
MBONGUI-KANDZA LIBERTÉ VÉRITÉ 242
February 24, 2025 at 05:03 PM
Retour sur le 5 Février 1979, un coup d’Etat et une imposture historique
By Laurent / 4 février 2025
Le 30 janvier 2019 en marge d’une descente au siège du ‘’député’’ PCT monsieur Ferréol Gassackys, le SG du PCT monsieur pierre Ngolo, deuxième personnalité du régime, annonçait la célébration en fanfare des 40 ans d’exercice du pouvoir de son chef monsieur Denis Sassou Nguesso.
Sacrilège, indécence et cynisme marquent cette célébration, ce, dans un pays en faillite, un peuple réduit à la mendicité et la misère ; une sphère étatique dans laquelle règne le népotisme, l’ethnocentrisme, le vol, la corruption et la médiocrité.
Les révolutionnaires marxistes-léninistes d’hier se sont reconvertis en pseudo sociaux démocrates de circonstances, cependant formatés au totalitarisme tropical, cette clientèle politique hétérogène s’est dotée d’une nouvelle spiritualité à savoir la Franc-maçonnerie tropicale devenue un instrument d’ascension sociale, de promotion, d’insalubrité éthique et d’intrigues.
Bref, ‘’l’homme des actions concrètes’’ est devenu ‘’le destructeur permanent’’, le ‘’tout pour le peuple rien que pour le peuple’’ rime avec ‘’tout pour le clan rien que pour les voleurs’’ dans une imposture ethnocentriste criarde.
Trois générations des congolais au minimum sont victimes de cette gouvernance primitive du PCT-éléphant.
En revenant chronologiquement sur les évènements ayant permis l’ascension de Denis Sassou Nguesso au Pouvoir, voici le décor ainsi planté par le Président Marien Ngouabi presque un an avant son assassinat.
Les commandes du régime sont aux mains de 5 »camarades » qui devraient préparer le troisième congrès du PCT, congrès de la »Radicalisation ».
Le 12 décembre 1975, fin de la session du Comité Central. Le Bureau Politique du Comité Central démissionne. Un « État-major Spécial Révolutionnaire » composé de 5 membres, remplace provisoirement le Bureau Politique jusqu’au prochain Congrès Extraordinaire du Parti.
L’Etat-major Spécial Révolutionnaire se compose des Camarades : Marien NGOUABI : Président; Jean-Pierre THISTERE TCHICAYA : Chargé de la Permanence du Parti; Louis-Sylvain NGOMA : Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Chargé du Plan; Denis Sassou NGUESSO : Chargé de la Défense et de la Sécurité; Jean-Pierre NGOMBE : Chargé de l’Education, Propagande et Information.
Manifestement le vers était dans le fruit, le complot visant l’assassinat du président Marien Ngouabi était enclenché.
Le 19 mars 1976, quelques semaines seulement après ces changements, l’hélicoptère du Président s’écrase dans la forêt du Nord Congo, avec à son bord, outre le président Ngouabi lui-même, le pilote Kakou, le Professeur Diamond, et l’homme d’affaires Nicoloso. Durant 5 jours, la Nation est sans nouvelles du commandant Marien Ngouabi et de ses compagnons. Avant que le Président puisse courageusement refaire surface.
Début mars 1977, Marien Ngouabi reçoit une lettre de son prédécesseur Alphonse Massamba-Debat. Dans sa missive, celui-ci lui recommande de démissionner, car la gravité de la situation du pays l’impose.
Le 3 mars 1977, le Président Marien Ngouabi reçoit en audience l’ancien président et son épouse. Ils conclurent ensemble un pacte républicain pour une gestion commune de l’Etat, en vue de l’unité nationale et du redressement économique du Pays.
Quelques jours plus tard, lors d’un meeting populaire organisé par l’URFC, le président Marien Ngouabi s’en prend violemment à l’impérialisme français qu’il tient pour responsable des difficultés économiques du Congo. Il y prononce également cette phrase énigmatique : « Lorsque ton pays est sale et manque de paix durable, tu ne peux lui rendre sa propreté et son unité qu’en le lavant avec ton sang».
Lorsque survint cette journée fatidique du 18 mars 1977, à savoir l’assassinat du Président commandant Marien Ngouabi, ainsi que dans l’intervalle d’une semaine, l’ancien Président Alphonse Massamba Débat et le Cardinal Emile Biayenda, l’innommable, l’irréparable, l’incommensurable, le « sacrilège absolu » venaient d’être commis au Congo.
Les membres de l’Etat Major Spécial Révolutionnaire et du futur Comité Militaire du PCT portent une entière responsabilité sur ces assassinats méthodiques, notamment le Commandant Denis Sassou Nguesso chargé de la défense et de la sécurité.
