🔴 𝐒𝐀𝐑 𝟐.𝟎 : 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐚𝐜𝐡𝐞 𝐥𝐞 𝐬𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐮 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭 𝐞́𝐧𝐞𝐫𝐠𝐞́𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐚𝐢𝐬 ? À l’aube de son entrée officielle dans le cercle restreint des producteurs d’hydrocarbures, le Sénégal se trouve à un tournant stratégique : que faire du projet SAR 2.0 ? Longtemps annoncé comme la grande réforme industrielle du secteur aval, il demeure aujourd’hui l’un des dossiers les plus silencieux du moment, malgré les immenses enjeux qu’il cristallise. Pour mémoire, en 2024, un protocole d’accord a été signé à Pékin entre l’État sénégalais et le géant chinois CNCEC. Ce document-cadre prévoyait une modernisation complète de la Société Africaine de Raffinage, doublée d’une augmentation de capacité à hauteur de 3 millions de tonnes par an. L’objectif était clair : adapter la raffinerie aux spécificités du brut sénégalais et réduire drastiquement la dépendance aux produits raffinés importés. Mais plus d’un an après la signature, la mise en œuvre tarde. Aucun calendrier officiel n’a été publié, aucune mission technique ne semble avoir entamé le travail sur le terrain. Le projet est-il en cours de renégociation ? Est-il suspendu ? Ou tout simplement relégué au second plan des priorités nationales ? Le silence institutionnel commence à inquiéter, au moment où la SAR fait face à des défis critiques de rentabilité, d’approvisionnement et de conformité aux standards internationaux. Dans ce contexte, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à une inflexion stratégique : faut-il s’en tenir exclusivement à un partenaire unique, ou ouvrir le jeu ? L’idée d’un appel d’offres international se fait de plus en plus insistante. Elle permettrait non seulement d’évaluer d’autres offres technologiques et financières, mais aussi de garantir transparence, compétitivité et souveraineté dans le processus. D’autant plus que la transition énergétique mondiale pousse les pays producteurs à maximiser la valeur ajoutée locale, sans céder aux logiques de dépendance bilatérale. Car au fond, SAR 2.0 n’est pas qu’un projet industriel. C’est un révélateur. Un thermomètre. Une boussole. Il nous dit où nous voulons aller en tant que Nation. Une SAR modernisée, adaptée à nos ressources, dotée d’un schéma de gouvernance clair et ambitieuse dans ses objectifs serait l’outil parfait pour sécuriser l’approvisionnement en carburants, exporter des produits raffinés, et surtout, former une nouvelle génération de techniciens et d’ingénieurs du raffinage. La balle est désormais dans le camp des décideurs. Il ne s’agit plus de réagir dans l’urgence, mais de penser en stratèges. Le Sénégal dispose de ressources, d’alliés techniques, de capitaux potentiels et surtout d’un positionnement géographique favorable. Ce serait une erreur historique que de traiter SAR 2.0 comme un simple projet parmi d’autres. Mais encore faut-il poser la bonne question : voulons-nous moderniser pour survivre… ou transformer pour dominer ?