Gérald Darmanin a annoncé son projet de construction d’une prison de haute sécurité en Guyane, destinée à accueillir les détenus les plus dangereux actuellement incarcérés en métropole. Officiellement, il s’agirait de désengorger les établissements pénitentiaires. En réalité, c’est un retour brutal d’un vieux réflexe colonial : quand la République ne sait plus quoi faire de ses problèmes, elle les expédie en outre-mer. Difficile de ne pas faire le parallèle avec l’histoire du bagne de Cayenne, où l’on envoyait jadis les "indésirables" de France pour les oublier. Aujourd’hui, on ne parle plus de déportation, mais le principe reste le même : reléguer loin des regards, dans un territoire déjà oublié des priorités nationales. Ce projet est un mépris de plus pour la population guyanaise, qui réclame depuis des années des écoles, des hôpitaux, de l’eau, du désenclavement – pas un centre carcéral ultra-sécurisé pour détenus métropolitains. Encore une fois, l’outre-mer est traité comme une zone de gestion punitive, un réceptacle pour les "problèmes de la République", une poubelle sécuritaire dans laquelle on enfouit ce que l’on ne veut pas voir dans l’Hexagone. Comme si la Guyane n’était pas un territoire habité, vivant, digne, mais un désert utile, sans voix, sans mémoire. Ce projet est une gifle au visage des Guyanais·es. Une manière de dire : « Ta terre n’est pas la tienne. Elle nous sert à ce que tu ne peux refuser. » C’est cette vision coloniale persistante que les Guyanais·es dénoncent. Celle qui décide sans eux, parle à leur place, et les assigne à résidence dans une histoire de domination qu’ils n’ont jamais choisie. Ce projet ne répare rien. Il reproduit tout. Mais maintenant nous savons..