Voici résumé la première étape de la prise du pouvoir du commandant Denis Sassou Nguesso, acte inaugural de la création du PCT-Éléphant, premier contentieux historique entre le PCT et le Peuple Congolais.
PCT-Éléphant aux commandes du Congo-Brazzaville ou le début de l’escroquerie politique.
Après la mort du Président Marien NGOUABI survenue le 18 mars, le Comité Central du Parti Congolais du Travail met en place un « Comité Militaire du Parti » (CMP) par acte N°005/PCT du 19 mars 1977, entraînant la dissolution de l’Etat-major Spécial Révolutionnaire.
Le CMP a pour tâche jusqu’à nouvel ordre, de préparer les obsèques nationales, de gérer les affaires de l’Etat, d’assurer la défense du Peuple et de la Révolution afin de maintenir la Paix et la Concorde Nationales pour que tout soit pour le peuple, rien que pour le peuple.
Le 3 avril 1977, le Comité Militaire du Parti investi de pleins Pouvoirs. Ainsi vociféraient les propagandistes du PCT.
Sitôt à la tête du CMP donc de l’Etat, Yhomby Opango entrepris le travail de restructuration de l’appareil étatique pour conjurer la crise et relancer l’économie. Il s’attaqua à la sacro-sainte Trilogie déterminante : Cogestion, Coresponsabilité, Codécision.
La fameuse Trilogie déterminante, autrement dit le »parti dirige l’Etat », véritable hérésie managériale, La trilogie déterminante associait le Parti, le Syndicat et la Direction dans la gestion des entreprises d’État. Par ce système, l’accession aux responsabilités dans le monde de l’entreprise était souvent déterminée par le militantisme plutôt que par les capacités professionnelles. Il en a souvent résulté une baisse de la productivité et l’inefficacité économique.
Sous Yhomby Opango, la méritocratie, la rigueur et l’Excellence prennent peu à peu le pas comme normes nouvelles de gouvernance. Erreur ! Les conspirateurs de l’assassinat du président Marien Ngouabi trouvent à travers cette orientation programmatique le prétexte pour se mobiliser afin d’éviter une perte de privilèges et avantages liés au parti et organisations de masses.
Les épurés, c’est-à-dire les victimes de la radicalisation, tentent de reprendre la main. La CSC, Syndicat unique affilié au PCT, appuyé par une partie de l’UJSC, déclenche une grève générale de l’ensemble des travailleurs pour réclamer la réhabilitation du Comité Central.
L’angle diplomatique sous Yhomby Opango a consisté à desserrer l’étau autour du Congo, tout en poursuivant la renégociation des contrats pétroliers. Il va plus loin en enclenchant des poursuites devant les juridictions internationales contre la France au sujet du sabotage des mines de potasse de Holle (Tchitondi), un crime de lèse-majesté pour les réseaux mafieux de la Françafrique de Jacques Foccart qui se rapprocheront de Denis Sassou Nguesso.
Autre orientation programmatique, pertinente dans le fond et discutable sur la forme, celle de la reprise du commerce en détail laissé dans les mains des étrangers, notamment ouest-africains (BCM).
Malgré ses bonnes volontés de redressement du Pays, le court mandat de Yhomby Opango a été fortement terni par son radicalisme sanglant dans les procès staliniens organisés suite à l’assassinat du président Marien Ngouabi, l’arrêt de renvoi rédigé sur un rapport d’enquête express et un dossier d’instructions dirigé par les assassins du président Marien Ngouabi ont condamné des pauvres innocents sur des bases subjectives, parce que »Kongo ».
Le refus d’une grâce présidentielle venait s’ajouter au lourd passif de l’action du président Yhomby Opango.
Le PCT-Éléphant né des craintes sur la matérialisation des recommandations contenues dans la déclaration du 12/12/1975, consolidant leur première victoire par l’assassinat du Commandant Marien Ngouabi s’apprêtait à conquérir définitivement le pouvoir en cette année 1979.
5 février 1979, le coup d’Etat de palais ou le triomphe de la ruse, la conspiration, la médiocrité, l’ethnocentrisme et la gabegie.
Le 27 janvier 1979, le Comité Militaire du Parti se réunit à Brazzaville sous la présidence du Général Jacques Joachim Yhomby -Opango. A l’issue de cette réunion, le Comité Militaire du Parti (CMP) convoque le Comité Central du Parti Congolais du Travail à se réunir en Session Extraordinaire le « 5 février 1979 » en vue de préparer les Assises du prochain Congrès Ordinaire du Parti pour décembre 1979.
Le Commandant Denis Sassou Nguesso active les deux leviers qu’il contrôle, à savoir le parti et la sécurité pour prendre d’assaut la présidence. Une véritable campagne de propagande et d’intoxication est mise en place par les anciens élèves d’URSS, RDA, CUBA et ROUMANIE dans le but de discréditer Yhomby Opango.
