
Mes Rubriques
May 15, 2025 at 12:31 AM
Le nom « Awa » revient comme une note légère dans mon carnet, un fil doré tissé dans le tissu lourd de ces derniers jours. Après l’enterrement de ma grand-mère, le voyage de Mouila à Libreville, le chagrin de ma mère, et la mauvaise foi de Clara qui s’efface peu à peu, Awa est une présence discrète, presque accidentelle, mais qui prend sa place, doucement. La soirée poésie, hier, a été une conquête, un moment où j’ai lu pour mamie, pour moi, et où nos regards se sont croisés à nouveau – elle, son carnet sous le bras, son sourire qui ne demandait rien mais offrait tout.
Awa, c’est une rencontre, pas une promesse. Elle n’a pas le poids des attentes que j’avais avec Clara, ni l’urgence de combler un vide, comme cette tentation de « se réfugier dans les bras d’une autre ». Elle est juste là, avec ses mots, ses silences, son rire quand elle parle de ses poèmes qu’elle n’ose pas encore lire à voix haute. Hier, après mon texte, elle m’a dit : « Tu as lu pour quelqu’un d’important, hein ? » et ça m’a touché, parce qu’elle a vu, sans que j’aie besoin d’expliquer. On a parlé, un peu, de l’écriture, du deuil, de ce qui pousse à mettre des bouts de soi sur papier. Pas de grand serment, juste un échange, comme un ruisseau qui coule sans forcer.
Dans mon carnet, j’écris : « Awa, c’est une page nouvelle, pas une réponse à Clara, pas une fuite. Ici bas, elle me rappelle que les rencontres peuvent être simples, vraies. Mamie sourirait, je crois. » Je repense à ma mère, à notre conversation prévue ce soir, à son chagrin que je veux apaiser. Awa n’a pas la place de mamie, ni celle de ma mère, mais elle a un rôle, peut-être : celui de me montrer qu’il y a encore des gens qui écoutent, qui partagent, sans mauvaise foi.
Aujourd’hui, 15 mai 2025, à 1h28 du matin, je vais boucler mes tâches, voir ma mère, et peut-être écrire un autre texte pour un prochain open mic. Awa, je ne sais pas si je la reverrai, si elle sera là à la prochaine soirée poésie, mais son nom, son sourire, c’est une petite lumière. Pas pour combler le vide, mais pour me rappeler que, dans ma conquête, il y a de la place pour des instants comme celui-là, où l’on se croise, où l’on se comprend, juste un peu. Mamie, de là-haut, doit hocher la tête, fière de son petit qui apprend à accueillir sans quémander, à aimer demain sans brusquer aujourd’hui.