MBONGUI-KANDZA LIBERTÉ VÉRITÉ 242
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June 12, 2025 at 05:49 PM
Lettre ouverte au ministre de l'Enseignement Technique et Professionnel, Ghislain Thierry Maguessa Ebome Plus de 16 000 candidats au Bac technique : Pour quelles filières, et pour quel avenir? Chaque année, des milliers de jeunes Congolais se présentent aux épreuves du baccalauréat technique. En 2025, ce sont plus de 16 000 candidats qui tentent leur chance. Mais au-delà de l’effort et de l’espoir que représente ce diplôme, une question cruciale s’impose : dans quelles filières sont-ils formés et pour faire quoi dans un pays qui ne sait pas employer ses techniciens ? Depuis des décennies, le Congo forme des diplômés qu’il n’intègre pas dans le tissu économique national. Les jeunes, souvent bien formés dans des domaines techniques ou professionnels, se retrouvent sans emploi, sans accompagnement, ni perspective. Cette situation révèle une incohérence grave entre la formation, l'emploi et les besoins réels du pays. Il est temps de mettre fin à cette absurdité nationale. Dans notre ouvrage Kongo Ya Sika : Et si nous créions notre démocratie ?, nous proposons une réforme de fond : confier l’éducation, l’emploi et la gestion des ressources humaines à une instance nouvelle et indépendante, nommée Conseil National de l’Éducation, de l’Emploi et de la Gestion des Ressources Humaines. Voici en quoi cette réforme peut changer le destin de notre jeunesse. Un Conseil pour unifier éducation, emploi et développement humain Ce Conseil aurait pour mission principale de formuler et mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes et coordonnées dans les domaines de l’éducation, de l’emploi et de la gestion des ressources humaines. Son rôle serait d’assurer une vision intégrée du développement humain, en phase avec les réalités économiques du pays. 1. Une composition inclusive et démocratique Le Conseil serait constitué de représentants élus à la Conférence Nationale Souveraine issus des parents d’élèves, des enseignants, des syndicats, mais aussi des opérateurs économiques. Cela garantirait une représentativité équitable des acteurs concernés et une légitimité populaire, permettant une gouvernance participative de ces secteurs cruciaux. 2. Des orientations de formation alignées sur les besoins du pays Fini les formations sans débouchés ! Le Conseil aurait pour tâche de définir des filières de formation en adéquation avec les besoins concrets de l’économie nationale. Il mettrait en place des cursus souples, évolutifs, accompagnés d’un service d’orientation professionnelle pour aider les jeunes à faire les bons choix. 3. Une transparence démocratique : présentation des politiques au Parlement Chaque année, le Conseil viendrait présenter sa politique générale devant le Parlement, garantissant ainsi transparence, contrôle démocratique et redevabilité. Cela permettrait aux citoyens, par l’intermédiaire de leurs représentants, de suivre et de débattre de l’orientation de ces politiques. 4. Une coordination globale des parcours de vie L’unification sous une seule entité des domaines de l’éducation, l’emploi, la formation, l’assurance chômage et les retraites permettrait un suivi fluide et continu de chaque citoyen, de la naissance à la retraite. Un tel système éviterait les ruptures de parcours et offrirait un véritable accompagnement personnalisé à chaque Congolais. 5. Une base de données nationale pour planifier l’avenir Le Conseil mettrait en place une base de données nationale permanente, recensant de manière dynamique les naissances, scolarités, formations, emplois, chômages, etc. Cet outil statistique deviendrait un levier stratégique essentiel pour anticiper les besoins en emploi et en logement, orienter efficacement les politiques publiques et réagir avec agilité face aux crises. Former pour employer, employer pour développer La réforme que nous proposons repose sur une idée simple : ne plus former des chômeurs, mais des bâtisseurs de l’avenir. Il est temps que le Congo cesse d’investir dans des formations sans finalité, et construise un modèle dans lequel chaque diplôme correspond à une fonction sociale et économique réelle. Aussi avions-nous proposé, dans un autre ouvrage intitulé Du Secteur Informel au Secteur Formel : Les Enjeux et Opportunités pour les Petites Entreprises, le passage du monde informel au monde formel des jeunes entreprises. Cette transition permettrait de valoriser ces initiatives, souvent marginalisées, en les transformant en véritables centres de stage pratique et d’innovation pour les élèves inscrits dans les écoles techniques et professionnelles. C’est ainsi que, petit à petit, le Congo pourrait créer un secteur privé dynamique, créateur d’emplois et porteur de croissance. Malheureusement, nous ne sommes toujours pas compris. Comme nos propositions ne viennent ni du PNUD ni de la Banque mondiale, qui pourtant vendent cher au gouvernement des concepts parfois plus flous, elles ne sont pas prises au sérieux. Et pendant ce temps, le Congo continue de former des personnels dont il ne se servira pas, prolongeant un cercle vicieux de gaspillage des talents et de stagnation économique. Et maintenant ? Il est urgent de rompre avec ce système inefficace et de mettre en place des réformes audacieuses, conçues par ceux qui connaissent le terrain, pour donner un sens à la formation, restaurer la dignité des jeunes et engager le pays sur la voie d’un développement réellement inclusif. Serge Armand Zanzala, Écrivain – Chercheur – Citoyen engagé, Directeur de Publication de La Société Littéraire, Promoteur du projet Kongo Ya Sika

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