*Espace Économie*📈📊 *Épisode 5 :* _Comprendre l’économie informelle_ Bienvenue dans l’Espace Économie, votre rendez-vous pour mieux comprendre l’économie. *C’est quoi l’économie informelle ?* Selon l’OIT, dans sa Recommandation numéro 204 concernant la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle : «l’économie informelle désignent toutes les activités économiques des travailleurs et des unités économiques qui en droit ou en pratique ne sont pas couvertes ou sont insuffisamment couvertes par des dispositions formelles. » Cette définition est complétée par la précision que l’économie informelle ne comprend pas les activités illicites, telles que le trafic de stupéfiants, la traite des personnes, ou encore le blanchiment d’argent. *Pourquoi existe-t-elle ?* L’économie informelle existe souvent par nécessité. Quand le secteur formel (officiel) ne crée pas assez d’emplois, quand les démarches administratives sont compliquées ou coûteuses, ou quand les charges sociales sont trop lourdes, beaucoup de gens choisissent (ou sont contraints) de travailler de manière informelle. En Haïti, par exemple, Selon les estimations de la Banque mondiale et de l’OIT, plus de 80 % des emplois en Haïti relèvent du secteur informel (2022). Cela montre son poids énorme dans le quotidien de millions de personnes. _Mais attention, posons-nous 3 questions :_ *1- L’économie informelle est-elle forcément négative ?* L’économie informelle joue un rôle important, notamment dans les pays où l’État et les services publics sont peu développés. Elle permet à des millions de personnes de gagner leur vie et de participer à l’activité économique, en créant des emplois et en faisant circuler l’argent (Banque mondiale, 2023). Cependant, cette économie échappe souvent à la fiscalité, ce qui prive les gouvernements des ressources nécessaires pour financer les infrastructures et les services publics. De plus, les travailleurs de ce secteur n’ont pas accès à des protections sociales comme un salaire minimum ou une assurance maladie, ce qui les rend vulnérables (Organisation internationale du Travail, 2022). Ces limitations freinent aussi le développement économique, car les entreprises informelles restent souvent petites et peu structurées. *2-Qui travaille dans l’économie informelle ?* L’économie informelle concerne une grande partie de la population, mais elle touche plus particulièrement certains groupes vulnérables. On y retrouve surtout des jeunes sans emploi formel, des femmes actives dans le commerce de rue ou les services domestiques, des habitants de quartiers défavorisés, ainsi que de petites entreprises non enregistrées. Ce secteur regroupe des activités économiques non réglementées par l’État, comme par exemple une vendeuse de fruits sur un trottoir ou un mécanicien travaillant dans une garage sans statut officiel. Bien que ces emplois offrent une source de revenus, ils sont souvent marqués par la précarité, l’absence de protection sociale et un accès limité aux services financiers ou juridiques. *3-Que peut faire l’État face à l’économie informelle ?* Plutôt que de réprimer l’économie informelle, l’État devrait favoriser sa formalisation progressive. Pour cela, plusieurs actions sont possibles : simplifier les démarches de création d’entreprise, proposer des incitations fiscales (comme des réductions ou des délais de paiement), offrir des formations professionnelles et une éducation financière accessibles à tous. Il est aussi crucial d’améliorer l’accès au crédit et d’élargir la protection sociale aux travailleurs informels, qui restent souvent exclus des systèmes de sécurité. Le Rwanda illustre bien cette approche. Le pays a mis en place un système d’enregistrement entièrement en ligne, gratuit, rapide et sans capital minimum. Résultat : de nombreuses petites entreprises ont pu se formaliser. Françoise Muhorakeye, une commerçante, a par exemple pu créer une coopérative avec d’autres femmes et obtenir un prêt d’un million de francs rwandais. Cette aide leur a permis de développer leur activité et de sortir de la précarité (IPS News, 2010). *En conclusion* L’économie informelle est une réalité incontournable, surtout dans des pays comme Haïti. Elle permet à des millions de personnes de survivre malgré l’absence de protection sociale. Mais elle freine aussi le développement à long terme. Plutôt que de la combattre, l’État doit accompagner sa formalisation à travers des mesures concrètes : démarches simplifiées, incitations fiscales, accès au crédit, formation, et élargissement de la protection sociale. Reconnaître l’économie informelle C’est un pas vers une économie plus équitable et inclusive. Car derrière chaque petit commerce, il y a des femmes et des hommes qui font tourner l’économie. Les reconnaître, c’est construire une société, plus solide. *©️ Espace des Étudiants 👨🏿‍🎓*