Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
May 30, 2025 at 09:05 AM
Niger: Au nom de la trahison: Tiani et Issoufou, unis pour le pire contre le meilleur Épisode 2 L'ouest nigerien: une région abandonnée. Le mouvement Labousani, cri de ralliement des régions de l'ouest, vise à rétablir les oubliés de la République dans leurs droits bafoués. Mais, l'espoir a été de courte durée: - Tilaberi est abandonnée à la merci des groupes armés terroristes sans soutien réel ni protection véritable. - Dosso ploie, vacille, éprouvée par une insécurité persistante. - Gaya : poumon commercial du sud-ouest, est asphyxiée à cause des frontières fermées avec le Bénin pour des raisons absurdes. Le corridor stratégique Cotonou-Gaya qui assurait 70 % du fret nigerien a été déserté au profit de l'axe Lomé-Dori -Niamey gangrené par l'insécurité. Chaque semaine, des chauffeurs sont exécutés, le 18 mai 2025, cinq d’entre eux furent tués. Des camions ont été perdus, incendiés. Les membres des syndicats des transporteurs qui ont osé s'indigner de la situation très volatile ont été tous mis aux arrêts. Le régime prend un virage stalinien avec des dérives autoritaires regrettables et une violation flagrante des droits et libertés reconnus aux citoyens: dissolution des partis politiques, impasse sur les élections, muselement de la presse, bref, c'est le règne de la terreur et de la répression, à tout bout de champ. Tout ça pour ça? Pourquoi, avoir renversé le Président Mohamed Bazoum, l'élu du peuple souverain, si on ne peut faire mieux que lui? Peut-on se réjouir de voir le Niger en arriver à la catastrophe, d'aujourd'hui ? Si c'était à refaire, qui souhaiterait encore un coup d'Etat, une gouvernance chaotique d'officiers arrivistes et grands prédateurs devant l'Eternel? Ce n'est sans doute pas au peuple nigerien que le crime profite mais à des oligarques militaires et civils qui retiennent le pays en otage. En tout cas, on est très loin de la Refondation prônée et du mieux-être promis. Le Niger, s'enfonce dans l'abîme autoritaire, vit au rythme des mensonges d'Etat et des manipulations des masses. L'exclusion, la forfanterie, et le double langage sont erigés en religion d'Etat. La souveraineté, elle, est brandie comme un étendard, voire est utilisée comme bouclier contre toute velléité de contestation, d'opposition. C'est le cache-sexe des putschistes qui continuent de brasser du vent, avec l'insouciance de l'ignorance et l'obstination des imbéciles. La jeunesse nigérienne, l'agneau suprême de sacrifice. La junte s'est servie d'une jeunesse désœuvrée, exaltée, parfois extrémiste pour assouvir ses dessins obscurs. L'alliée des temps obscurs et des moments d'incertitudes est maintenant rangée dans les oubliettes, abandonnée et trahie. Une jeunesse promise à la grandeur est livrée à une misère noire comme toutes les composantes de la nation. C'est elle qui a envahi les rues, amplifié les discours nationalistes, incarné l'espoir d'une nation fière et émancipée. Hélas, les illusions se sont heurtées très vite à la dure réalité que tout le monde a voulu ignorer. A Niamey, 7 jeunes sur 10 sont sans emplois. Les diplômés, formés pour des carrières prometteuses se voient assignés à des tâches loin, de leurs qualifications: gardiens, manœuvres, vendeurs ambulants...L'addiction aux stupéfiants et la consommation abusive de drogues, l'oisiveté (mère de tous les vices), l'incivisme caractérisé, compromettent davantage l'avenir d'une couche juvénile qui a ses repères brouillés et ne semble pas croire en des lendemains meilleurs. Pendant ce temps, les nouveaux maîtres du pays, Salifou Modi, Mohamed Toumba et d'autres généraux véreux, constituent une caste d'affairistes boulimiques. Dépourvus d'éthique, alors qu'ils en ont fait leur outil de propagande, ils ont cédé à la frénésie du pillage. Les ressources affectées au développement du pays leur servent d'argent de poche. La junte a jeté la jeunesse comme une orange pressée. Qui a dit que les promesses n'engagent que ceux qui y croient? Les colons putschistes à la place du maître blanc. Le projet pompeux de libération nationale, à l'épreuve du temps et des faits, s'est révélé une confiscation de pouvoir par une poignée d'officiers, obnubilés par leurs intérêts claniques et sectaires. La junte, sous prétexte, de permettre au Niger d'accéder enfin à l'indépendance et de recouvrer sa souveraineté pleine et entière, a produit un système d'asservissement qui s'apparente à une colonisation, de l'intérieur, se traduisant par une exploitation monopolistique des richesses nationales par un groupuscule vorace, décidé par ailleurs à écraser toute tentative de dissidence. Tous les moyens sont utilisés, apologie du souverainisme, compression des droits et libertés individuels et collectifs, afin de se maintenir au pouvoir ad vitam aertnam. Le Niger vit sous occupation de putschistes impitoyables et insatiables, drappés de souverainisme, ayant les armes pointées contre les paisibles