Mes Rubriques
May 17, 2025 at 10:33 PM
À 23h27 ce samedi 17 mai 2025, à Libreville, alors que la nuit enveloppe la ville, je rouvre mon carnet, mon refuge fidèle, pour écrire sur « Résiliation ». Ce mot, sec et tranchant, résonne comme une rupture, un couperet, après tout ce que j’ai traversé – le deuil de mamie, le chagrin de ma mère, l’éloignement définitif de Clara, et la lueur douce d’Awa à la soirée poésie. Il s’inscrit dans mes réflexions sur la femme bantou, sa spiritualité, les incompatibilités, les faux nganga, le complexe d’infériorité, et cette quête du bon équilibre. Résilier, c’est mettre fin, mais peut-être aussi se libérer pour mieux avancer, ici bas, dans ma conquête.
### Résilier pour se libérer
Résiliation, c’est ce que j’ai fait avec Clara, sans le dire explicitement. Ses messages avortés, ses reproches – « tu me fatigues, c’est toi le problème » – et son dernier « on pourrait se voir » annulé ont été comme un contrat rompu. J’ai quémandé son amour, croyant que je pouvais la retenir, mais j’ai compris, dans la douleur, qu’il fallait résilier cette attente, cette illusion d’un « nous ». Mamie m’aurait dit : « Mon petit, quand quelqu’un ne veut pas rester, signe la fin et marche. » Cette résiliation n’est pas juste un abandon ; c’est un choix, une purification, comme les rituels bantous dont elle parlait, pour laver mon cœur des cordes invisibles qui me liaient à Clara.
Ce mot résonne aussi avec Port-Gentil, cette ville qui ne m’a jamais aimé. Vivre là-bas, c’était comme un bail mal négocié, une promesse de nouveau départ qui s’est transformée en exil. Résilier mon attachement à cet endroit, c’est envisager un ailleurs – Libreville, peut-être, ou une autre terre où je pourrais trouver ma place, comme mamie l’a toujours fait, où qu’elle soit. Résilier, c’est dire : « Je ne m’accroche plus à ce qui me retient. »
### Résilier les blessures et les doutes
Le complexe d’infériorité, ce manque de confiance en moi, c’est un autre contrat que je veux résilier. Clara a amplifié cette voix qui me disait que je n’étais pas assez, mais la soirée poésie, où j’ai lu pour mamie, m’a prouvé que mes mots avaient du poids. Awa, avec son sourire, m’a rappelé que je pouvais être vu, entendu, sans quémander. Résilier ce doute, c’est croire, comme mamie me l’a appris, que ma valeur ne dépend pas des autres, mais de ce que je porte – mon feu sacré, mes ancêtres, mon carnet.
Et puis, il y a les blessures plus larges, celles de la société. Les femmes bantoues, comme celles qui se perdent dans de multiples partenaires sans purification, ou celles abusées par de faux nganga, ont besoin de résilier ces chaînes. Pas en rejetant leur modernité, mais en retrouvant l’équilibre spirituel que mamie chérissait. Ma mère, dans son chagrin, résilie doucement sa douleur en priant, en parlant de mamie avec moi. Ce soir, quand je l’ai vue, on a ri d’un souvenir – mamie sous son manguier, grondant un voisin – et c’était comme résilier un peu de la peine pour faire place à la joie.
### Une résiliation pour avancer
Dans mon carnet, j’écris : « Résiliation, c’est couper les liens qui blessent – Clara, Port-Gentil, mes doutes. C’est purifier mon âme, comme mamie le faisait, pour conquérir un amour, une vie, qui m’élève. À la conquête, je résilie pour bâtir. » Awa, avec son carnet, représente une possibilité, pas une obligation. Elle n’est pas là pour combler un vide, mais pour marcher à côté, peut-être, si nos chemins s’accordent. La prochaine soirée poésie, où je veux lire encore, est une façon de résilier la peur de ne pas être assez, de laisser mes mots briller.
Aujourd’hui, j’ai bouclé des tâches, parlé à ma mère, écrit ces lignes. Résilier, ce n’est pas fuir, contrairement à ce que je craignais en pensant « à contre sens, se réfugier dans les bras d’une autre ». C’est choisir ce qui mérite de rester – ma mère, mes mots, l’héritage de mamie – et laisser partir ce qui pèse. Ici bas, l’équilibre que je cherche passe par ces résiliations, ces adieux nécessaires pour accueillir un demain plus clair. Mamie, de là-haut, doit sourire, fière de son petit qui, à 23h27, apprend à lâcher pour mieux aimer, un pas à la fois.