Chaque année, la Martinique est envahie par une épaisse brume de sable venue du Sahara. Derrière ce phénomène naturel se cache un véritable fléau sanitaire. Ces poussières désertiques transportent avec elles des particules fines (PM10, PM2.5) en concentration alarmante, dépassant régulièrement les seuils d’alerte. En juin 2020, un épisode "historique" a fait exploser les compteurs, avec 171 μg/m³ enregistrés – plus de trois fois la limite autorisée. Aujourd’hui encore, en juin 2025, la population martiniquaise suffoque sous une brume toxique, visible à l’œil nu. Les conséquences sur la santé sont lourdes : aggravation de l’asthme, maladies cardiovasculaires, fatigue, irritations… Une étude menée en Martinique a confirmé l’augmentation des hospitalisations les jours de brume. Les enfants, les personnes âgées, les asthmatiques sont en première ligne. Les recommandations sanitaires ne suffisent plus. Respirer devient un danger. Mais le plus alarmant reste ce que cette brume transporte en silence : des particules radioactives issues des essais nucléaires menés par la France dans le Sahara algérien dans les années 1960. Selon l’ACRO, du césium 137 – résidu direct de ces explosions – a été retrouvé dans les poussières retombées en Europe. Si la France a pu en mesurer les effets à des milliers de kilomètres, qu’en est-il des Antilles ? Rien n’a été mesuré, et pourtant les mêmes masses d’air passent par la Martinique. Nous pourrions être exposés, sans le savoir, à des restes de bombes atomiques françaises tirées il y a 60 ans. Ce cocktail de pollution naturelle et de contamination historique est une injustice environnementale. La France porte une responsabilité directe dans la dispersion de ces éléments radioactifs, résultat d’une époque coloniale où la santé des populations d’outre-mer ne comptait pas. La brume de sable n’est pas une fatalité naturelle. C’est aussi un poison politique et les mesure(ttes) actuelles ne permettent pas de remédier à ce problème grandissant.