeuille clé devrait permettre au tandem de faire main basse sur les principales richesses nationales. Le "protégé" sera vite débarqué du navire gouvernemental. Et, comme un malheur n'arrive jamais seul, l'ancien ministre a été arrêté en janvier 2025 et jeté dans la prison de Filingué pour des malversations financières. C'est sans doute un signal fort que la junte envoie au premier ministre pour lui signifier qu'il est sur une corde raide. Le premier ministre, certainement, sonné par la tournure des événements, se fait rare et vit dans la réclusion. Le Président de la transition ne lui a donné de ses nouvelles que pour l'informer dans un bref entretien de l'incarcération de Moustapha Barké, très cher à son cœur. Qui pour succéder à Lamine Zeine ? La question se pose avec acuité, car le poste de premier ministre ressemble à un cadeau empoisonné. La junte qui a perdu toute confiance en Lamine Zeine depuis un an lui cherche, désespérément, un successeur. Des personnalités de grande renommée comme Ibrahim Assane Mayaki et Aichatou Mindaoudou ont été consultées. Toutes ont décliné l'offre, ne voulant pas s'associer à un régime de plus en plus décrié et isolé, frappé par les sanctions internationales. La situation devient intenable avec une crise économique et politique insoluble. Le poste de premier ministre comporte trop d'écueils et d'insécurité que toute personne responsable et lucide ne voudrait pas affronter pour rien au monde au risque de sombrer. Le limogeage de Lamine Zeine est irréversible et n'est plus lointain. Il sait à quoi s'en tenir après la très discrète perquisition récemment opérée à son domicile. Un incident qui laisse entrevoir de possibles poursuites contre lui. Après l'avoir utilisé comme caution à son coup d'Etat, la junte peut se passer de lui, n'ayant plus besoin de ses services. Son sort rappelle étrangement celui de ses homologues du Mali et du Burkina Faso, évincés après avoir servi de faire-valoir à des régimes militaires autocratiques et liberticides. A tout moment, Lamine Zeine peut quitter ses fonctions, tombé en disgrâce, dans le collimateur de la junte. Tant pis pour lui. Personne ne le regrettera ou ne le pleurera. Son image illusoire de technocrate éprouvé, compétent et intègre a été sabordée par lui. Il restera dans l'histoire comme un homme qui a rangé ses principes dans un tiroir afin d'accéder à la fonction de premier ministre. Il s'est laissé pressé comme un citron avant d'être jeté. Les anciens collaborateurs du Président Tandja Mamadou peinent encore à croire que l'homme en qui leur mentor avait placé toute sa confiance est sans caractère ni éthique. Le défunt président qui tient à la loyauté et à la rigueur doit se retourner dans sa tombe de voir son ancien protégé se faire hara kiri. Si Lamine Zeine n'avait pas succombé à la tentation d'être premier ministre d'une junte, il aurait conservé son honneur et sa crédibilité. Il a choisi de tout sacrifier pour un pouvoir éphémère et dégradant. Il en paye le lourd tribut. Son éviction prochaine sera le coup de grâce. Le Niger ainsi que la communauté internationale l'ont déjà rangé dans les oubliettes si ce n'est ne l'ont jeté dans les poubelles de l'histoire où il sera mieux logé que dans sa future résidence de retraite. Lamine Zeine double jeu ou tentatives de survie. Lorsqu’il est reçu par des chefs d’État étrangers ou des diplomates influents, Lamine Zeine n’hésite pas à charger la junte, qu’il décrit comme butée et incompétente. Il plaide auprès de ses interlocuteurs pour qu’ils l’aident à ramener les militaires à la raison, jouant la carte de l’homme pragmatique, désireux de rétablir les relations du Niger avec ses partenaires traditionnels. Devant les institutions européennes et internationales, il se présente comme un modéré, un homme en désaccord avec la politique conflictuelle de la junte. Il tente ainsi de de se dissocier des problèmes, plaidant en coulisses pour une normalisation des relations, tout en restant officiellement fidèle aux putschistes. Mais cette stratégie ne trompe personne. Samir Moussa 📢 Suivez les Actualités Brûlantes du Sahel! Restez informé des événements majeurs du Sahel avec deshc informations fiables et vérifiées. 👉 Abonnez-vous ici : https://www.facebook.com/share/p/1A8DHKKtkV/
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