Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
February 21, 2025 at 11:06 AM
Niger Attaque du pipeline à Dadinkowa : le Niger paye le prix de l’impuissance. Le Niger s’enfonce chaque jour davantage dans un chaos que la junte au pouvoir semble incapable de juguler. Dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 février 2025, vers 2 heures du matin, le pipeline Niger-Bénin – cette artère économique censée symboliser un renouveau pour le pays – a été une fois de plus la cible d’une attaque d’une rare complexité. L’assaut s’est déroulé entre Muntseka et Kamrey, à la lisière des régions de Dosso et Tahoua, non loin de la mosquée de Dadinkowa Arewa. Selon des sources locales, les dégâts infligés à l’infrastructure sont considérables, témoignant d’un mode opératoire sophistiqué qui pointe du doigt l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), bien que l’attaque n’ait pas encore été revendiquée. Ce énième sabotage illustre l’impuissance croissante du régime du général Abdourahamane Tiani, qui, depuis son coup d’État en juillet 2023, réunit autour de lui une poignée d’acteurs pour jouer une comédie de gouvernance. Pendant que la junte multiplie les mises en scène – rencontres avec des notables, promesses de stabilité, alliances opportunistes – la situation se dégrade inexorablement. Le pipeline, inauguré avec l’appui de la Chine comme une bouée de sauvetage économique, est devenu un symbole de cette dérive : régulièrement visé par des groupes armés, qu’il s’agisse de rebelles comme le Front Patriotique de Libération ou de factions jihadistes comme l’EIGS, il incarne l’incapacité de Niamey à sécuriser ses infrastructures vitales. Face à cette spirale, une question se pose : si Tiani reste au pouvoir cinq années supplémentaires, avec un mandat renouvelable, que restera-t-il du Niger ? Les projections sont sombres. Les recettes pétrolières, qui devaient propulser le PIB à 12 % d’ici 2025 selon les estimations d’avant-crise, s’évaporent dans les flammes des sabotages et les tensions diplomatiques avec le Bénin. La population, déjà parmi les plus pauvres au monde, subit de plein fouet l’insécurité alimentaire et les exactions, tandis que les civils paient le prix des défaites militaires par des massacres perpétrés par des forces gouvernementales frustrées. À ce rythme, le Niger risque de devenir un État en lambeaux, déchiré entre factions internes, groupes armés et puissances étrangères jouant leurs propres partitions. L’espoir d’un renouveau économique porté par le pétrole s’éloigne, laissant place à un horizon de désolation où seule la répression semble tenir lieu de politique.

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