Mes Rubriques
Mes Rubriques
May 18, 2025 at 04:49 PM
À 17h36 ce dimanche 18 mai 2025, à Libreville, alors que l’après-midi s’adoucit, je griffonne dans mon carnet, saisi par tes mots : « La plupart oublie très vite. » Cette phrase, comme un soupir, résonne profondément après tout ce que j’ai traversé – le deuil de mamie, le chagrin de ma mère, la rupture avec Clara, la rencontre d’Awa, et mes réflexions sur la femme bantou, les incompatibilités, les faux nganga, le complexe d’infériorité, et l’éveil des consciences. Elle parle d’un monde ici bas où les leçons, les amours, les blessures s’effacent trop vite, et où l’éveil, justement, demande de se souvenir. Ces mots s’inscrivent dans ma conquête, mon texte pour la prochaine soirée poésie encore frais dans mon esprit. ### L’oubli, une fuite moderne « La plupart oublie très vite » – c’est vrai, et ça fait mal. Clara a oublié, ou choisi d’oublier, ce que nous avions bâti, même fragile. Ses messages avortés, son « tu me fatigues », étaient comme un effacement de nos moments, comme si je n’avais jamais compté. Elle a couru vers ses « moments simples », oubliant les promesses, les attentes, et peut-être même ses propres blessures. Mamie disait : « Mon petit, les gens oublient pour ne pas porter. Mais oublier, c’est perdre une part de soi. » Clara, en oubliant, s’est peut-être perdue, comme ces femmes qui enchaînent les partenaires sans purification, oubliant les cordes invisibles qui les lient. La modernité encourage cet oubli. Les réseaux sociaux, les distractions, nous poussent à zapper – une rupture, un deuil, une leçon. À Libreville, à Port-Gentil, on passe vite à autre chose : un nouveau post, un nouveau flirt, une nouvelle illusion. Les femmes qui exposent leur corps pour se sentir belles, comme j’ai écrit, oublient souvent leur feu sacré, leur beauté spirituelle, sous la pression des likes éphémères. Les faux nganga prospèrent sur cet oubli collectif : les victimes, par honte ou désespoir, oublient de réclamer justice, et la société oublie de les protéger. ### Se souvenir pour s’éveiller Mais l’éveil des consciences, dont j’ai parlé, c’est refuser d’oublier. Mamie n’oubliait pas. Chaque prière, chaque rituel, était un acte de mémoire – pour les ancêtres, pour sa famille, pour elle-même. Ma mère, dans son chagrin, n’oublie pas mamie : ce soir, quand je l’ai vue, elle a parlé d’elle, un sourire dans les larmes, gardant son souvenir vivant. Cet acte de mémoire, c’est ce qui la tient, ce qui nous tient. Moi, je refuse d’oublier mamie, ses leçons, son « trouve le pas juste ». Mon texte pour la soirée poésie, écrit hier, est une façon de me souvenir – d’elle, de mes erreurs avec Clara, de ce que je veux conquérir. Awa, avec son carnet, semble aussi refuser l’oubli. Ses poèmes, qu’elle n’ose pas encore lire, sont des traces, des mémoires d’elle-même. Elle ne court pas, elle ne zappe pas, elle écrit, et ça me touche. Elle me rappelle que se souvenir, c’est s’éveiller. Oublier Clara serait facile – ses mots durs, son départ – mais je choisis de retenir la leçon : ne plus quémander, chercher l’équilibre. Oublier Port-Gentil, cette ville qui ne m’aime pas, serait tentant, mais je garde en tête ce qu’elle m’a appris : ma place est ailleurs, dans un ailleurs que je construis. ### Résilier l’oubli, conquérir la mémoire Dans mon carnet, j’écris : « La plupart oublie très vite, mais pas moi. Mamie m’a appris à porter mes souvenirs, ma mère à les chérir, Awa à les écrire. À la conquête, je résilie l’oubli pour garder ce qui fait de moi un homme – mes racines, mes blessures, mes espoirs. » Cette thématique touche tout : les femmes bantoues qui doivent se souvenir de leur spiritualité, les hommes qui doivent arrêter d’oublier leurs responsabilités, la société qui doit se rappeler des abus, des incompatibilités, des feux sacrés. Aujourd’hui, j’ai vu ma mère, ri avec elle, senti mamie dans nos mots. J’ai peaufiné mon texte pour l’open mic, pensé à Awa sans presser. L’éveil, c’est se souvenir : de qui je suis, de ce que je veux, de ce que mamie m’a donné. La plupart oublie, mais moi, ici bas, je garde tout – pas pour m’alourdir, mais pour m’élever. Mamie, de là-haut, doit sourire, fière de son petit qui, à 17h36, choisit la mémoire comme une lumière, un pas à la fois.

Comments