Actualités Brûlantes du Sahel
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February 25, 2025 at 02:31 AM
NIGER ISSOUFOU MAHAMADOU, LE GRAND PERDANT DES ASSISES NATIONALES . S’il y a un homme que les résolutions des Assises nationales, tenues du 15 au 20 février 2025 à Niamey, placent dans une position inconfortable, c’est bien Issoufou Mahamadou. Pour reprendre une expression bien connue, il a été le dindon de la farce, et quelle farce ! Tout commence le 26 juillet 2023, lorsque le commandant de la garde présidentielle séquestre le président en exercice, un acte qui se mue rapidement en coup d’État. Une junte militaire renverse le successeur d’Issoufou, Bazoum, dissout les institutions de la 7e République et s’installe au pouvoir. On aurait pu s’attendre à une réaction cinglante de l’ancien président, démocrate autoproclamé, comme ce fut le cas lors du coup d’État au Mali en août 2020. Mais non. Silence radio. Ou presque. Il faudra attendre un an, et une lettre sollicitée par la Fondation Mo Ibrahim, pour entendre une timide condamnation – une parenthèse bien vite refermée. Pire encore, depuis ce jour fatidique, Issoufou s’est employé à soutenir la junte avec une ardeur surprenante. Sous ses ordres, le PNDS, son parti, a remisé au placard ses marches et ses appels à la restauration immédiate de la démocratie, pourtant lancés spontanément par ses militants à travers le pays. Par des manœuvres habiles, il a convaincu nombre d’entre eux de rallier ouvertement les putschistes ou, à défaut, de cesser toute critique. Il a même orchestré la création d’une plateforme de la société civile au nom prometteur – la « Dynamique Citoyenne pour une Transition Réussie » – pilotée par des figures du PNDS et recrutant dans les rangs du parti. Objectif : contrer les extrémistes susceptibles de faire dérailler la transition, tout en préparant, pensait-il, le terrain pour un retour en grâce. À ses visiteurs, nombreux et assidus, comme à ses interlocuteurs au téléphone, Issoufou vendait un rêve : une transition brève, un retour rapide à la démocratie et, pourquoi pas, une résurrection du PNDS au pouvoir. À une condition : soutenir la junte ou, au moins, ne pas lui mettre de bâtons dans les roues. Les Assises nationales, clôturées ce 20 février 2025, devaient être son triomphe. Elles ont sonné son glas. Voyez plutôt : Il promettait une transition éclair ? La junte lui offre cinq ans, renouvelables à souhait. - Il imaginait un PNDS uni, fer de lance de la classe politique ? Tous les partis, y compris le sien, seront dissous. - Lui, le démocrate convaincu, espérait des élections rapides ? Il récolte la confirmation sans scrutin du général Tiani comme président pour dix ans – un mandat extensible selon le bon vouloir de la « situation sécuritaire ». Une dictature militaire en bonne et due forme. - Lui qui se revendiquait « Charlie Hebdo », défenseur des libertés laïques, va devoir accepter un pouvoir conforme aux règles islamiques imposées par une junte inflexible. - Il rêvait de la libération de son fils et des cadres du PNDS emprisonnés ? La junte gracie les militaires qui ont tenté de le renverser – voire de l’éliminer – après un procès public estampillé « juste et équitable ». - Il espérait une normalisation avec les voisins et la communauté internationale, un regain économique pour les Nigériens ? Il obtient un pays replié sur lui-même, bercé par des chimères comme une autoroute Niamey-Ouagadougou-Bamako (en plein territoire JNIM) ou une centrale nucléaire pour l’AES. - Lui, qui se considère bâtisseur adulé, comptait sur des applaudissements à son entrée dans le Centre de conférences Mahatma Gandhi – une de ses fiertés – lors de l’ouverture des Assises ? La foule l’a hué sans retenue et invectivé. Une humiliation. Et maintenant ? Les dés sont jetés. La junte ne cache plus son projet : enterrer la démocratie sous le prétexte d’une « refondation » nationale. Que va-t-il dire aux militants sincères du PNDS, ceux qui, par respect pour lui et son aura, ont suivi ses consignes, soutenant activement ou discrètement Tiani dans l’espoir d’un dénouement rapide ? Va-t-il leur demander encore un peu de patience, dix ans peut-être, ou les abandonner à leur sort ? Wait and see. S’il persiste, Issoufou donnera raison à Tiani, qui vantait la « résilience » du peuple nigérien, capable, selon lui, d’endurer toutes les épreuves. Dix ans de plus, donc, où : - Les salariés feront la queue pour toucher leurs salaires par tranches de 50 000 FCFA ; - Les contractuels rongeront leur frein face à des mois interminables sans paye ; - Les retraités attendront leur dû jusqu’au 50 du mois ; - Les étudiants espéreront bourses et allocations avec un an de retard ; - Les consommateurs subiront pénuries et flambée des prix ; - Les commerçants patienteront pour leurs factures bloquées au Trésor, sous le zèle des agents du fisc ; - Les transporteurs emprunteront le corridor « sécurisé » du Burkina, pleurant parfois véhicules, marchandises et chauffeurs ; - Les prisonniers politiques croupiront dans l’attente d’une justice aveugle et paresseuse ; - Les politiciens rêveront de retrouver leurs sièges, car, après tout, 2035, ce n’est pas si loin. Chers citoyens, quand le rythme de la musique change, il faut adapter ses pas de danse. Mais dix ans à ce tempo, n’est-ce pas un peu long pour une chorégraphie imposée ? Au milieu de ce chaos, un homme s’est dressé contre l’infamie : Tsayabou Laoual, figure emblématique de la société civile. Dès le coup d’État de juillet 2023, il a été le premier à dénoncer la trahison de la junte, incarnant l’espoir d’un Niger debout face à la barbarie militaire. Mais que s’est-il passé ensuite ? Un silence assourdissant, une disparition inexplicable de la scène publique qui a laissé les Nigériens abasourdis. Et qui est derrière cette muselière ? Mahamadou Issoufou, ce serpent perfide, ce faux démocrate qui a étouffé la voix de Laoual avec ses promesses pourries ! Oui, Issoufou, qui a vendu son pays à Tchiani et sa clique, a osé tendre une main empoisonnée à Laoual, lui jurant une transition éclair, un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Et Laoual, cet homme de foi, a eu la naïveté – ou la faiblesse – de gober les paroles mielleuses de ce traître. Mais le réveil a été brutal. Quand les Assises nationales ont accouché de recommandations grotesques, bien loin des chimères d’Issoufou, Laoual a repris la parole, fracassant ce simulacre avec une fureur légitime. Ce fut un camouflet cinglant pour Issoufou, une gifle à ce manipulateur qui pensait pouvoir jouer avec un défenseur de la démocratie comme avec une marionnette. Certains diront que Laoual a été sincère, qu’il a cru en la duplicité d’Issoufou avant de voir clair dans son jeu sordide. D’autres y verront une colère libérée, un cri de révolte contre un ancien président qui n’a jamais eu l’intention de sauver Bazoum, mais seulement de protéger son propre pouvoir dans l’ombre. Quoi qu’il en soit, Issoufou a voulu faire taire Laoual, et il a échoué. Ce silence imposé n’était qu’une parenthèse, un piège tendu par un félon qui méprise tout ce que Laoual représente. Samir Moussa.
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