🔴𝐆𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞 : 𝐜𝐨𝐮𝐩 𝐝𝐞 𝐛𝐚𝐥𝐚𝐢 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐬𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐦𝐢𝐧𝐢𝐞𝐫, 𝐃𝐨𝐮𝐦𝐛𝐨𝐮𝐲𝐚 𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬𝐞 𝐬𝐚 𝐥𝐨𝐢 : Par LE BRIEF – Publié le 10 Juin 2025 La Guinée poursuit sa refondation minière à marche forcée. Moins d’un mois après le Mali, c’est au tour de Conakry de secouer la filière stratégique des ressources naturelles. Près d’une cinquantaine de titres miniers ont été brutalement retirés à plusieurs dizaines de sociétés opérant dans les secteurs de la bauxite, de l’or, du diamant et du graphite. L’annonce, faite par décret présidentiel lu à la télévision nationale le 14 mai au soir, sonne comme un avertissement clair : l’ère de l’impunité et de la spéculation sur les permis miniers est révolue. Le gendarme minier se réveille Le général Mamadi Doumbouya, chef de la transition depuis septembre 2021, place les ressources minières au cœur de son agenda souverainiste. Déterminé à reprendre la main sur les richesses du sous-sol guinéen, il s’en prend désormais aux entreprises qui, selon les autorités, « ne développent pas ou n’exploitent pas les concessions attribuées ». En filigrane, il s’agit de sanctionner les stratégies de rétention spéculative et de nettoyer un écosystème souvent gangrené par l’opacité. La bauxite, enjeu géopolitique La Guinée, premier exportateur mondial de bauxite – matière première indispensable à la fabrication de l’aluminium – se trouve au cœur des tensions géoéconomiques, entre la Chine, principal acheteur, et des investisseurs occidentaux à la recherche de partenariats plus encadrés. Cette décision politique, bien que brutale, peut donc être lue comme une tentative de rééquilibrage : garantir que chaque permis soit réellement exploité au bénéfice de l’économie nationale. Des précédents récents Ce coup de balai ne tombe pas du ciel. Dès le 9 mai, le président Doumbouya avait retiré les permis de deux sociétés minières locales, Guiter Mining et Kebo Energy SA, sans autre forme de procès. La veille, un ordre présidentiel exigeait déjà le retrait de tous les titres non conformes au code minier. Une montée en puissance réglementaire que les observateurs du secteur anticipaient depuis plusieurs mois. Un signal fort aux investisseurs Pour Ibrahima SY, chercheur spécialisé dans le secteur minier, « la Guinée est une terre d’opportunités, mais elle impose désormais des règles claires : qui n’exploite pas, dégage ». Un message sans ambiguïté, qui peut rassurer autant qu’il inquiète. Les opérateurs sérieux pourraient y voir l’occasion d’un assainissement salutaire, tandis que les spéculateurs se tiendront désormais à distance.