Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
Le Méhari Post de Mohamed AG Ahmedou du MTRM
June 7, 2025 at 08:09 PM
Le Mali se défait : chroniques d’un effondrement silencieux Introduction : la vérité étouffée Il y a des vérités qu’on étouffe à coups de communiqués triomphalistes, de discours creux sur une "souveraineté retrouvée", et de vidéos mises en scène pour les réseaux sociaux. Pourtant, la réalité est brutale, implacable : le Mali est en train de tomber. Pas d’un coup d’État. Pas d’un assaut frontal. Mais d’un effondrement lent, méthodique, presque silencieux. Pendant que le pouvoir militaire se félicite, les faits sur le terrain racontent une autre histoire : La junte tient Koulouba et Kati. Le JNIM et l’EIGS, eux, tiennent les routes, les villages, les esprits. La capitale est un mirage. Le territoire, un champ de ruines invisibles. --- 1. Le syndrome Kaboul : Bamako ne tombera pas, elle se vide Bamako ne sera pas prise par les armes. Elle sera contournée, isolée, vidée de sa substance – comme Kaboul en 2021. On se souvient : là aussi, les experts disaient que la capitale était solide. Là aussi, les gouvernants se réfugiaient derrière une propagande qui cachait leur impuissance. Ce n’est pas le JNIM qui remportera une victoire militaire. C’est l’État malien qui s’éteindra politiquement. Les routes stratégiques sont devenues des couloirs de la peur : Kayes n’est plus accessible sans escorte. Sikasso est attaquée régulièrement sur ses axes. Mopti est un champ de mines. Dans le Centre, la "reconquête" n’est qu’un mot creux. Les convois roulent sous protection d’hélicoptères. Les préfets vivent, quand ils existent encore, reclus sous la garde de gendarmes démoralisés. --- 2. Wagner : la sécurité des forts, pas celle du pays Le départ de Wagner ? Une diversion. La vérité : Wagner n’a jamais sécurisé le Mali. Il a sécurisé la junte, les résidences, Koulouba, Kati. Les villages ? Ils brûlaient. Moura est tombée avec Wagner. Dioura, tout autant. Les massacres dans le Centre ont continué, parfois avec leur complicité. Ce n’est pas l’absence de Wagner qui fait sombrer le pays, mais l’absence de stratégie. On confond vidéos de propagande et doctrine militaire. On oublie que la sécurité n’est pas une vitrine : c’est un maillage de souveraineté territoriale. --- 3. Une armée qui combat, un pouvoir qui se protège Le scandale majeur n’est pas l’illégitimité électorale. C’est le cynisme militaire. Oui, l’armée malienne est mobilisée. Oui, elle se bat. Mais pour quoi ? Pour qui ? Pour protéger le régime, pas pour restaurer l’État. Combien de soldats sont envoyés au front sans appui aérien, sans ravitaillement, sans renseignement fiable ? Combien meurent dans l’anonymat, étouffés par un silence organisé ? Combien voient leur courage utilisé pour maquiller des reculs en "repositionnements stratégiques" ? L’armée malienne mérite mieux. Elle mérite un commandement qui la respecte, qui la protège, qui valorise sa bravoure dans la vérité, pas dans le mensonge. --- 4. Bamako : îlot de béton dans un pays fantôme À Bamako, on vit comme si de rien n’était : Les bars sont pleins. Les ministres paradent. Les plateaux télé ressassent la "fierté retrouvée". Les enfants des dirigeants étudient à Istanbul ou à Paris. Pendant ce temps, le coton pourrit dans les campagnes. La capitale est devenue un décor de cinéma républicain. Une ville sous cloche. Protégée. Branchée. Bruyante. Narcissique. Mais à quelques kilomètres seulement : Les écoles ferment. Les centres de santé sont abandonnés. Les juges ont fui. Là-bas, ce n’est plus l’État qui gouverne. C’est la terreur. C’est l’arbitraire des armes. --- 5. L’effondrement intellectuel : le silence des élites Et les intellectuels ? Où sont passés les professeurs, les juristes, les sociologues, les grandes plumes ? Aujourd’hui, ils se taisent. Ou pire, ils rationalisent l’échec. Ils chantent la souveraineté pendant que le pays se désagrège. Ils invoquent le panafricanisme pour justifier leur aveuglement. Pendant qu’ils organisent des colloques sur la décolonisation mentale, les villages, eux, se décolonisent d’eux-mêmes… en rejoignant l’ordre du JNIM, seul acteur présent, actif, brutal mais cohérent. --- 6. L’heure de vérité : Bamako n’a pas besoin de tomber. Elle est déjà prise Un jour viendra – peut-être bientôt – où : une région basculera entièrement, sans combat, un gouverneur disparaîtra sans laisser de trace, la route du ravitaillement sera coupée, et ceux qui se moquaient des alertes lucides réaliseront trop tard qu’ils applaudissaient leur propre impuissance. La guerre n’est pas à venir. Elle est là. Et elle est en train d’être perdue. Pas par manque d’armes. Mais par absence de vérité. Pas par défaite militaire. Mais par désertion politique. --- Conclusion : On n’aime pas un pays en niant sa chute Dire que le Mali va mal, ce n’est pas trahir. C’est aimer ce pays. C’est refuser le mensonge. C’est refuser le confort de l’illusion. Ceux qui acclament une transition sans cap, sans résultats, sans perspective, seront demain les fossoyeurs d’un pays qu’ils prétendaient défendre. Le Mali ne tombera pas d’un coup. Il se décompose. Lentement. Tragiquement. En silence. Et le plus grave, c’est que ce silence est organisé. Il est temps de hurler

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