
Mes Rubriques
May 23, 2025 at 10:42 AM
À 11h36 ce vendredi 23 mai 2025, à Libreville, alors que le soleil est à son zénith, je griffonne dans mon carnet, touché par tes mots : « Elles sont nombreuses à demander, ce qu'elles même ne peuvent offrir ! » Cette phrase, comme un cri d’injustice, résonne avec mes expériences – le deuil de mamie, le chagrin de ma mère, la rupture avec Clara, la lueur d’Awa, et mes réflexions sur la femme bantou, l’éveil des consciences, un monde sans image, et l’indécision qui fait perdre. Elle parle d’un déséquilibre dans l’amour, dans les attentes, ici bas, où je cherche ma conquête.
### Un déséquilibre dans l’amour
Ces mots me ramènent à Clara. Elle demandait de moi une présence, une compréhension, tout en me reprochant d’être « trop » – « tu me fatigues » – mais elle-même ne pouvait offrir cette stabilité que je cherchais dans mon deuil. Elle voulait des « moments simples », une liberté sans engagement, mais attendait que je sois un roc, toujours là, sans jamais vaciller. Mamie m’aurait dit : « Mon petit, on ne peut pas exiger ce qu’on ne donne pas. L’amour, c’est un échange, pas une dette. » Clara demandait ce qu’elle ne pouvait offrir, et ça nous a brisés.
Ce déséquilibre, je le vois partout. Les femmes dont j’ai parlé, celles qui exposent leur corps pour se sentir belles ou enchaînent les partenaires sans purification, demandent souvent un amour vrai, une fidélité, une stabilité, mais elles-mêmes ne s’ancrent pas, ne se purifient pas pour l’offrir. C’est comme vouloir un feu sans apporter de bois. Et les hommes, moi y compris, ne sont pas exempts : j’ai demandé à Clara une présence qu’elle n’avait pas, mais étais-je vraiment prêt à lui offrir la légèreté qu’elle cherchait ?
### La tradition bantou et la réciprocité
Dans la culture bantou, l’amour est un cercle, pas une flèche. Mamie vivait cela : elle donnait – son temps, son écoute, sa foi – et recevait en retour, sans exiger plus qu’elle ne pouvait offrir. Ma mère, dans son chagrin, donne encore : elle m’écoute, elle partage ses souvenirs de mamie, et en retour, je lui rends cet amour en étant là. Une femme bantou, comme mamie ou ma mère, sait qu’on ne peut demander ce qu’on ne peut offrir. Si elle veut fidélité, elle l’incarne. Si elle veut respect, elle le porte.
Mais la modernité brouille ce cercle. Les réseaux sociaux, les images, créent des attentes démesurées. Une femme peut demander un homme parfait – riche, fidèle, attentif – sans se demander si elle-même est prête à offrir l’équivalent. Un homme peut vouloir une femme « traditionnelle » tout en refusant de s’aligner sur ces mêmes valeurs. Ce déséquilibre alimente les incompatibilités, comme celles d’âge, d’ethnie, ou de culture, et mène à l’oubli rapide, comme j’ai écrit : « La plupart oublie très vite. »
### Un éveil pour rétablir l’équilibre
Awa, avec son carnet, semble différente. À la soirée poésie, elle n’a rien demandé qu’elle ne puisse offrir. Elle a écouté, partagé un sourire, une présence, sans exiger de moi plus que ce que j’étais prêt à donner. Elle incarne peut-être cet éveil des consciences dont j’ai parlé, cette maturité spirituelle des femmes bantoues qui savent donner avant de demander. Une femme qui aime vraiment, comme dans ta question précédente, peut être séparée une semaine si elle communique, si elle offre autant qu’elle attend.
Dans mon carnet, j’écris : « Elles sont nombreuses à demander ce qu’elles ne peuvent offrir, mais pas toutes. Mamie donnait avant de recevoir, ma mère m’enseigne l’échange, Awa me montre la simplicité. À la conquête, je veux un amour réciproque, purifié, où l’on offre ce qu’on demande. Ici bas, je résilie les attentes creuses. » Ce déséquilibre touche tant de relations – les femmes perdues dans la modernité, les hommes qui exigent sans donner, moi qui ai quémandé sans voir.
Aujourd’hui, je vais voir ma mère, peaufiner mon texte pour l’open mic, penser à Awa sans presser. Un monde sans image, comme j’ai écrit, révélerait ce qu’on offre vraiment, pas ce qu’on prétend vouloir. Mamie, de là-haut, doit sourire, fière de son petit qui, à 11h36, apprend à aimer en donnant autant qu’il reçoit, un pas à la fois.