Actualités Brûlantes du Sahel
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February 14, 2025 at 11:45 AM
Mali : La Junte en État d’Alerte Face à une Simple Rumeur sur le Retour de l’Imam Mahmoud Dicko Depuis plusieurs jours, une rumeur persistante enflamme la toile malienne : l’imam Mahmoud Dicko, figure emblématique de la contestation, serait sur le point de revenir à Bamako le 14 février 2025 après un exil en Algérie. Cette seule hypothèse a provoqué une réaction sécuritaire d’une ampleur inédite de la part des autorités militaires, révélant à quel point la junte au pouvoir craint l’influence toujours grandissante de cet homme. Mais l’imam n’a jamais confirmé ce retour. Il ne sera pas à bord du vol que ses partisans s’apprêtaient à accueillir et que les militaires se préparaient à intercepter. Pourtant, cette seule rumeur a suffi à déclencher une mobilisation sécuritaire d’exception, digne d’un pays sous menace terroriste majeure. Un dispositif sécuritaire hors norme Le document N°0366, un ordre de service officiel, témoigne de l’ampleur des mesures prises par la junte. Celles-ci vont bien au-delà d’une simple surveillance, laissant entrevoir une véritable stratégie de répression préventive. Parmi les actions mises en place : • Déploiement massif des forces de l’ordre aux points stratégiques de Bamako, notamment à l’aéroport international Modibo Keïta. • Mise en alerte des unités d’intervention, prêtes à agir en cas de mobilisation populaire. • Surveillance accrue des partisans de l’imam Dicko et des leaders religieux ou politiques pouvant organiser un accueil. • Possibilité d’arrestations préventives visant toute personne soupçonnée d’agitation. • Restriction des communications et contrôle des réseaux sociaux, afin d’entraver toute coordination des sympathisants. Ce niveau de vigilance, rarement observé au Mali, est symptomatique d’un pouvoir fébrile, qui voit en Dicko un adversaire capable de fédérer le mécontentement populaire. Pourquoi la junte craint-elle Mahmoud Dicko ? L’influence de Mahmoud Dicko dépasse le cadre religieux. Ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali, il s’est imposé ces dernières années comme un acteur politique majeur, jouant un rôle déterminant dans la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en 2020. Son retour représenterait : • Un catalyseur pour une opposition éclatée, capable de rassembler divers mécontents : islamistes modérés, opposants politiques, et une partie de la jeunesse déçue par la transition militaire. • Un défi direct au pouvoir de la junte, qui souffre d’une légitimité contestée et peine à apporter des réponses aux crises économique et sécuritaire du pays. • Un signal fort pour la communauté internationale, qui verrait dans ce retour un possible basculement du rapport de force politique. En clair, l’imam Dicko est aujourd’hui perçu comme le seul capable d’unifier et de structurer une contestation efficace contre la junte. Un aveu de faiblesse de la part des militaires Le fait que la junte ait jugé nécessaire de déployer un tel arsenal sécuritaire contre une simple rumeur en dit long sur son état de fébrilité. Un pouvoir sûr de lui n’aurait pas besoin de mobiliser ses forces de sécurité pour empêcher l’arrivée d’un leader religieux. Cette réaction excessive trahit une peur profonde d’un soulèvement populaire. Car si la junte se sentait solidement ancrée, elle aurait simplement ignoré cette rumeur ou aurait géré la situation avec sérénité. Or, en mettant tout un pays en état d’alerte, elle envoie un signal clair : elle ne se sent pas en sécurité face à son propre peuple. Un retour qui n’aura pas lieu… mais des conséquences bien réelles Malgré la mobilisation de ses partisans et la panique des autorités, Mahmoud Dicko ne rentrera pas le 14 février 2025. Pourtant, cet épisode pourrait bien marquer un tournant politique : • Les soutiens de Dicko, frustrés, pourraient se radicaliser et organiser de nouvelles mobilisations. • La junte, en exposant ainsi ses failles, a montré qu’elle redoute un soulèvement, ce qui pourrait encourager d’autres figures de l’opposition à sortir de l’ombre. • L’image des militaires se dégrade davantage, tant à l’échelle nationale qu’internationale, en raison de ces mesures jugées autoritaires. Ce qui n’était qu’une simple rumeur s’est transformé en une démonstration de force répressive, preuve que le régime malien n’est pas aussi solide qu’il veut le faire croire. Et si Mahmoud Dicko ne rentre pas aujourd’hui, cette situation pourrait bien être le début d’un affrontement inévitable entre la junte et une opposition en quête de leader. Le Mali, une fois de plus, s’avance vers l’inconnu. Samir Moussa
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