Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
February 21, 2025 at 08:42 PM
*Nord Mali à feu et à sang : Chronique d’un enfer quotidien* Au cœur du Sahel, dans les étendues arides du nord du Mali, se déroule un drame dont l’ampleur défie l’entendement. Tandis que le soleil impitoyable vient dessiner sur le sable les cicatrices d’un conflit sans répit, les populations locales vivent au quotidien dans la peur, l’horreur et l’indifférence internationale. Ce reportage d’investigation se propose de lever le voile sur une réalité qui, depuis trop longtemps, reste occulte aux regards du monde. Une violence brutale orchestrée de l’intérieur Depuis le retrait progressif des forces françaises et des casques bleus de la Minusma, la région du Nord Mali est le théâtre d’actions militaires impitoyables menées par l’armée malienne – les Fama – et leurs alliés, des mercenaires venus de l’Est, souvent identifiés comme les hommes de Wagner. Ces forces, agissant sous couvert d’opérations anti-jihadistes, semblent se livrer à des expéditions punitives contre la population civile plutôt qu’à des combats ciblés contre des groupes terroristes. Loin de toute légitimité, les exactions se multiplient : incendies de villages, destruction d’infrastructures vitales (écoles, centres de santé), enlèvements, viols et exécutions sommaires se succèdent dans un cycle infernal de violence qui laisse derrière lui un sillage de mort et de désolation. Témoignages et images d’un massacre quotidien Les récits affluent de toutes parts, portés par des images choquantes et des témoignages poignants. Dans un décor de savane transformé en scène macabre, des corps – souvent ceux de femmes et d’enfants – sont retrouvés pendus à des arbres ou gisant dans la poussière brûlée, symboles d’un massacre quotidien. Un incident particulièrement sordide, survenu près de Douentza, raconte l’histoire d’un convoi de civils fauché sans pitié, dont le premier véhicule fut stoppé et ses occupants exécutés de manière froide, alors que le second, par miracle ou par chance, parvint à fuir. Ce drame, qui aurait fait au moins 31 victimes, est l’un des innombrables exemples d’un modus operandi qui s’est imposé depuis le début de l’année, et dont l’ampleur n’a d’égal que la cruauté des opérations militaires dans ces territoires oubliés. Une stratégie d’épuration ethnique Au-delà de la simple répression, de nombreux observateurs dénoncent ce qu’ils qualifient d’épuration ethnique. Des anciens élus locaux et leaders communautaires, regroupés au sein du « Collectif pour la défense du peuple de l’Azawad », affirment que ces opérations ciblent principalement les populations touareg et peule, dans le but de vider la région de ceux qui, par leur identité, seraient considérés comme indésirables. Cette thèse, corroborée par une accumulation de témoignages sur le terrain, renforce l’hypothèse d’un nettoyage ethnique planifié dans un contexte où toute contestation se fait immédiatement réprimer par la force, sous prétexte de lutter contre l’insécurité et le terrorisme. L’absence d’une réponse internationale efficace Le silence assourdissant de la communauté internationale en face de ces massacres ne fait qu’aggraver la tragédie. Alors que des rapports conjoints de la Fédération internationale des droits humains et de l’Organisation mondiale contre la torture mettent en lumière la répression systématique des défenseurs des droits et la disparition quasi totale des médias indépendants, les appels à l’aide se heurtent à une impuissance généralisée. Les gouvernements occidentaux, délogés du terrain depuis quelques années, peinent à trouver une stratégie pour stopper ce carnage, et les Nations unies se retrouvent elles-mêmes démunies face à des autorités locales qui n’hésitent pas à utiliser la loi pour museler toute critique. Un peuple en exil, une douleur indicible Dans ce climat de terreur, nombreux sont ceux qui n’ont d’autre choix que de fuir. Des familles entières, chassées de leurs foyers, errent désormais dans le désert à la recherche d’un abri, tandis que les rares voix qui osent encore témoigner racontent l’indicible : des enfants arrachés à l’école, des villages transformés en cendres, et des communautés entières brisées par le deuil et la peur. Le cri du Collectif pour la défense des droits du peuple de l’Azawad résonne comme un appel désespéré dans le vide : « Il faut nous aider, sauver ces gens en danger. » Mais pour l’instant, ce cri reste sans écho, perdu dans l’immensité du désert malien et dans l’indifférence d’un monde distrait. Vers une lumière au bout du tunnel ? Face à cet imbroglio de violences et d’injustices, une question persiste : quelle issue pour un conflit qui semble désormais voué à l’enlisement ? Tandis que certains espoirs renaissent par l’action de groupes de défense des droits humains et par l’émergence de réseaux de solidarité régionale, la nécessité d’une mobilisation internationale plus résolue se fait de plus en plus pressante. Il est urgent que les instances compétentes, soutenues par une presse libre et courageuse, parviennent à faire la lumière sur ces opérations clandestines, à identifier les responsables et à rétablir une justice pour ces populations abandonnées. En conclusion, le Nord Mali se trouve aujourd’hui à un carrefour tragique où la violence d’État et le désespoir populaire s’entrelacent pour dessiner une réalité aussi sordide que difficile à croire. L’histoire de ce territoire, marqué par les cicatrices de conflits anciens et récents, ne peut que nous interpeller : comment en sommes-nous arrivés à ce point de non-retour, et que peut encore faire la communauté internationale pour empêcher que cet enfer quotidien ne s’étende davantage ? La réponse à ces questions demeure incertaine, mais une chose est sûre : derrière chaque statistique se cache l’histoire d’hommes, de femmes et d’enfants dont la dignité et la vie ne sauraient être sacrifiées sur l’autel d’une stratégie de puissance impitoyable. Aaron Peters USA

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