citoyens. L'espérance a cédé la place à la colère, à l'amertume, à la peur et aux remords. Les attaques djihadistes se multiplient, des pans entiers du territoire national échappent au contrôle et à l'autorité de l'Etat, les routes, en particulier, certains axes, ont été transformées en couloirs de la mort. Une économie au bord du gouffre: pénuries, faillites, et désespoir populaire. Le décrochage économique du Niger se fait à la vitesse d’une fusée. Moins d’un an après le coup d’État du 26 juillet 2023, tous les indicateurs avaient viré au rouge. Une catastrophe économique, sans précédent depuis l’indépendance. Le redressement crié sur tous les toits, en réalité, s’avère une ruine programmée. Pénuries à répétition ou l’enfer, au quotidien. Les denrées alimentaires de base sont désormais rares, quasi-introuvables à cause de la pénurie ambiante. Le mil, le riz, l’huile, le sucre et la farine sont difficiles à trouver sur les marchés. Lorsqu’on arrive à en trouver, les prix sont hors de portée pour la majorité des nigériens. À Niamey comme dans le pays profond, en milieu rural,des mères de famille doivent parcourir des kilomètres pour se procurer un sac de riz ou quelques litres d’huile, à cause d’une politique de rationnement sévère pratiquée pour faire face à des besoins impossibles à satisfaire. Naturellement, on assiste à une surenchère avec des prix qui montent en flèche. Quand au carburant, c’est maintenant un produit de luxe. Les longues files d’attente sont courantes devant les stations-service et peuvent durer plusieurs jours. La preuve de la crise qui frappe de plein fouet le secteur des hydrocarbures qui souffre de réserves insuffisantes, est confronté à un manque de vision et de stratégies. Le marché noir explose. L’essence pour un pays pétrolier, qui a une raffinerie, est vendu à prix d’or. En conséquence les transports, les activités économiques, agricoles, industrielles, voire humanitaires sont paralysés. Les équilibres macro-économiques ont été rompus, brutalement. La croissance économique déjà faible, est en chute libre. Le taux d’inflation dépasse les 30% . Les recettes fiscales ont subi une baisse drastique. L’investissement public est au point mort. Les entreprises mettent la clé sous le paillasson, les unes après les autres, ayant fait faillite pour diverses raisons: pénuries de devises, absence d’importations, ruptures d’approvisionnement, instabilité chronique. Les partenaires bi et multi-latéraux se sont retirés. Les investisseurs privés, étrangers comme nigériens ont plié bagages en raison d’un climat des affaires exécrable. Les projets de développement en cours ou prévus ont été suspendus. Banques en faillite, trésor public à sec. Les banques commerciales sont menacées de fermeture, affectées par l’asphyxie économique et financière. Les retraits massifs de liquidités, les défauts de paiement des entreprises et des États, l’effondrement du crédit, font du système bancaire un comateux. Certaines institutions financières sont fermées depuis des semaines. D’autres ont gelé les retraits au-delà de certains montants. La confiance est brisée. En ce qui concerne le trésor public, c’est la disette. Incapable de payer les salaires, les pensions et subventions. Dans certaines régions, les enseignants, les personnels soignants, les policiers et les militaires n’ont pas perçu leurs salaires depuis de longs mois. Une remise en cause du pacte républicain, une grave atteinte à l'unité de la nation. Le Général Tiani et ses comparses ne se contentent pas d'hypothèquer le destin de tout un peuple, ils entendent saper les bases de l'unité nationale et déchirer le tissu social. Le constat est accablant: la dictature a remplacé la démocratie. Au mirage de la souveraineté succéde une tyrannie sanglante. Le rêve d'un Niger libre, souverain et prospère n'est plus qu'un lointain souvenir. Heureusement que le peuple, peu à peu, sort de son apathie et se libère de ses peurs. La grogne monte. Le sursaut paraît inéluctable. Article 12: Quand le pouvoir militaire crache sur la dignité et l'intégrité de la nation. Le 6 avril 2025, la junte militaire a franchi le rubicon. A travers l'article 12 de la nouvelle charte de la pseudo-refondation, il a été arbitrairement décrété que la langue nationale est désormais le haoussa. Les autres langues nationales historiques du pays ont été releguées aux calendes grecques. Le Français et l'anglais ont été choisis comme langues de travail. Jusqu'à présent, le Niger, reconnaissait onze langues du terroir faisant partie du patrimoine national. Ce traitement égalitaire, avait cours, pour garantir et préserver un équilibre ethno-régional, extrêmement fragile et précieux. Le socle social construit à partir de la diversité notamment linguistique et culturel a consolidé le commun vouloir vivre ensemble. Aucun régime, qu'il soit civil ou militaire, ne s'était lancé dans les discriminations ou ne s'était prêté à la stigmatisation ou la partition du pays sous quelque