Mali: La junte au bord de la chute, Wagner débarrasse le plancher. Le ciel tombe sur la tête du Mali. Dans une situation où les djihadistes ratissent large en prenant le contrôle de toutes les agglomérations du pays et se trouvent aux portes de Bamako, c'est la peur-panique, le sauve qui peut. Les supplétifs russes de l'armée malienne du groupes Wagner se retirent sur la pointe des pieds. Un départ précipité et inattendu qui ressemble à une désertion du Mali où les groupes terroristes règnent désormais, en maîtres absolus. En tout cas, le groupe paramilitaire qui servait de béquille à une junte malienne chancelante, a annoncé la fin de sa mission après trois années et demi d'opérations controversées dans le cadre d'un appui aux FAMA aussi inutile que très couteux, à tous points de vue. Dans un communiqué triomphalise publié par ses canaux de propagande, la société privée, affirme, pince sans rire, avoir accompli sa "tâche principale". Une déclaration qui tranche, radicalement, avec le constat sur le terrain : les groupes djihadistes ont pris en tenailles Bamako. Les attaques se multiplient et s'intensifient à un rythme infernal. Les civils en payent un lourd tribut. L'armée malienne que le groupe Wagner assistait et coachait à tour de bras sort du partenariat qui tire à sa fin groggy. Les faits portent un cinglant démenti à la prétention affichée par les russes d'avoir pleinement rempli leur contrat. Une défaite certaine présentée comme une victoire aléatoire. Le ton d'auto-satisfaction et triomphant d'un groupe qui voudrait faire croire qu'il part la tête haute après de bons et loyaux services est une tentative désespérée de noyer le poisson. Wagner s'en va "la queue entre les jambes ", se sauve avant de succomber dans les flammes djihadistes. Ceux-ci avancent d'un pas résolu vers la capitale. Rien ni personne ne semble pouvoir les arrêter. Les mercenaires russes se retirent sur une note d'échec dans un climat de fin de règne pour leurs poulains, Goita et compagnie. Tombouctou, Gao, Menaka, Dioura, Nampala, et même les banlieues de la capitale sont régulièrement frappées. La réalité est implacable: le Mali n'a jamais été aussi vulnérable qu'en ce moment précis où Wagner plie bagages, illico, dare, dare. Le groupe n'a pas de lauriers dont il pourrait se glorifier ni brandir le moindre trophée de guerre. Au contraire, il laisse derrière lui des prisonniers capturés par le JNIM, des corps des mercenaires morts aux combats, et aussi un Mali exsangue, abandonné à son malheureux sort, sans recours ni perspectives et soutiens véritables. Historique d'une alliance contre-nature et cynique. Le groupe Wagner est venu au Mali avec ses gros sabots et ses intentions criminelles en 2021, dans la foulée du coup d'Etat qui a porté la junte actuelle au pouvoir. Les dirigeants improvisés et apprentis-sorciers ont claqué la porte à la France et se sont ligués contre la coopération internationale traditionnelle et très ancienne. Dès lors, la junte a vu en Wagner, tristement célèbre, une alternative politique et militaire salvatrice. En contrepartie de leur soutien sollicité, les russes ont obtenu des concessions minières très lucratives dans le sud et le centre du Mali. Sous le prétexte de combattre le terrorisme rampant, le groupe Wagner n'a pas tardé à confirmer la sale réputation qui le précède partout : une machine à tuer, à broyer, incontrôlable et impitoyable, criminelle. La débâcle Historique de Tinzawaten. Les forces russes et l'armée nationale malienne ont essuyé un revers mémorable en 2024 à Tinzawaten face à une offensive, rondement menée, par des groupes armés terroristes au sommet de leur art. Plus de 80 mercenaires tués, des dizaines de soldats maliens ont aussi trouvé la mort sur le champ de bataille. Malgré le carnage et le sang qui a abondamment coulé, la propagande officielle n'a jamais arrêté de divertir l'opinion avec des mensonges tels que l'élimination chaque fois de milliers