
Mes Rubriques
June 4, 2025 at 10:57 AM
Il y a des moments où le silence n'est plus une option, où un trop-plein de frustration nous pousse à exprimer un ras-le-bol profond. Aujourd'hui, mon coup de gueule s'adresse à une dynamique relationnelle malheureusement trop souvent rencontrée, celle où l'équilibre fondamental de la réciprocité semble complètement ignoré, voire méprisé. Je parle de ces situations où l'on attend de l'homme qu'il endosse sans sourciller le rôle de pourvoyeur financier, tandis que l'investissement affectif, le soin mutuel et l'implication concrète dans la vie de l'autre brillent par leur absence. Attention, loin de moi l'idée de tomber dans une généralisation hâtive et injuste ; toutes les femmes ne correspondent évidemment pas à ce portrait, et heureusement. Mon propos vise spécifiquement un comportement, une posture qui transforme une relation potentiellement épanouissante en un échange déséquilibré et profondément insatisfaisant.Le scénario est souvent le même, insidieux au début, puis de plus en plus flagrant. Les demandes d'argent deviennent régulières, parfois pressantes, pour couvrir divers "besoins". Jusque-là, rien d'anormal dans un couple où l'entraide existe. Mais le malaise s'installe lorsque ces sollicitations financières semblent totalement déconnectées de toute considération pour celui qui donne. La question simple, basique, presque instinctive dans une relation saine – "Et toi, comment vas-tu ? As-tu mangé aujourd'hui ? As-tu de quoi tenir ?" – ne vient jamais. On se retrouve face à une attente unilatérale, comme si notre seule fonction était de subvenir aux besoins matériels de l'autre, sans que notre propre bien-être, nos propres difficultés ou même nos ressources limitées n'entrent en ligne de compte. Lentement, insidieusement, on cesse d'être perçu comme un partenaire, un égal, pour devenir une sorte de portefeuille sur pattes, un distributeur automatique dont on attend qu'il délivre sans jamais questionner la transaction. Ce sentiment d'être réduit à une utilité financière est non seulement blessant, mais il vide la relation de sa substance humaine.Ce qui rend cette situation particulièrement amère, c'est le contraste saisissant entre ces attentes financières et le vide abyssal en termes de réciprocité pratique et affective. Pendant qu'on sollicite votre portefeuille, où sont les gestes simples qui nourrissent une relation au quotidien ? L'offre spontanée de préparer un repas, de prendre en charge une lessive, de contribuer à l'entretien du lieu de vie commun ou même simplement de s'enquérir de votre journée avec un intérêt sincère ? Ces actes, bien loin d'être des corvées ou des obligations genrées dépassées, sont les manifestations concrètes de l'attention, du soin et du désir de construire un "nous" confortable et soutenant. Leur absence systématique, couplée aux demandes matérielles, pose une question fondamentale : sur quoi repose cette relation ? S'agit-il encore d'un partenariat basé sur l'échange, l'entraide et le partage, ou d'un arrangement tacite où l'un donne matériellement et l'autre... prend ? L'absence de ces gestes simples révèle souvent un manque d'investissement plus profond, un déséquilibre qui mine les fondations mêmes du lien.Parfois, ce déséquilibre atteint des sommets d'absurdité et de désintérêt qui en disent long. Comment interpréter le fait qu'une personne qui partage une intimité, qui demande un soutien financier, ne sache même pas où vous habitez ? Pire encore, qu'elle ne manifeste aucune curiosité, aucun désir de connaître votre environnement, votre "chez-vous" ? Cet exemple, loin d'être anecdotique, est terriblement symbolique. Il traduit un désintérêt non pas seulement pour votre lieu de vie, mais pour votre vie tout court, pour ce qui constitue votre quotidien, votre intimité, votre personne au-delà de votre capacité à "dépanner". C'est le signe d'une superficialité déconcertante, où l'autre n'est pas perçu comme un individu à part entière avec son univers propre, mais comme une ressource externe, déconnectée de toute implication réelle. Comment construire un projet commun, une histoire partagée, quand l'un des partenaires ignore volontairement une partie essentielle de la vie de l'autre ?En fin de compte, ce coup de gueule est un appel vibrant à retrouver le sens fondamental de l'équilibre et du respect mutuel dans nos relations. Une relation saine, qu'elle soit amoureuse, amicale ou familiale, ne peut s'épanouir que sur la base de la réciprocité. Non pas une comptabilité mesquine du "donnant-donnant", mais une dynamique fluide où chacun contribue au bien-être de l'autre, matériellement, affectivement, pratiquement, selon ses moyens et ses capacités, mais toujours avec considération et sincérité. Il est profondément décevant et usant de se sentir engagé dans des interactions qui ressemblent davantage à des transactions commerciales déguisées qu'à un partage authentique. Aspirons à des relations où l'on se soucie réellement de savoir si l'autre a mangé, où l'on cherche à connaître son "chez-lui", où l'on offre son aide sans attendre une demande formelle, simplement parce que l'on tient à la personne. Car c'est dans cette considération mutuelle, ce partage désintéressé et cet équilibre bienveillant que résident la véritable richesse et la pérennité d'un lien humain