forme que ce soit, pour quelque raison que ce soit. Avec son article 12, ségrégationniste et negationniste, le Général Tiani, balaie d'un revers de main des décennies d'efforts pour bâtir une nation unie dans une communauté de destin, riche de sa diversité. Il impose la prééminence d'une langue sur toutes les autres, sans concertation, sans débats, ni égards pour l'héritage. La disposition frauduleuse, à juste titre, est ressentie comme une déclaration de guerre ouverte et assumée contre les populations de l'ouest qui pourtant ont payé le prix fort, le soutien à la junte: mobilisations grandioses, actes d'allégeances voire de sujétions... En retour, l'on récolte le mépris, la marginalisation, l'humiliation comme récompenses. Le Zarma, le Songhaï, le Gourmantchéma, le Tamasheq, le Peul, le Kanouri, le Toubou, l’Arabe, le Buduma, le Tagdal, le Tasawak, imbibés d'histoire, de culture, et de longue tradition de résistance sont rayés du registre officiel, des langues qui comme si elles n'avaient jamais existé, comme si leurs dépositaires étaient des sous-hommes, citoyens périphériques. Le Général Tiani démontre qu'il ne se contente plus de gouverner par les armes et de régner par la terreur: l'appétit, venant en mangeant, l'ogre, omnipotent et omniscient, veut maintenant imposer un modèle culturel, linguistique et identitaire exclusif à tout le Niger. Une démarche à rebours de toute préoccupation d'unité nationale. Il confond, unité et uniformité, autorité et autoritarisme, leadership et hégémonie. Il ne se donne plus la peine de convaincre, sûr et certain de vaincre, d'avoir déjà vaincu. Sinon, il aurait pu et dû proposer une langue véhiculaire commune tout en maintenant les autres dans leurs droits et acquis. Mais, en autocrate, arrogant et brutal, il a encore choisi le passage en force dont il croit à la vertu et à la magie. Le message est limpide, empreint de provocation frontale, teinté d'un souverain mépris contre les communautés non-haoussaphones : "Circulez, il n'y a rien à voir. Vous ne faites plus partie de la nation que nous voulons bâtir pour aujourd'hui et demain. Ce sera sans vous". Le Général Tiani fracture le pays, alimente les ressentiments et crée surtout un précédent dangereux. Déjà passible de haute trahison, il aggrave son cas. Finalement, il est son propre ennemi. Sans doute, sa chute viendra de lui-même, car il se comporte comme un pyromane, de la pire espèce. Le Général Tiani, prétend refonder l'Etat du Niger en jouant à l'homme providentiel. Il oublie qu'on ne peut pas réinventer l'eau chaude ni mener un peuple à pas forcés en pietinant ses droits, en étouffant ses aspirations profondes. On ne peut revendiquer la souveraineté pour son pays en colonisant ses compatriotes, en effaçant la mémoire collective, en opposant les communautés les unes aux autres. La goutte d'eau qui pourrait faire déborder un vase déjà plein est l'article 12 de la nouvelle charte de la transition qui place le haoussa au-dessus de toutes les autres langues parlées du pays , mises à l'écart, sans ménagement. Le Niger ne saurait être un nouvel apartheid. Il survivra à Tiani et sa bande, à Issoufou, l'intrigant national. Les hommes bons ou mauvais passent, les peuples demeurent, inamovibles et invincibles. Tiani et Issoufou peuvent se sentir forts et intouchables, se croire inaccessibles et invulnérables, aujourd'hui, mais, tôt ou tard, le peuple nigerien se vengera de leurs abus, exactions et trahisons. Ils ont roulé tous les nigériens dans la farine, ils seront trainés chacun dans la boue avant d'être jetés dans les poubelles de l'histoire. Les forces vives de la nation auront le dernier mot. Le peuple, porté par sa jeunesse se dressera comme un seul homme pour défendre sa dignité et recouvrer sa liberté confisquées. Une juriste, militante, jadis, acquise aux putschistes, au nom des idéaux de Laboussani, a exprimé des regrets d'avoir commis une erreur de jugement: "Issoufou Mahamadou, et Aboudrahmane Tiani, n'ont pas pris soin d'utiliser de la vaseline". Un dépit exprimé avec la violence d'un agacement difficile à contenir mais qui résume le ressenti et le tréfonds de tous les Nigeriens, furieux ,d'avoir été menés par le bout du nez par une horde de barbares, cyniques. Plus personne ne supporte une mascarade qui n'a que trop duré et tourne à un naufrage national. L'activiste, déçue, poursuit son réquisitoire: "ils payeront tous cher d'avoir abusé de la bonne foi et de la confiance du peuple. L'histoire les punira, le peuple les châtiera. " Pour conclure, il est bon de rappeler à Tiani et Issoufou et à leurs acolytes, la réflexion, de Abraham Lincoln: "on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple, tout le temps ". Un homme averti... Nous relayons des images fortes des mobilisations populaires et de la colère sociale qui s’étend contre la junte militaire dans de nombreuses régions du pays. A suivre demain Épisode 3 Samir Moussa

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