Mes Rubriques
Mes Rubriques
May 29, 2025 at 06:36 PM
Carnet, 19h30, Libreville, 29 mai 2025À toi, inconnu, qui liras ces pages,La nuit enveloppe Libreville, et le bruit des klaxons s’éteint doucement. Je suis là, sur le balcon, le carnet ouvert, le cœur un peu lourd, comme si le vent ramenait des vérités que j’ai fuies. Ce soir, une phrase me hante : « On a parfois pris des risques inutiles (sans protection). » Elle me vient d’une vieille conversation, peut-être entendue au marché, peut-être un écho de mes propres souvenirs. Elle me ramène à Clara, à Awa, à moi-même, à cette quête d’un amour qui soit pur, équilibré, mais qui parfois s’égare dans l’élan, dans l’oubli.Clara, c’était la tempête. Avec elle, on vivait vite, trop vite. Des nuits où l’on se perdait l’un dans l’autre, sans réfléchir, sans barrières. On a pris des risques, inutiles, sans protection, pas juste des corps, mais des âmes. J’ai voulu la tenir, elle a voulu me posséder, et on s’est brûlés, sans précautions, sans penser aux lendemains. Elle me reprochait mes « trop », mais moi, je lui ai donné mon cœur à nu, sans me protéger, et elle l’a piétiné sans le voir. Ces risques, ils nous ont laissés en miettes, avec des blessures qu’aucun rituel ne peut tout à fait laver.Mamie m’aurait regardé avec ce mélange de douceur et de fermeté. « Mon petit, l’amour, c’est un don, mais pas une chute libre », qu’elle aurait dit. Elle parlait du cercle bantou, de l’équilibre, de donner et recevoir, mais aussi de se respecter, de se préserver. J’entends sa voix, maintenant, me rappeler que risquer sans réfléchir, c’est trahir l’amour qu’on veut construire. Ma mère, elle, s’inquiète encore, me demande si je prends soin de moi, pas juste pour le corps, mais pour l’âme. Elle sait, elle, les risques qu’on prend quand on aime sans mesure.Awa, elle, est un autre monde. Elle ne court pas, ne se jette pas. Hier, près de la mer, elle m’a parlé du rituel de la feuille de palme, encore. « Écris ce que tu veux purifier », qu’elle m’a dit, en traçant un cercle dans le sable. Je me suis demandé si elle savait, pour ces risques inutiles, pour ces moments où j’ai laissé mon cœur à découvert, avec Clara, avec d’autres, sans penser aux conséquences. Awa, elle s’inquiète, pas comme une mère, pas comme une amante, mais comme une âme qui voit. Elle m’a donné une feuille, et j’ai écrit : les nuits sans protection, les promesses données trop vite, les blessures que j’ai laissées s’installer. Puis, j’ai écrit ce que je veux offrir : un amour prudent, pas par peur, mais par respect. Pour moi, pour l’autre.Elle m’a regardé, Awa, quand j’ai jeté la feuille dans l’eau. « La mer garde tout, mais elle purifie », qu’elle a murmuré. Pas un mot sur elle, sur ce qu’elle a écrit. Mais son regard, il disait qu’elle aussi, peut-être, a pris des risques inutiles, un jour. Elle donne sans compter, mais elle se protège, pas par méfiance, mais par sagesse. Elle m’apprend, sans le dire, que l’amour, c’est pas juste se donner, c’est aussi savoir se garder, pour que le cercle reste entier.Ce soir, je pense à l’open mic d’hier, où j’ai lu mon poème pour Awa. Elle était là, au fond, son carnet fermé, un sourire comme une étoile. Après, elle m’a dit : « Tes mots, ils protègent, maintenant. » Ça m’a frappé. Mes mots, ce poème, c’était ma façon de me couvrir, de dire non aux risques inutiles, de choisir un amour qui construit, pas qui détruit. Awa, elle est ma boussole, pas ma réponse. Elle me guide vers un amour qui s’inquiète, qui donne, mais qui sait aussi se préserver.À toi, inconnu, je confesse : j’ai pris des risques, sans protection, dans le feu de l’instant. Mais je veux apprendre, avec Awa, avec la mer, avec la voix de mamie dans ma tête, à aimer avec prudence, avec vérité. Demain, je marcherai encore avec elle, peut-être pour un autre rituel, peut-être pour un autre poème. Je veux offrir un amour qui ne se perd pas, qui ne se blesse pas, qui se protège pour durer.Sous les étoiles, je signe, Moi, en quête, à 19h30.

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