L’armée ouvre le bal avec Nicolas Mvouenze comme permanent du PCT-Éléphant dans l’armée, Bokamba Yangouma prend le relais pour le syndicat CSC, les Oba Apounou, Pierre Ngolo, Isidore Mvoumba instrumentalisent les jeunes pour le compte de l’UJSC et Mountou Bayonne se charge des femmes.
Yhomby Opango et ses partisans sont qualifiés d’incarnation de la »ligne droitière liquidationniste », c’est-à-dire une droite bourgeoise dont le but est de liquider le PCT. Le célèbre et non moins primitif journaliste Ibouloumoukoué est à la manœuvre sur les antennes de la radio.
Yhomby Opango est culpabilisé sur la base de simples commérages de »champagnard »; l’herbivore Okapi, cadeau du Maréchal Mobutu est comme par enchantement devenu carnivore pour consommer 10 kg de viande par jour; un lit de Conforama, don du président Omar Bongo à madame Marie Noëlle Yhomby fait l’objet d’une présentation ordurière par des primitifs sortis droit des brousses de la Cuvette; les dizaines de chaussures du couple Yhomby Opango présentées comme trophée d’une supposée incurie.
Bref, un mode opératoire stalinien appris dans les écoles des pays de l’Est, 40 ans après nous y sommes toujours au plus grand malheur de notre Peuple.
Conscient et informé de cette conspiration, les lieutenants de la garde prétorienne ont sollicité le feu vert de Yhomby Opango pour »étouffer le complot dans l’œuf » selon l’expression consacrée. Ils avaient, les hommes et les moyens.
Conscient du bain de sang et des violences qui allaient suivre, le Général Yhomby Opango s’inscrivit dans le registre des présidents Fulbert Youlou, Alphonse Massamba Débat qui ont cédé le pouvoir sans coup férir, parce que n’étant pas animée par une obsession pathologique du pouvoir.
A poto-poto, nous avons eu la vie sauve, la confrontation était imminente.
Il est inadmissible qu’aujourd’hui, après 40 ans de Sassou Nguesso, 40 ans de PCT-Éléphant, que moins de 3% de la population possède 80% des richesses nationales, en ne laissant aux autres que la misère en partage.
Il est tout autant inadmissible qu’aujourd’hui, tous les secteurs de l’enseignement public soient sinistrés ; qu’il soit impossible à des jeunes bacheliers de l’intérieur du pays d’accéder à l’université faute de moyens ; qu’il est devenu impossible à de jeunes diplômés, de construire et de nourrir une famille.
Des personnages comme Sassou Nguesso ont bénéficié dans leur jeunesse (années 1940, 50 et 60), de politiques sociales qu’ils ont sciemment détruits pour garantir la domination de leurs familles et clans.
Il est par ailleurs inadmissible que de très jeunes enfants errent dans nos villes, sans que cela ne préoccupe l’Etat et les adultes censés veiller à leur éducation, à leur bien-être ; d’où la problématique des bébés noirs.
Il est inadmissible d’entendre dire, de constater, de subir le dénuement dans lequel se trouvent nos services de santé.
Il est inadmissible de vivre à côté d’institutions militaires incapables d’assumer pleinement les missions républicaines qui sont les leurs, parce que transformées en levier répressif et tribal au service du pouvoir.
Il est inadmissible, voire criminel, de faire du Congo le pays le plus endetté par tête d’habitants, de faire payer aux futures générations le fardeau de la dette, de vouloir faire payer aux pauvres Congolais un impôt foncier alors que les barons du régime ne payent jamais leurs impôts/taxes, et ont détourné des milliers de milliards de FCFA vers les paradis fiscaux du monde.
Autant de choses inadmissibles qui font que le Congo est aujourd’hui dans un sinistre total, accentué par une administration corrompue, vivifiant et entretenant cet état de fait.
Tout cela, se faisant bien sûr au détriment de la majorité du Peuple, obligé de se réfugier dans la religion.
Cette religion les nourrit, les habite, rythme leur vie, leur désespoir, leur espoir, les obligeant à négocier en permanence avec les anges, et parfois d’autres…Bref, une ambiance de fin de règne.
Pour provoquer cette hécatombe, ils ont privatisé l’Etat.
D’aucuns disent que l’Etat est devenu « une épicerie familiale ». Nous, nous disons que c’est un casino géant, un casino où le jackpot est garanti à tous les coups ; où l’on peut faire gagner les copains, les cousins, les neveux, les enfants, les maîtresses…, tous ceux qui veulent bien se nourrir sur la bête et regarder le reste du Peuple crier famine.
C’est cela le bilan des 40 ans du 5 Février 1979, et rien d’aut