de terroristes. Alors que la junte excellait dans la politique de l'autruche, les groupes armés, continuaient de se renforcer, d'étendre leurs tentacules dans certaines régions du centre et du sud par une forte implantation. Wagner, appelé à la rescousse, n'a jamais réussi à sécuriser, durablement, une seule province ou partie du Mali. Hasard de calendrier ou acte prémédité, le retrait du groupe Wagner intervient au moment où Bamako, la capitale, elle même, est cernée de toutes parts et est sur le point de chuter. Des attaques sont signalées à quelques dizaines de kilomètres à la ronde. L'armée est démobilisée, les drones hors de service, la chaîne de commandement, fracturée. Les crimes de guerre: une tâche noire et indélébile. L'histoire de Wagner au Mali est aussi celle d'un catalogue macabre d'horribles crimes contre l'humanité, répertoriés par les nations-unies, human rights watch et plusieurs ONG. A titre, d'exemples: - Moura 2022: près de 500 civils assassinés, en quelques jours. Des exécutions sommaires, des femmes violées, des enfants massacrés. Le rapport de l'ONU est sans appel : crimes de guerre et crimes contre l'humanité, co-perpétrés par Wagner et les FAMA. - Massacres récurrents: entre 2022 et 2025, des dizaines de villages ont été rasés. Des civils ont été pris pour cibles avec comme pour conséquences des disparitions forcées, des fosses communes pour enterrer les centaines de victimes. En Décembre 2024, au moins 32 civils ont péri dans une opération, conjointement, menée par les FAMA et leurs alliés russes. Les drones de Wagner, à défaut de viser et neutraliser les terroristes, frappent les éleveurs peuls. Ceux qui arrivent à survivre et s'en sortir, témoignent d'actes de tortures, de violences sexuelles, de séquestrations. Des méthodes barbares, d'une extrême cruauté, pires que les pratiques reprochées aux groupes armés terroristes. Depuis la mort d'Evgueni Prigojine, en 2023, fondateur du groupe Wagner, l'organisation n'existe plus que de nom, devenu l'ombre d'elle-même. Les vétérans aguerris ont été remplacés par des repris de justice, des délinquants russes, des bannis des conflits ukrainiens, utilisés comme chair à canon. L'élite de Wagner a disparu au profit d'individus peu recommandables, indisciplinés, et sauvages. Une saignée financière sans résultats probants. Le Mali, pendant les 3 années de partenariat avec Wagner a délié le cordon de la bourse: des milliards de fca engloutis qui auraient pu être utilisés à des fins plus utiles: la réconciliation intercommunautaire, le renforcement institutionnel, la sécurité publique, un processus politique inclusif pour prévenir les crises ou ramener la paix. L'Etat malien est plus isolé que jamais, surendetté, et plus vulnérable à cause du tâtonnement au sommet de l'Etat, de toutes les dérives politiques et sécuritaires, des dépenses somptuaires. La fin de mission actée de Wagner marque la fin d'un mythe et enterre la propagande d'Etat débile et mensongère. La prétendue souveraineté retrouvée sous la bannière de mercenaires étrangers est un canular, un mirage. Le Mali, est à terre, ensanglanté, trahi par une junte qui a abusé de sa naïveté et lâché par des alliés de circonstance. L'histoire retiendra que Wagner n'a pas aidé à préserver et défendre l'intégrité territoriale malienne. Il a pillé ses ressources, brutalisé ses populations et contribué à sa perte. C'est dans le malheur qu'on reconnaît ses vrais amis. Wagner a attendu que le Mali soit dans la tempête pour l'abandonner à lui-même, dans le pétrin, sans crier gare ni demander ses restes. Advienne que pourra. Qui sème le vent récolte la tempête. Assimi Goita doit tomber pour que le Mali puisse se relever soit par une révolution de palais que des militaires patriotes pourraient réaliser ou alors ce sera aux djihadistes de le faire à leur place. En tout cas, d'une manière ou d'une autre, le changement viendra et il est plus proche qu'on ne l'imagine. Samir Moussa